God Seed - I Begin
Chronique
God Seed I Begin
Enfermés dans votre cave et abhorrant les news de Keyser ou de Blabbermouth, vous n’aviez pas suivi les frasques tapageuses autour de God Seed ? Piqûre de rappel (en version courte) pour les rares lecteurs ayant raté ce feuilleton palpitant. « Previously on God Seed ». Tout débute en 2007 par un clash au sein de Gorgoroth. D’un côté Infernus, de l’autre le duo King Ov Hell/Gaahl prêt à tout pour évincer son membre fondateur et récupérer le nom tiré du Seigneur des Anneaux, quitte à aller devant le tribunal. Malheureusement les deux compères perdront le procès et formeront alors God Seed (morceau imparable de Ad Majorem Sathanas Gloriam) en mars 2009. Trois mois plus tard, le frontman Gaahl annonce finalement qu’il se retire de la scène metal… Compos en mains (prévues à l’origine pour le prochain Gorgoroth), King Ov Hell formera alors Ov Hell au côté du fameux Shagrath (Dimmu Borgir) et sortira The Underworld Regime début 2010. Mais revirement de situation, Gaahl annonce son retour début 2012, God Seed renaît de ses cendres armé d’un tout nouveau line-up. Vous arrivez à suivre ? Après avoir sorti un live (Live At Wacken) enregistré au Wacken en 2008 (sous le nom de Gorgoroth mais sans les morceaux composés par Infernus) via Indie Recordings, le premier album I Begin s'expose enfin.
Mettons les choses au clair, les deux périodes de Gorgoroth m’ont beaucoup plu (voir mes chroniques et notes), je ne fait partie d’aucun clan malgré ces histoires risibles entre les deux hommes. Et à vrai dire il serait bien difficile de rentrer dans quelconque parti à ce jour, Infernus a sorti le plus mauvais album de Gorgoroth (Quantos Possunt ad Satanitatem Trahunt) et King Ov Hell n’a pas fait beaucoup mieux avec le pétard mouillé Ov Hell… C’est donc avec un certain scepticisme que ce premier album de God Seed atteint mes oreilles. Pourtant dès l’ouverture « Awake » l’aura pré-2007 de Gorgoroth se fait sentir, on retrouve le chant puissant de Gaahl et la patte typique de King Ov Hell : une musique ravageuse soutenue par des riffs accrocheurs. La jeune recrue aux fûts n’a clairement rien à envier à l’illuminé Frost ! Quant aux mélodies, elles demeurent difficilement contournables (« Awake », « From the Running of Blood » et « The Wound »). Un léger sourire se dessine, 6 ans plus tard. Mais quelque chose interpelle… Comme un air de « déjà entendu », comme si King avait recyclé ses propres riffs. Reste que I Begin ne se limite pas à un simple remake de Gorgoroth.
King Ov Hell a certainement dû faire des concessions envers Gaahl pour le refaire revenir. La musique de God Seed n’hésitant pas à expérimenter et aller vers des voies très éloignées des anciens penchants extrêmes. Une redite du controversé Incipit Satan ? Bien moins savoureuse. Première chose assez surprenante, un clavier façon rock psychédélique 70’s de Geir Bratland. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais le musicien aura fait des sessions au sein de The Kovenant, Dimmu Borgir et Satyricon (responsable des nappes de Nemesis Divina, excusez du peu). Perdu dans un mixage catastrophique, celui ci apporte en soutien (sans trop s’imposer) une touche d’exotisme pas forcément vilaine. Rare pour le style pratiqué. C’est la musique à côté qui pose problème… « At Liv », « Aldrande Tre » (au top des anesthésiants), « Lit »… Des compositions ô combien vides délivrant une atmosphère insipide aussi inquiétante qu’un pékinois nain. L’image outrancière reprise sur Gorgoroth semble être en décalage avec la musique proposée. Quel ennui. Le frontman n’aidera en rien. Les hurlements de Gaahl tapent désormais d’avantage dans les graves et sont désormais plus sobres (bien loin de l’époque Twilight Of The Idols), trop même. Le bonhomme n’hésitera cependant pas à dévoiler son chant clair sur « Aldrande Tre » ou sa voix castra sur « Lit » (très Ian Gillan). Sans résultat.
« I Begin » ? Pas vraiment de nouveau départ. God Seed reprend les riffs de l’époque Gorgoroth et tentera quelques timides expérimentations (claviers sous LSD et morceaux mid-tempo ambiancés) plutôt anecdotiques au final, le black metal dévastateur laissé par Ad Majorem Sathanas Gloriam étant plus convaincant (le rouleau compresseur « oriental » « Hinstu Dagar » est jouissif, peut-être le meilleur titre). Un black metal malheureusement trop « propret » et « classique » (ersatz parfois de Gorgoroth) qui saura faire son effet (on tape du pied et l’écoute n’est pas désagréable) mais dont on ne retiendra pas grand-chose… Vu le passé des membres et le bruit autour de God Seed, impossible donc de ne pas faire la fine bouche. Attendons la réponse d’Infernus.
| Mitch 1 Novembre 2012 - 3831 lectures |
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