Mütiilation - Black Millenium
Chronique
Mütiilation Black Millenium
(Grimly Reborn)
Plus de vingt ans après sa création le nom de Mütiilation résonne encore aujourd’hui comme une évidence aux oreilles de nombreux fans de Black Metal. Mütiilation est actuellement un mythe, et ce pour beaucoup de raisons : la source d’inspiration intarissable, l’underground absolu, les Légions Noires, le point de départ du Black made-in-France, les rumeurs traitant de Meyhna’ch, les prix absolument fous des albums originaux sur les sites d’e-commerce… Si son leader accumule maintenant les projets musicaux (Hell Militia, Sektemtum…) et les participations diverses (Alien Deviant Circus,…), l’image de cet homme restera toujours immortalisée au travers des ses œuvres en solo.
Mais revenons d’abord à l’historique des faits. Le groupe se forme en 1991 et sort une première production en 1992 intitulée « Rites through the twilight of hell » puis enchaîne les démos jusqu’au premier véritable opus du groupe « Vampires of Black Imperial Blood » (qui est également la première production du label Drakkar Productions) en 1995. Cet opus voit Mütiilation exploser à la face du monde notamment parce que c’est l’unique album longue durée des Légions Noires et qu’on peut difficilement faire un black plus noir et sale (Noktu, le boss de Drakkar dira lui-même qu’il ne « sait même pas comment Mütiilation a fait pour avoir un son aussi médiocre »). En 1999, Drakkar sortira (en tant que deuxième album) « Remains of ruined, dead, cursed soul » qui est en fait un enregistrement antérieur à « Vampires… ». Meyhna’ch est donc dans le silence depuis 1995 et ce n’est que six ans plus tard que Mütiilation reviendra à la vie, via l’opus « Black Millenium (Grimly Reborn) ».
La première chose que l’on se doit de remarquer dans cette œuvre c’est bien cet artwork avec le portrait de Meyhna’ch dans un fauteuil roulant. Si l’on peut éventuellement prendre ceci pour une provocation ou même pour une photo cocasse, c’est bien la seule chose qui prêtera à sourire dans cet album. La technique de composition du groupe est simple et on retrouve toutes les bases déjà présentes auparavant, comme l’ouverture du premier titre avec un arpège en clair mélancolique (c’était déjà le cas sur « Vampires… »). On retrouve ces riffs - tantôt mélodiques, tantôt tordus à l’extrême - qui constituent l’essence même de la musique distillée par le projet. La science du riff détenue par Willy Roussel est telle qu’on ne peut que tomber à genoux devant certains riffs absolument prenants. Ces derniers jouent sur des mélodies et des gammes si particulières qu’elles sont identifiables entre mille. On citera le départ de « New False Prophet », véritable hymne et exemple parfait de la réussite de cet opus.
Un autre point remarquable de « Black Millenium » se trouve dans la production – un tantinet plus propre que celle de ses prédécesseurs - qui offre un grain étouffé dans les guitares, ingrédient ô combien important pour accentuer le désespoir, la mélancolie et la crasse comme fers de lance de cet album. Noir à tel point qu’il est réellement compliqué d’adhérer à une telle masse. Sombre à tel point qu’il paraîtra résolument impossible d’y trouver une quelconque trace de lumière. Puissant à tel point qu’il semblera difficile de s’en détacher une fois dans les filets de la bête. Mütiilation synthétise ici l’esprit unique des Légions Noires mortes et enterrées depuis quelques temps avec la pensée et la vision typique de son créateur, nostalgique, ruiné et torturé. En d’autres termes, « Black Millenium » est l’album où le groupe trouvera les fondements de son style personnel en transcendant l’art qu’il a su créer auparavant.
De plus, le timbre si particulier de notre homme poussera bien volontiers l’émotion à son paroxysme, notamment par cette voix raclée, décharnée, torturée et inhumaine. A ce titre, l’écoute d’un monument comme « New false prophet » et de son refrain mythique « He is the toxic living dead » (scandé comme s’il était une prière avant de mourir) ne pourra que vous convaincre. Les boîtes à rythmes et l’immonde basse seront bien évidemment au rendez-vous pour accentuer cette saleté dégoulinante et dégueulasse qui suintera de l’album comme le pus sortant d’une jambe gangrénée.
En guise d’ultime récompense, l’auditeur qui aura su percer les mystères et l’aspect volontairement impénétrable de ce disque se verra récompensé par des émotions qu’aucun autre album ne pourra lui offrir. Un tsunami d’émotions toutes plus négatives les unes que les autres et paradoxalement une transe presque jouissive parfaitement illustrée par le grand frisson présent dans les titres « The eggs of melancholy », « Black millenium », ou dans les interludes comme « A Dream », foudroyantes grâce à la froideur glaciale qui en émane à chaque instant.
L’incarnation du mal, de la douleur et de la saleté se tient désormais devant vous. Libre à vous désormais de plonger à l’intérieur avec délectation ou de fuir comme si la peste vous poursuivait.
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