A Forest of Stars - A Shadowplay for Yesterdays
Chronique
A Forest of Stars A Shadowplay for Yesterdays
A FOREST OF STARS est un groupe compliqué... Normal, il est anglais ! Bah si, quand même ! Quand un groupe anglais se réclame du black metal, on peut être sûr qu’il ne le fera pas comme les autres... Si certains pensent surtout à CRADLE OF FILTH, citons tout de même BAL-SAGOTH, MEADS OF ASPHODEL ou encore BENIGHTED LEAMS... Sans que ces groupes se ressemblent, chacun a une touche particulière, géniale ou immonde selon vos goûts mais certainement pas entre les deux.
Et c’est depuis 2008 que cette formation est venue perturber les conduits auditifs des plus curieux avec un The Corpse of Rebirth déjà OVNI et révélateur de leurs envies de variétés. Envies confirmées et magnifiées 2 ans plus tard grâce à un Opportunistic Thieves of Spring plus abouti, et enrichi d’un visuel très personnel. Les 5 membres principaux avaient trouvé leur monde et arboraient des vêtements et un style très Angleterre victorienne, proche d’un esprit Steam Punk. Le Gentleman’s Club nous en faisait aussi bien profiter sur papier que sur le clip de « Raven’s Eye View ». Sans être génialissime, il était son concept « Images d’archives d’une séance de mysticisme » était assez marquant pour faire sont effet et donner envie d’être visionné encore et encore.
C’est à nouveau deux ans plus tard que nos originaux, passés à 7, reviennent avec un album dans la même logique, et toujours un cran au-dessus du précédent. Ce qui marque d’abord, ce sont les vocaux qui proposent plus de variétés encore. C’est qu’il y a de plus en plus d’essais avec des chants clairs masculins et féminins, utilisés sporadiquement en choeurs ou déclamations. Ils ne prennent jamais trop d’espace et enrobent idéalement les titres (notamment le final « Corvus Corona ». Sinon, la majorité des hurlements sont assurés par Curse et l’homme ne rentre jamais dans la surenchère théâtrale qui le ferait passer pour un clone d’ARCTURUS ou VULTURES INDUSTRIES, mais au contraire, il garde bien ses pieds dans l’obscurité. Il passe alors du chant torturé d’un Marco (DEINONYCHUS, BETHLEHEM) sur « Prey Tell of the Church Fate » à celui timbré d’un Ravenlord (WOODS OF INFINITY) sur « The Blight of God’s Acre». C’est avant tout cette façon de crier qui permet de classer le groupe en black, car la musique en elle-même est aussi éclectique que chez SIGH ou les déjà nommés MEADS OF ASPHODEL.
Par contre, ils ne s’attaquent pas au progressif comme ces premiers. Ils partagent juste avec eux un goût certain pour les sons, tous les sons et aiment multiplier les instruments, cherchant le meilleur pour chaque nuance recherchée. La liste serait trop longue pour être énumérée ici, mais disons qu’autour des classiques et primordiales guitares, basse et batterie, chaque titre, chaque minute, chaque instant voit apparaître un synthé, un tambour japonais, un violon, un accordéon, un djembé, voire des grouinements de cochons. Mais attention, ce n’est absolument « fou fou » ou désordonné et c’est là la force du groupe. Leur musique n’est pas un tour de magie japonais, mais une alchimie à la logique implacable, où chaque apport sert des ambiances tour à tour malheureuses, nostalgiques, romantiques et, certes, un poil prétentieuses mais maîtrisées. Alors chaque morceau est mature et s’imbrique dans un ensemble tout en proposant une particularité.
Celle-ci peut être une touche heavy comme sur « A Prophet for a Pound of Flesh » où entre 3.44mn et 4.33mn une flûte (!!!) nous joue un air MAIDENien ! Elle peut aussi se manifester dans des mélodies orientales typées ORPHANED LAND et THE WOLVES OF AVALON sur le début de « Left Behind as Static », un instrumental de 7mn rafraichissant... Elle peut aussi... Non, laissons la surprise et le plaisir de la découverte qui est important sur A Shadowplay of Yesterdays ! Retenez que l’album est riche et que plus on avance dans l’heure de musique, plus les morceaux sont bons et accrocheurs ! Retenez aussi que plus les écoutes se multiplient et plus l’addiction agit ! Au début c’est une petite voix qui nous incite à réécouter par curiosité puis cela se transforme sans que l’on sache vraiment à quel moment en un besoin quotidien. Et c’est assez rare pour le signaler, mais c’est avec plaisir que je suis revenu encore et encore à cet album alors que parfois la saturation arrive te qu'il me faut du temps entre deux écoutes.
J’espère que cela en convaincra certains de tenter l’aventure. Ils pourraient alors commencer par le clip de l’excellent « Gatherer of the Pure ». Réalisé en ombres chinoises magnifiques, il libère bien tous les sentiments lâchés par A FOREST OF STARS : romantisme, tragédie, classe, élistisme, peine... Certains vont haïr ce groupe, d’autres vont tomber sous le charme. Et c’est normal puisque c’est l’apanage des grands groupes, de ceux qui ont trouvé leur personnalité. La note n’est pas plus haute, car la première partie aurait pu être meilleure si elle avait été aussi intense que la suivante.
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