Saturnian - Dimensions
Chronique
Saturnian Dimensions
Suis-je le seul à pester contre les groupes qui débarquent de nulle part et font un premier album très bien produit et réussi par dessus le marché ? Je dois être un peu vieux con, mais j’aime qu’un groupe commence par un petit label, fasse un bon album qui laisse présager de son potentiel puis confirme plus tard en ayant peaufiné son style. Ça, c’est une évolution logique, celle qu’on aura remarquée chez la plupart des groupes à l’ancienne tels que SUMMONING, CHTHONIC ou DIMMU BORGIR ? Mais voilà, de plus en plus de petits jeunes sortent de nulle part et font tout de suite des débuts matures. Rien que dans le black symphonique, qui nous intéresse dans cette chro, ça a été le cas avec CARACH ANGREN et WINTERBURST. Alors la raison est bien sûr à chercher du côté de l’accessibilité plus facilitée aux bonnes productions et ce serait dommage de ne pas profiter des avancées technologiques, mais voilà, moi j’aimais bien les claviers cheap et un son plus en arrière qui rendait les groupes plus humains et moins pédants.
C’est pour cela que SATURNIAN m’a agacé avant même que je l’écoute. Bah oui ! Il a sorti ce premier album chez Indie Recordings. Alors beaucoup ont pris leur souffle et tenté de dire d’un coup d’un seul : « Oh la la, il doit être prometteur ce groupe pour avoir signé sur Indie Recordings qui est non seulement un label important mais qui ne s’intéresse généralement qu’à des Norvégiens et fait donc pour la troisième fois de son histoire une entorse à sa ligne de conduite après HACRIDE et MENCEA puisque ce nouvel étalon est anglais ! » Ouf ! Moi ? Je faisais dans le plus blasé : « Flûte, encore un qui brûle les étapes boudiou ! Pas de démo, pas d’EP et déjà chez Indie ? Raaah, le chenapan ! ». C’est un peu plus tard que j’ai été rassuré, lorsque j’ai compris qu’il avait sorti un EP 5 titres en 2009 lorsqu’il s’appelait TRACES, mais bon, ça n’excusait rien. Ensuite, hop, deuxième cause d’agacement, les commentaires comparant ce quintet + deux (voir line-up) à DIMMU BORGIR. Le groupe aurait la nationalité de CRADLE OF FILTH et la musique de DIMMU BORGIR ? Trop cliché pour être crédible ! Mais bon, passons, ne soyons pas fermé ! Surtout qu’après une première écoute cela s’avérait correct. L’ombre de DIMMU BORGIR rodait, elle était LA, et lorsqu’une influence est trop flagrante, c’est souvent ce que l’on retient au début… et qui agace ! Encore plus quand cela semble trop sophistiqué, trop orchestral, trop dans la veine des groupes de sympho actuels au gros son, avec ajouts sur rajouts sur rajouts et une impression de complexité inutile.
Mais si vous avez déjà regardé la note, vous avez compris que mon agacement répété s’arrête là. Parce qu’au fil des écoutes, on découvre et apprécie de plus en plus cette fausse complexité. Tout n’est pas excellent, mais la plupart des titres parviennent à hanter longtemps après l’écoute !
Avant tout, ce groupe est très bon sur les vocaux. La palette de timbres utilisés est très large, allant du grognement classique du black à des passages clairs en passant par des hurlements à la Dani (flagrant sur l'extrait proposé). D'ailleurs la plupart des membres ont posé leur voix à un moment donné de la galette. Cela donne une texture particulière à chaque morceau et permet de garder l’attention de l’auditeur. Et surtout il y a de bons chœurs, masculins par-ci, féminins par là. Je suis très sensible à ces apports et ceux de « Into Etheria » et « Aphotic » sont vraiment superbes. Huuum, miam miam ! Bon, tout ne peut pas être excellent et j’ai un peu plus de mal sur « Origin of the Future » et la répétition excessive du mot « Origin ». J’entends « Politique » en plus, alors tout de suite, ça m’agace et ça me rappelle le « Sister September » d’ANOREXIA NERVOSA qui était aussi trop insistant.
Musicalement, on l’a déjà noté, c’est du black symphonico-orchestral très inspiré par DIMMU BORGIR. Lorsque c’est trop flagrant certains titres en pâtissent comme « Dimensions » et « Immaculate Deception » qui empruntent honteusement des plans de guitares et claviers grandiloquents à leurs aînés, période début du XXIème siècle. On comprend que les Norvégiens ont bercé beaucoup des formations actuelles, mais il faut essayer de s’éloigner plus de l’influence ! C’était aussi le cas pour CARACH ANGREN et WINTERBURST. Enfin, heureusement, SATURNIAN rattrape bien le coup sur les autres morceaux, plus personnels. « Origin of the Future » prend ainsi une tournure plus spatiale grâce à ses claviers et colle parfaitement à cette pochette aux étoiles scintillantes sur fond de mysticisme. Sur « The Shadow of Prophecy », c’est une autre influence qui se dévoile et montre que les Anglais ont été fan de groupes épiques, peut-être bien de RHAPSODY, avec en plus des vocaux qui se rapprochent momentanément de ceux du power metal.
Il y a ainsi des efforts qui sont fournis durant l’heure que dure l’album pour apporter divers éléments. Ils enrichissent le black sympho du groupe et lui donnent une autre "dimension" (Ah ah !). Les mélanges sont toujours judicieux et ils étaient nécessaires, car lorsqu’aucun ajout n’est proposé, SATURNIAN ne fait que répéter DIMMU BORGIR. Cet album est solide et promet un bel avenir à ces Anglais.
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