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Ofdrykkja - A Life Worth Losing

Chronique

Ofdrykkja A Life Worth Losing
J’achète encore des CDs. Bah oui, moi j’aime bien ça acheter des CDs, j’ai l’impression d’être plus attentif avec un CD qu’avec un album téléchargé (légalement bien entendu, ahah !). En plus il y a le livret et ça donne plus de consistance à un album, un livret. On y découvre l’univers du groupe, les paroles et parfois même on a en bonus une petite odeur particulière. Mais si, allez renifler quelques-uns de vos albums et vous comprendrez ! Et j’ai été bien gâté avec le livret d’OFDRYKKJA. Pardon ? « OFDRYKKJA, un nom qui permet de poser ses lettres les plus chiantes au Scrabble, gnah ahahaha ! ». Alors là, vous choisissez mal le moment de plaisanter, parce que comme j’allais le dire, le livret n’a absolument rien de drôle. Riche en images, il est plutôt tourmenté. Il y a bien de photos toutes mignonnes comme celle où des hommes de dos marchent dans une forêt hivernale et celle où un chien attend assis, dans la ville enrobée par la nuit. Rien de très perturbant mais déjà des indices sur le concept du groupe dont le nom signifie « Boire à l’excès » : les hommes dans la nature, l’animal dans l’univers urbain. Autres photos, le groupe, visages découverts, sans maquillage quelconque, juste des vêtements de groupes, SUMMONING et GORGOROTH, loin pourtant de l’univers d’OFDRYKKJA. Et puis arrivent les clichés choquants, un homme hospitalisé, un autre qui en est piteux état après une apparente auto-mutilation extrême. Bien amoché, il nous adresse un doigt d’honneur. Sur une autre page, un doigt s’enfonce dans une plaie béante, encore saignante. Les hématophobes vont tomber dans les vapes ! Et enfin, sur la jaquette, un homme clope au bec arbore un sweat sur lequel est inscrit « Antisocial ». Il est sur un pont, derrière lui, une voiture aux phares allumés passe.

Un chien, la ville, des mutilations, une cigarette, une voiture, un doigt d’honneur... Ça donne des indices sur le style de black qu’on va trouver dans ce « A Life Worth Losing » ! Du dépressif ? Oui, mais du dépressif urbain ! Comment ça « Kézako ? » ? Mais du dépressif à la LIFELOVER pardi. Avant, moi aussi je disais : « c’est un groupe qui prend les mêmes ingrédients que LIFELOVER », mais bon, il y en a tellement maintenant qu’on va dire que j’ai décidé que c’était un style à part entière désormais, et donc du « dépressif urbain », comme chez VANHELGA et 5ML entre autres.

Alors du dépressif urbain, et donc OFDRYKKJA, ça ressemble à quoi ? Eh bien, on y trouve les éléments dépressifs mais toujours avec un « mais ». Les vocaux, pour commencer, ne sont pas continuellement pleureurs ou torturés, mais ils se transforment fréquemment pour devenir parlés, déclamés ou susurrés. Le rythme est ensuite généralement lent et lourd, mais il s’envole par moment comme le regard vers la lumière floue d’un lampadaire clignotant, sur le point de s’éteindre. Les instruments sont classiques, guitare / batterie / basse, mais par moment s’invitent un piano mélancolique ou une guitare sèche nostalgique. Et de ces mélanges découle un mal-être inconstant et s'installent des images : des phares de voiture qui laissent des traces rouges continues dans la nuit, des ruelles sales qui débouchent sur des avenues désertes.

OFDRYKKJA arrive à créer toutes ces images par la sincérité de sa musique. C’est là le bon point de cet album, sa spontanéité traduisant une certaine fragilité, véritable arme du genre car le dépressif n’est efficace que lorsqu’il vient de véritables expériences. Les cris venant du cœur semblent avoir été improvisés et accouchés après d’épisodes tragiques. La tension est forte sur « Urban Enlightenment of Desolation » sur lequel apparaît un refrain porté par une voix féminine. « Ensam Kvar Efter Dödens År » à la mélodie simple mais très contagieuse est bien appuyé par des vocaux alternant déclamations et cris. « I Skuggan Av Mig Själv » (In the Shadow of Myself) s’impose grâce aux vocaux inspirés par l’autre génie suédois WOODS OF INFINITY. Quant à « Västerås », il surprend en mêlant des chœurs pagan à une composition au ton narratif. Ces titres sont ceux qui m’ont le plus marqués.

Par contre, il y a aussi des titres plus faibles sur les onze qui composent ces 55 minutes de souffrance. Tout d’abord « Livets Dystra Gång » n’inspire pas grand chose. Trop banal, ses accents déprimants semblent avoir déjà été entendus. Seules les paroles donnent envie d’y revenir, chantées en suédois mais traduites en anglais dans le livret. Ensuite, « Omöjligheten Till Lycka », instrumental au piano, touche à la première écoute puis donne envie d’être zappé par la suite. « Befrielsen » ne semble pas terminé. Il a un bon passage chanté, mais qui n’a pas été mis assez en avant. Le dernier titre « Bitterljuv Nostalgi » est aussi bien trop lisse pour retenir l’attention.

Ce premier album a donc des hauts et des bas, mais il parvient à donner envie de suivre le groupe. Les émotions sont souvent transmises mais plusieurs passages manquent encore de maîtrise. Il faudra pour la suite que les Suédois soient plus exigeants avec eux-mêmes pour monter d'un grade.

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Ofdrykkja
Black dépressif urbain
2014 - Avantgarde Music
notes
Chroniqueur : 7/10
Lecteurs :   -
Webzines : (2)  7.5/10

plus d'infos sur
Ofdrykkja
Ofdrykkja
Folk - 2012 - Suède
  

tracklist
01.   A Life Worth Losing
02.   Livets Dystra Gång
03.   Urban Enlightment of Desolation
04.   Under My Influence (Guided to Damnation)
05.   Ensam kvar efter dödens år
06.   Omöjligheten till lycka
07.   Västerås
08.   Bury Them Under Nails and Crust
09.   I skuggan av mig själv
10.   Befrielsen
11.   Bitterljuv nostalgi

Durée : 55:00

line up
parution
24 Juillet 2014

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