2010 avait été particulièrement décevante pour les amateurs de l’écurie Sumerian Records et de son roadster « deathcore mélodique technique » de qualité (à des années lumières des horreurs à mèche et de leurs compositions consanguines, quoiqu’on en dise). Veil Of Maya et son
[id] ont ouvert la marche de cette désillusion, suivi de Conducting From The Grave (assez partagé de mon côté) puis d’After The Burial (ses odieux refrains FM). Seul Born Of Osiris avait su clairement se démarquer et confirmer le buzz autours d’eux début 2011 (
The Discovery). Deux ans après
[id], Veil Of Maya change de bassiste pour un adepte du long manche à sept cordes (?!) et part enregistrer son quatrième album
Eclipse au côté de Misha Mansoor (guitariste et fondateur de Periphery), l’habituel Michael Keen étant en pleine composition pour le prochain The Faceless.
Avec
Eclipse, Veil Of Maya répond à l’appel de ses premiers fans en retournant vers les aspects simples et redoutables de
The Common Man’s Collapse. Les réminiscences de The Black Dahlia Murder (« Enter My Dreams » est plus que flagrante) par ces riffs death/thrash et le chant modulé puissant (et caricatural) de Brandon refont surface. Une musique bien plus directe qu’un
[id] en demi-teinte, que ce soit dans les riffs mélodiques ou les salves de blasts de l’excellent batteur (l’ensoleillé « Winter Is Coming Soon »). Tout ceci évidemment englobé dans une polyrythmie (je resterai toujours friand de ce type de jeu) et des riffs techniques alambiqués au possible (« Punisher », « Divide Paths » ou « The Glass Slide ») que n’aurait pas reniés la coqueluche Tosin Abasi (Animals As Leaders). Un aspect « Meshhugashesque » (ou « djent » pour faire moderne) bien plus poussé ! Compréhensible quand on sait que le producteur Misha Mansoor (Periphery) à aider à la composition. La tête pensante Marc Okubo reste toujours aussi impressionnante ! Bref, leur recette semble fonctionner toujours autant. Le format des morceaux (une moyenne de moins de trois minutes) aidant largement à s’enfiler
Eclipse sans le moindre effort.
Le groupe de l’Illinois ne gomme pas pour autant les touches expérimentales d’
[id] et reprend timidement ce savoureux côté progressif aux quelques nappes de clavier en soutient. L’enivrant « Eclipse », l’imparable « Vicious Circles » (on ne peut pas faire plus Born Of Osiris) ou bien l’épique « With Passion and Power » font indubitablement de l’œil à Born Of Osiris. Une certaine atmosphère délectable s’y dégage mais elle se volatilisera tout aussi abruptement… On reprochera malheureusement les mêmes défauts que son aîné. Des aspects « exotiques » sous-exploités du fait de titres trop compressés et d’une durée d’album encore une fois inadmissible pour le style pratiqué (28 minutes !?). Comme si on avait amputé la galette d’au moins quatre titres... Pour un album de grind ou tout autre genre éprouvant, il n’y aurait aucun problème. Ici le groupe coupe brutalement l’auditeur sur le point de rentrer dans le travail de composition… Tout comme
[id], Veil Of Maya nous refait ce coup là. Je ne garantis rien de mon prochain jugement… Frustrant au possible.
Les concerts défilent et la musique des Américains se propage d’avantage, Veil Of Maya commence à se faire un nom. Pour preuve, le groupe ouvre pour la tournée US d’In Flames et a sa propre tournée européenne en tant que tête d’affiche. Veil Of Maya a toutes les cartes en main pour enfin recevoir la reconnaissance due. Reconnaissance que la bande recevra si elle arrive à offrir une œuvre marquante et « complète », qui ne soit pas tronquée (dépasser le stade de la demi-heure) si cette évolution progressive persiste. Ainsi, comme pour 2010, Veil Of Maya lance le premier jet « deathcore mélodique technique ».
Eclipse n’a rien d’extraordinaire certes mais demeure un bon album du genre. Un apéritif efficace en attendant la suite des sorties du même style.
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