Body Count… Pour tout métalleux sur la quarantaine (ou presque) l’évocation de ce nom suffira à raviver quelques sympathiques souvenirs : la polémique « Cop Killer », deux (voire trois) premiers albums incontournables, un passage mémorable dans Nulle Part Ailleurs pour l’album « Violent Demise : The Last Days » et globalement l’image d’un groupe un peu à part dans l’univers metal du début des années 90. Mené depuis toujours par l’increvable Ice-T et après avoir traversé maintes épreuves (notamment les décès de Beatmaster V, Mooseman et D-Roc rien que ça !), BC – pour les intimes – vient tirer une nouvelle balle en cette année 2017. Gentiment intitulé « Bloodlust », preuve s’il en était besoin qu’Ice-T n’est toujours pas décidé à chanter la joie et l’allégresse de ce bon vieil
american dream, ce sixième album dont je n’attendais pas forcément grand-chose a fini par s’imposer comme un indispensable pour tout fan du combo et peut-être bien leur meilleure sortie à ce jour.
N’ayant fait que survoler sans grande envie d’y revenir les deux sorties post-« Violent Demise : The Last Days » (que j’avais personnellement beaucoup apprécié), je n’avais pas d’attente particulière à l’égard de ce nouvel opus et c’est probablement en partie la raison pour laquelle il m’a tellement scotché, pris à revers par une virulence froide que je n’attendais pas. Si Ice-T n’a jamais vraiment fait dans la dentelle ni la love-song, on comprendra rapidement qu’il est ici plus remonté que jamais. Je ne sais pas s’il a bouffé trop d’épices ou un mauvais caviar dans son palace d’Hollywood mais toujours est-il est sacrément vénère le thé glacé, sur ses thèmes favoris (la violence de rue, les gangs, les flingues, les violences policières, l’esprit de revanche etc…). Même s’il n’arpente plus les rues mal famées de Los Angeles depuis belle lurette, le rappeur parvient encore à insuffler à ses albums une atmosphère urbaine à couper au couteau (toujours épaissie de samples divers et spoken words) qui fait de « Bloodlust » comme de ses prédécesseurs, la bande son parfaite pour une virée en pleine nuit à South Central et ce dès les premières notes de « Civil War » et son discours déclarant l’état de guerre civile sur fond de sirène. Perpétuellement à cheval entre la dénonciation des violences de rue et son apologie, reste que le verbe du sieur est toujours aussi virulent et aiguisé, ses paroles – aussi brut de décoffrage soient-elles – font encore souvent mouche et rentrent facilement en tête et ce que l’on parle des couplets ou des refrains (« The Ski Mask Way », « This Is Why We Ride », « No Lives Matter », « Black Hoodie »). Non vraiment ce n’est pas avec l’âge qu’Ice va se calmer, que ce soit clair, et ce ne sont pas les piètres featuring de Randy Blythe ou Max Cavalera (totalement inutile pour le coup) qui viendront me contredire tant ils font pâle figure à côté de Mr T.
Et si la tchatche du frontman se fait plus virulente que jamais c’est pour mieux coller à musique qui, elle aussi, a décidé de sortir les poings américains. Si le tempo est rarement très enlevé préférant généralement un bon gros mid-tempo des familles quand il ne donne pas carrément dans le rampant menaçant (« Here I Go Again »), les guitares suivent leur maître se faisant incisives comme jamais, flirtant allègrement avec le thrash pur et dur (« All Love Is Lost », la punitive « Walk With Me »), s’acoquinant parfois d’un feeling plus hardcore (« The Ski Mask Way ») et n’hésitant pas à accentuer la vitesse des coups, obligeant alors la section rythmique à délaisser le mid-tempo pour un bon vieux tchouka-tchouka (« Civil War » à 3’10, « The Ski Mask Way », « Walk With Me », « Bloodlust » à 1’46) et même du blast (« Walk With Me ») ! Oui, messieurs du blast chez Body Count, c’est vous dire s’ils sont remontés ! Dès lors « Bloodlust » s’imposera comme l’album le plus brutal du gang à tel point que le medley « Raining In Blood (sic) / Postmortem » ne fera absolument pas tache parmi le reste (on connait l’amour que Ice-T porte à Slayer). Pour autant, la patte mélodique typique d’Ernie C. s’insinuera continuellement dans cette avalanche d’énergie nourrie à la haine, arrondissant les angles de ce qui s’apparente sinon à un vrai châtiment en règle et l’on se délectera même du duel de leads en contrepoint sur un titre d’ouverture ayant l’appui de monsieur Dave Mustaine himself.
Avec de telles qualités affichées, se pourrait-il que « Bloodlust » vienne même rivaliser avec le capital sympathie et historique d’albums comme l’éponyme ou
« Born Dead » ? C’est bien possible en effet tant il est difficile de pointer de réelles scories à un album mené le couteau entre les dents de bout en bout, hormis peut-être un interlude probablement dispensable (« God, Please Believe Me »). Soyez-en bien prévenus mes amis, Body Count est de retour au plus haut niveau et ce n’est pas pour faire joujou avec des battes de baseball en mousse.
5 COMMENTAIRE(S)
13/11/2017 19:15
13/11/2017 10:05
12/11/2017 01:36
Manslaughter était sympathique, quoique légèrement Mtv friendly. Mais la c'est plus du tout le même niveau.
J'imagine bien la rage de Ice-T qui s'accumule force de fréquenter des soirées mondaine et autre plateau télé à la con, ressurgir dans ce défouloir qu'est Body Count. Et surtout n'oublions pas Ernie C, toujours aussi excellent et plein de feeling.
Cet album me fait penser à un bon gros mix à la sauce BC de ce qu'a fait de meilleur Slayer, Terror et un peu de Biohazard.
11/11/2017 23:00
Juste pour le bilan de fin d'année !
11/11/2017 22:32