Diapsiquir - Pacta Daemoniarum / Crasse
Chronique
Diapsiquir Pacta Daemoniarum / Crasse (Compil.)
Avant d'être subversif, Diapsiquir était... subversif aussi, sauf qu'il donnait l'impression de ne pas sortir pour arpenter l'urbain mais plutôt de rester cloîtré dans un petit deux pièces mal éclairé. Comment je le sais ? En fait, il s'agit de peu de choses... Juste de mettre la main sur la compilation qui regroupe les deux démos du groupe : « Pacta Daemoniarum » et « Crasse ». Si cette sympathique ré-édition (que l'on doit à Hospital Productions, label qui a, entre autres, produit des disques de Circle of Ourobouros, Sargeist, Akista, Ash Pool ou Blackdeath) date de 2009, il est toutefois bon de rappeler que les démos datent respectivement de 1999 et de 2001. Oui, nous sommes bien ici dans le « early » Diapsiquir, sauf pour l'artwork bien évidemment rajouté pendant la ré-édition et qui nous propose un joyeux collage habituel pour la clique parisienne.
D'ailleurs, le point commun qui ressort de cette compilation c'est bel et bien que la formation menée par Toxic Harmst est encore très loin de ce qu'elle produira quelques temps plus tard. Si la troupe tend déjà à montrer un penchant certain pour les passages perchés qui feront sa renommée, nous sommes quand même dans quelques chose de plus classique que ce qui sera développé sur les albums. Riffs grattés à toute vitesse, voix hurlée et blasts beats... Diapsiquir fait ici dans le pur Black Metal.
Pacta Daemoniarum
:
Rassurez-vous, si Diapsiquir fait ici du Black Metal plutôt classique... Nous parlons quand même de Diapsiquir, ce qui sous-entend automatiquement que le concept qui est derrière le groupe est forcément sulfureux. Chose prouvée dès l'introduction « Au Bizarre » de cette « Pacta Daemoniarum » et également dans les interludes qui sont déjà très proches de ce que le groupe fera par la suite. Même si cette démo est présente sur le deuxième disque, je la chronique néanmoins en premier puisque c'est la première chronologiquement parlant. Et ça s'entend, notamment grâce à cette production très saturée et véritablement loin de donner les détails que nous donne habituellement le combo. Il faudra ré-écouter pas mal de fois le disque pour en saisir les subtilités.
« Cyclique chemin de sang » ouvre le bal avec son délire « Ragnagnesque » plutôt bien fait. Les mélodies sont plutôt bien senties, même si on sent quelques moments de flottements. Pour faire simple, certains riffs semblent se cantonner à un rôle de pré-quel juste destiné à amener les véritables moments réussis des compositions. Dommage donc, puisqu'il en sera ainsi sur tout le disque.
« La meute » par exemple, propose des ralentissements véritablement intéressants mais pas forcément glorifiés par les passages plus « simplistes » qui les suivent ou les introduisent. Diapsiquir est décidément meilleur quand il brouille les cartes, ce qu'il ne fait pas tellement sur « Pacta Daemoniarum ». De la à dire qu'on s'ennuie par moment, il n'y a qu'un pas comme sur le titre « Untitled » sorte de medley de tous les titres précédents plutôt bien réalisé mais assez inutile...
Heureusement, les quelques passages bien foutus sauveront cette démo qu'on écoutera au final pour ses instants de gloire relativement éphémères, par exemple sur « Journey from death to the real » qui développe un Black classique mais véritablement prenant de par sa dualité en Black quasi-médiéval et passages fêlés alignant les notes en donnant une impression de n'importe quoi. En bref, « Pacta Daemoniarum » n'est pas un chef d’œuvre, mais cette première offrande des Parisiens se laisse écouter d'une manière distrayante.
Crasse
:
Si « Pacta Daemonarium » offre donc un visage plutôt sobre de Diapsiquir, rempli d'un Black Metal plutôt discret au niveau de la personnalité musicale, la deuxième démo propose quant à elle un univers déjà plus intéressant. Et « Sevil 666 » démarre d'ailleurs très bien les hostilités, en démontrant toujours le talent de Toxic Harmst pour sortir des riffs bien sentis. Les samples, les boîtes à rythmes rêches, la folie présente dans le chant : en deux ans, il est désormais certain que Diapsiquir commence à trouver la voie qui fera son succès futur. Abrasive, méchante et profondément fière d'être incorrecte, voilà comment résumer l'énergie présente dans « Crasse » qui malgré ses quelques défauts reste à mon sens bien plus précise, efficace et accrocheuse que la première démo.
Certes, des longueurs et un manque d'intérêt de certains passages/riffs/mélodies empêchent clairement « Crasse » d'être une œuvre de très bonne facture mais néanmoins on passe tout de même un très bon moment grâce à des titres tels que « Macabre Optimisme » ou « J'éjacule ta crasse ». Par ailleurs, on ne boudera pas non plus, l'excellent dernier -vrai- titre « Décadence » et son ambiance maîtrisée jusqu'au bout des doigts. A coup sûr un des meilleurs titres de Diapsiquir sur cette compilation. « Crasse » est donc une réussite qui sait combler ses quelques chutes par une originalité qui pointe le bout de son nez et par une réussite intégrale des ambiances.
En fin de compte, on pourra dire que cette compilation n'est -pour une fois- pas forcément réservés aux fans (qui préféreront de toute manière les albums). Disons que cette compilation sera plutôt intéressante pour les curieux qui souhaitent découvrir les débuts d'un groupe connu pour son identité bien affirmée.
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