Nihill - Verdonkermaan
Chronique
Nihill Verdonkermaan
Cela fait maintenant 6 mois que j’ai intégré l’équipe de Thrashocore, mais à vrai dire, cela a été le fruit d’une longue réflexion. La raison en est bien simple, on m’avait expliqué qu’il fallait respecter l’esprit et l’humour du site. Or, si vous avez parcouru mes chroniques, vous avez dû remarquer que je ne suis pas le plus rigolo dans les parages. Mais bon j’essaie quand même de m’adapter et de passer une petite blagounette de temps à autres. Et pour vous prouver que je fais des efforts, on va tout de suite commencer avec une devinette.
- Quel groupe des Pays-Bas pourrait faire de l’ombre à Mr Bean ?
- Beh, NIHILL !
Voilà, j’espère que ça vous a suffit parce que le reste de la chro risque d’être d’un autre genre. Il faut dire que le trio qui forme NIHILL n’est pas du genre boute-en-train. Il ne prend pas la musique pour une simple petite occupation du dimanche autour d’une bière, mais bien pour un style de vie, sombre et sans concessions, dont il fait encore une démonstration sur son troisième album. Et oui, c’est déjà son troisième et peu le connaissent semble-t-il, bien qu’il comporte le même vocaliste que DODECAHEDRON, ce projet qui a fait parler de lui plus tôt en 2012 avec son premier album.
NIHILL, lui, s’est formé en 2007 et a tout de suite sorti son premier album chez Monumentum. Il a poursuivi avec Hydra Head, un label très éclectique souvent synonyme d’intérêt et d’originalité puisqu’il ne signe que des groupes à personnalité. JESU, BORIS, TORCHE, PELICAN et XASTHUR y sont passés et ont prouvé les goûts variés de l’écurie. Parmi ces noms, NIHILL fait presque figure de vilain petit canard tant son black primaire, sale et dégoulinant est loin d’être particulier. Et comme le logo à la URGEHAL ainsi que les pochettes le laissent deviner, le groupe ne fait pas dans la dentelle. Et le temps n’arrange rien à l’affaire puisque ce nouvel essai s’enlise encore plus dans les eaux boueuses d’égouts crados. Tout en étant dans la continuation de Grond (2009), ce Verdonkermaan propose des titres sensiblement moins longs. Le précédent faisait 52 minutes avec 4 morceau, celui-ci ne cumule « que » 43 minutes avec 5 morceaux, soit une durée comprise désormais entre 6:43 et 10:06. Si pour certains styles de black, cela peut paraître dans la moyenne, cela demeure long pour celui pratiqué par nos adorateurs de l’obscurité écrasante.
Car NIHILL cherche volontairement à faire suffoquer son public, et pour ce faire, il a deux armes fatales à sa disposition. Tout d’abord c’est ce black obscur, rapide, satanique et proche des essais les plus occultes de BLACK FUNERAL où les ambiances malsaines et sales sont emportées par une batterie qui martèle sans cesse et des guitares qui vomissent des riffs agressifs répétitifs. Alors du coup, si vous appréciez les titres butés de PROFANATICA et THE ROYAL ARCH BLASPHEME vous saurez sans doute savourer leurs compositions tout aussi primaires. Car bien que le son bien moins raw et la production un peu trop ronflante rendent l’ensemble moins cru et moins glauque, on ne rigole pas une seconde et l’atmosphère est vraiment bouillante sur « Vuur : The Deathwind of Resurrection » et « Oerbron : Returning to the Primal Matter ». Ce dernier contient d’ailleurs un passage où la cacophonie chaotique vient flirter avec les horreurs enfantées par DEATHSPELL OMEGA et l’impression d’être poursuivi par un essaim d’abeilles tueuses est forte, les nerfs sont mis à vif. C’est idéal à faire écouter à ceux qui veulent innocemment découvrir le black et leur couper toute envie de s’y intéresser plus profondément. Il va saigner des oreilles et se poser des questions sur votre santé mentale. Ce genre de morceaux existait déjà sur les disques précédents, mais ils étaient un poil plus facile d’accès. Là, c’est vraiment du vilain pur et dur qui fonce dans le seul but de suer l’angoisse.
La deuxième arme du groupe, c’est un black plus lent, plus vicieux, mais tout aussi lourd et collant à la peau. C’est le cas sur ce « Spiral : The Tail Eater » qui s’imisce dans votre esprit et commence un lent travail de dépiautage. C’est une chirurgie au scalpel, une suite de gestes maîtrisés et très précis qui s’appliquent pour vous transformer en légume.
Alors présenté comme cela, certains salivent peut-être et se sont rués vers des extraits, mais il ne faut pas se faire trop d’illusions. Il y a un problème d’envergure avec cet album : la lassitude. Si le groupe parvient à imposer des ambiances, il ne sait pas maintenir l’attention et l’attrait tombe rapidement. Il suffit de quelques écoutes pour faire le tour de l’album et ne plus avoir vraiment envie d’y revenir. C’est un peu à l’image du quatrième titre, « Gnosis Pt. IV » qui est uniquement formé d’incantations susurrées durant près minutes. Cela marche deux ou trois écoutes et ajoute en occultisme, mais après on a vite envie de zapper. Un album instantané donc, qui laisse la place à autre chose assez rapidement, et qui m’a au final moins plu que le précédent...
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