[ A propos de cette chronique ] Après Osculum Infame, voilà un autre retour inattendu de la part d'un ponte du Black Français. Kaiser Wodhanaz – désormais expatrié en Italie – remets le couvert cette année, soit six ans après un
« Dictator » diablement martial et annoncé comme son chant du cygne. Auparavant titulaire d'un contrat chez le réputé mais néanmoins très douteux label allemand Darker Than Black, voici que nous arrive « Antitheist », nouveau full-lenght du one-man-band le plus sulfureux du pays, directement livré par le cultissime Osmose Productions. Pas de doute, c'est presque un coming-out : exit les thématiques et les artworks d'une coloration qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire des précédents opus car même si Ad Hominem n'a rien perdu de son aspect comique (les titres des chansons que je choisi de prendre au douzième degré), force est de constater qu'il n'y a pas plus de « Sieg Heil » ici que dans les locaux du N.P.A. Alors Kaiser s'est il assagi ? Osmose a-t-il mis un petit coup de trique sur les doigts du musicien ? Nous fait-il une « NokturnalMortite Aiguë » en masquant volontairement son idéologie douteuse ? Bref, toujours est-il que ce nouveau disque se présente avec une pochette sobre où l'on observe les trois livres saints en train de brûler (ben ouais, les trois, hein, on est pas racistes chez les NS, on ne fait pas de différence...).
D'ailleurs, c'est à ma grande surprise que j'ai pu constater grâce à un lecteur fidèle de Thrashocore qui se reconnaîtra que l'on a utilisé ma chronique de
« Dictator » en référence sur Wikipédia. Alors, ce n'est pas que j'ai forcément envie de jouer la carte de la paranoïa complotiste/hommes-phalènes/reptiliens (même si mes deux poumons qui ont plus l'allure de deux barrettes de Shit que d'organes vitaux crient le contraire) mais clarifions quand même la situation : moi et Ad Ho, on s'aime beaucoup mais nous n'avons pas les mêmes valeurs. Maintenant que la partie polémique est passée et que j'ai lâché mon quota de conneries sur le sujet non sans faire abstinence de ce cynisme qui me caractérise en ce qui concerne ceux dont le bras se lève un peu trop vite, surtout vers la droite, on peut donc se concentrer sur la musique. Dire que j'attendais ce disque est en réalité un doux euphémisme. On ne va pas se mentir, si vous avez aimé
« Dictator » ou le moins connu (mais pas déméritant) « Climax Of Hatred », vous avez du attendre ce « Antitheist » la bave au lèvres surtout avec son artwork - carrément esthétique par rapport à ceux des débuts – qui laissait présager une plongée dans des atmosphères martiales, froides, industrielles, rythmiques et dictatoriales.
En d'autres termes, vous n'attendiez pas du tout un « Planet Zog – The End » hein ? Et bien, laissez-moi vous dire que vous vous êtes bien plantés... On va être simplistes : il n'y a pas de bruitages, pas d'industrie, pas de martial exacerbé dans ce « Antitheist » si l'on excepte l'introduction et deux autres interludes axées sur ce projet. « Antitheist » fait carrément plus penser aux deux premiers disques du Lyonnais. Ce qui n'est pas forcément un mal en soi mais cependant, ça fait tout drôle, surtout quand on s'attendait à un prolongement logique encore plus complexe et jusqu'au-boutiste de
« Dictator ». Le Ad Hominem édition 2015, c'est donc du gros riff catchy façon Rock'n'Roll avec du gros Black tout aussi aguicheur. Soit, après tout pourquoi pas ? On ne peut pas non plus dire que Kaiser ne nous ait pas habitués à ce genre de riffing carrément Black'n'roll sur ses travaux précédents qui ont tous leur dose de Groove.
Alors si ce dernier opus fait effectivement plus penser au début qu'à la fin du groupe, on ne doit pas y voir une copie. « Planet Zog – The End » était guerrier, animé par une haine des plus palpables et conservait un sens hymnique du tube fédérateur idéal à chanter en fin de soirée, quand il y a plus de grammes dans le sang que sur la table. « Antitheist » est également bien ancré dans cette optique de rallier toute la sphère Black Metal à ses hits (un « Go Ebola » qui se révèle une mise en bouche franchement accrocheuse, un titre éponyme avec un break qui casse des enfants...). La nuance fondamentale étant que la sauce prend moins. Pourquoi ? Parce que nous somme en 2015 et qu'on attendait autre chose d'Ad Hominem ? Peut-être. Parce que ce dernier full-lenght est long ? Voilà un autre élément de réponse, puisqu'il n'est franchement pas évident de s'enchaîner d'un coup les treize titres qui composent cet opus. Parce que les riffs sont galvaudés ? Oui, c'est encore une possibilité : faire du Black'n'Roll peut donner un résultat personnel et attractif (Darkthrone et surtout Craft l'ont fait avec brio sur leurs dernières sorties) mais force est de constater que des titres comme « Death And Cunt », ou encore « Compulsive Extermination» sonnent beaucoup trop éculés, ce qui conduit forcément l'auditeur à se rendre compte d'une certaine vacuité dans le concept. Tant qu'on y est, on pourra aussi ajouter que la construction des morceaux (Couplet / Refrain / Couplet / Refrain / Pont / Refrain) est sacrément rébarbative au bout du septième titre...
Tout cela n'est franchement pas aidé par le rendu sonore final. Ce dernier sonne d'une manière franchement classique : triggers à fond les ballons, basse qui sert juste à apporter de la lourdeur (mais où est passé cette basse métallique qui faisait parler la poudre auparavant...), guitares aux saveurs vaguement Rock, vaguement Black... Heureusement, les riffs Black (bien souvent présents sur les ponts) arrivent à sortir un peu du lot et permettent à Ad Hominem de convaincre. L'espace de quelques secondes, seulement. Parfois, la petite étincelle se produit comme sur « Impaled Muhammad » ou l'on se retrouve face à un gros tube façon « on chante tous en chœur » seulement, ces instants sont beaucoup trop diffus dans le disque pour réussir à nous donner l'envie d'y retourner. Toutefois, la mention très bien de cet opus sera réservée à « Before You Turn Blue », seul titre construit, réussi de A à Z et dont l'ambition fait plaisir à voir. Sept minutes et quelques où Kaiser sort ses tripes et livre un morceau d'anthologie.
« Antitheist » est tout juste correct mais devrait arriver grosso-modo à offrir quelques moments de gloire à l'amateur indéfini d'Ad Hominem. Cependant, même si ce retour arrive à éviter le naufrage grâce à quelques titres, il n'en reste pas moins le disque le plus ennuyeux de Kaiser Wodhanaz. Facile, beaucoup trop long et faisant la part belle à une inspiration Thrash-Rock des plus en berne, on en vient à regretter le fait de ne pas avoir dans les oreilles un
« Dictator » partie II aux atmosphères soignées... Dommage donc...
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