[ A propos de cette chronique ] Ad Hominem fait entièrement partie de cette frange de groupes qui dérangent.
Oui c’est moche, on est obligés d’en parler à chaque fois qu’on chronique du Ad Hominem mais ce serait un peu décevant si on en parlait pas. Chaque lecteur attend secrètement de savoir quel parti va prendre le chroniqueur pour le conchier/défendre (rayez la mention inutile). Ad Hominem terrorise les spectateurs de M6, horripile le « métalleux » bien-pensant, fait bondir la culotte de l’extrême gauche et chancelle dangereusement entre extrême-droite totalitaire et provocations sans failles. Je ne suis pas vraiment de ceux qui vont dire haut et fort « On s’en fout de la politique, ce qui compte c’est la musique ! ». Même si ce n’est pas vraiment faux dans l’absolu, force est de constater que dans le « cas Ad Hominem », la politique dégouline de la musique.
Que serait finalement un groupe comme Ad Hominem sans ce totalitarisme qui s’entend et se vit ? Pas grand-chose si vous voulez mon avis. Tout au plus un groupe de Black Metal parmi les autres. Kaiser Wodhanaz doit une fière chandelle à ses idéaux qui offrent au projet toute la froideur et la haine dont il se nourrit. Tout ça pour dire que si Ad Hominem est ce qu’il est c’est en partie grâce à ça. À partir de là, peu importe que l’on adhère ou pas au propos distillés dans la musique ou l’artwork du groupe. Ad Hominem est tendancieux. Point final.
Maintenant que le trait est tiré sur ce sujet, place au son et à ce « Dictator : A Monument of Glory » sorti en 2009. Dernier opus de ce projet solo finalement développé en groupe à part entière, « Dictator » reprend là ou « Climax of Hatred » s’était arrêté. Fini le True-Black des débuts, Kaiser évolue maintenant dans un Black Metal martial, industriel et furieusement… dictatorial. Mais « Dictator » est également beaucoup plus abouti que tout ce qu’ l’homme a pu faire auparavant. Ici, chaque petite chose est à sa place, comme en témoignent les bruitages industriels qui font le lien entre chaque titre ou même quelques petits discours parfois incorporés dans les chansons. Cet opus se veut fignolé, peaufiné et travaillé jusque dans ses moindres recoins. Ad Hominem est mature, fort et fier, et cela s’entend de manière très distincte.
« Dictator », c’est d’abord un concept totalement axé sur le totalitarisme au sens large du terme. Les couleurs de l’artwork (très réussi au passage) ainsi que les symboles reprennent tout aux sombres années de l’histoire de l’humanité (avec un degré de subtilité variable…). De plus l’introduction judicieusement nommée « In Power » place l’auditeur dans le vif du sujet avec ses boîtes à rythmes réglées aux pas des militaires et ses chœurs puissants. Et ce n’est finalement pas grand-chose en comparaison des deux missiles qui déboulent par la suite. Le titre éponyme et « Slaves of God » (cette dernière avait été dévoilée comme premier extrait du disque) sont deux belles tueries qui synthétisent très bien le parti pris d’Ad Hominem avec « Dictator ». Riffs efficaces, ralentissements plus martiaux, batterie lourde et basse vrombissante, tout un programme pour démarrer le disque en fanfare.
Kaiser continuera tout au long de l’album à balancer des passages extrêmement efficaces, comme sur le bien bon « Chambers of Hate », ou le plus surprenant « ZOG is dead ». Mais ce n’est pas tout, car le bonhomme a aussi pris le soin de distiller des passages plus Black Metal très prenant. On citera le final tout bonnement exceptionnel de « The Encomium of Terror », réellement terrifiant et paralysant. On notera également la nouvelle version de la chanson « Total Völkermord », ici réinterprétée de manière plus moderne. Bien que n’étant pas la réussite ultime de l’album, cette deuxième vision du titre offre une petite dose de fraîcheur (voire de froideur) à l’ancien Ad Hominem.
Sachez tout de même que c’est « Thorns », batteur italien, qui s’occupe de marteler les fûts ici, et ce dernier s’en occupe rudement bien. À tel point qu’il ne souffre pas de la comparaison avec le précédent disque ou la batterie était effectuée par le très talentueux Azk. 6. La production est quant à elle de très bonne qualité. Un mix puissant avec une basse métallique et une batterie qui l’est tout autant. Autant dire que cela renforce très bien l’impact que peut avoir ce disque. Du beau boulot assuré par Carlos Izzo, qui avait -lui aussi- la lourde tâche de succéder à Ludovic Tournier, autre grande nom de la production Black Metal française.
Vous vous en serez rendu compte, « Dictator » est le disque le plus recherché du groupe. Kaiser a pris ici le soin de travailler, et d’oser des choses dans sa musique, via notamment (et c’est la clef du disque) des ambiances bien plus poussées. Au final, le rendu est exactement celui que l’on pouvait espérer. Un disque puissant, martial, oppressant et taillé dans le dur qui provoquera sans nul doute son lot de frissons.
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