En charge des sorties du décrié Sumerian Records depuis 2009, beaucoup m’avaient reproché d’avoir omis un célèbre groupe de deathcore technique, le premier du label d’ailleurs, The Faceless. Entre ceux vénérant le jeune (« tête à claque ») Michael Keene et ceux lui jetant des cailloux (vous devinerez aisément à quel chroniqueur je fais allusion), il fallait faire un choix… A vrai dire je n’avais écouté que quelques morceaux des Américains à l’époque et le chant « vocodé » m’avait de suite braqué, je n’avais pas fait l’effort d’aller plus loin… Il est temps de corriger le tir. The Faceless se forme en 2004 et sort une première démo deux ans plus tard, le récent Sumerian Records (fondé la même année) les recrutera de suite.
Akeldama (« champ du sang » en araméen, lié à Judas Iscariot) peut se dévoiler.
A cette époque le genre (influencé par le « death technique » j’entends) se veut très discret, plus souvent associé à une musique chaotique (Animosity) ou brutale (The Red Chord ou les prémices québécois de Despised Icon et Beneath The Massacre). The Faceless lance la nouvelle tendance (reprise par tous les groupes deathcore technique de Sumerian Records, tout particulièrement Veil Of Maya et Born Of Osiris). Au-delà d’une base moderne et commune inspirée par The Black Dahlia Murder (chant modulé et riffs death/thrash US/Scandinaves) et une polyrythmie poussée (Meshuggah), Michael Keene, compositeur attitré et producteur renommé (responsable d’une grande partie des sorties Sumerian Records), a été bercé par les grands noms du death technique (Necrophagist, Cynic, Atheist) mais aussi par des groupes plus progressifs (Between The Buried And Me, Dream Theater). En résulte une musique hybride plutôt rafraîchissante alternant entre une musique « directe » et quelque chose de plus « raffinée ». Le groupe excelle d’ailleurs dans ce premier registre. Le hit d’ouverture « An Autopsy », l’oriental « Pestilence » (qui a dit Nile ?), le très mélodique « Leica » ou « Ghost Of A Stranger » sauront rapidement accrocher nos tympans et cervicales. Le frontman aux hurlements caricaturaux se démène plutôt bien (surtout dans ses vocaux death) mais une des particularités de cet album, c’est la présence de quatre batteurs de session ! Etant moi-même batteur à mes heures perdues, impossible de ne pas les comparer. Difficile de les classer, mais on retiendra surtout le jeu riche à la fois subtil et peu raffiné de Navene Koperweis (Animals As Leaders, ex-Animosity) sur « Horizons of Chaos I: Oracle of the Onslaught » ou d’un autre genre, les frappes lourdes et sans concession de Brett Batdorf (ah ce « An Autopsy » !). Les lignes de basse groovy de Brandon Giffin (bassiste live de Cynic, excusez du peu) sont tout autant jouissives !
Bizarrement ce sont ces morceaux et passages très convenus (ce style commence à s’engorger) que l’on retiendra le plus sur
Akeldama. Hormis quelques très bons passages (« Horizons of Chaos I: Oracle of the Onslaught » en tête), les virées technico-progressives ont un arrière-goût d’inachevé, jouées sans trop de convictions, la technique de jeu de Michael Keen est bien palpable mais rien ne s’en dégage… Comme si elle était présente pour combler les trous… Le clavier (membre à part entière) donne pourtant une saveur presque « symphonique » pas franchement déplaisante malgré quelques passages méchamment kitsch (façon années 90 sur « Akeldama » et « Leica »). Quant aux virées au chant clair (« Pestilence ») ou « vocodées » (« Akeldama »), ce n’est pas ma tasse de thé… Ah l’écoute est déjà terminée ? Une durée d’à peine une demi-heure difficilement acceptable (défaut qui suivra sur
Planetary Duality) pour le style pratiqué. Au final on ne retiendra que ces passages « bas du front » et des expérimentations bien trop inégales et surtout bien avares… On reste indubitablement sur sa faim.
Géniteurs du « Sumeriancore » à savoir un deathcore technique aux accents mélodiques et progressifs, les Californiens de The Faceless ont le mérite de proposer certainement l’une des musiques deathcore les plus riches et poussées à une époque « MySpace attardé » (nous sommes en 2006). « Technique » certes sauf que
Akeldama sera malheureusement sorti la même année que des
The Conductor’s Departure,
Noctambulant ou autre
Feeding The Abscess. La comparaison sera assez dure… Sa durée ainsi que ses passages techniques et progressifs sous-exploités (au profit d’une musique moderne peu originale mais redoutable) l’empêcheront de réellement marquer le courant. Le deuxième opus
Planetary Duality répondra (en partie) aux détracteurs.
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