Je l’ai cherché, le disque qui me dira « ça y est, c’est l’été », chez Kvelertak et son décevant
Meir ou encore dans le
Sleepwalk de Watertank. Pourtant, cette année, sauf nouvelle surprise, c’est à ce jeune groupe de Toulon (la « French Riviera » comme ils disent) que je donne la palme d’une saison 2013 qui, comme la météo, aura mis quelque temps à me faire profiter de ses rayons.
Et pourtant, il faut voir les barrages que met Black Moth Cult entre lui et moi ! Avec leur imagerie de sous-John Dyer Baizley (non non, ce n’est vraiment pas lui qui a réalisé l’artwork), leur nom de gros groupe de gros Ricains aimant la grosse musique à la Black Tusk ou Lair Of The Minotaur, ainsi que leur nationalité (quand on parle stoner et desert rock, la France n’est pas tout à fait un pays qui fait rêver d’U.V.), tout portait à croire que les escapades en Amérique des créateurs de
The Fountain of Tantric Worship allaient se faire sans moi.
Seulement, je ne sais pas pour chez toi, mais chez moi, il fait chaud et j’ai besoin de groove, de refrains, de riffs de belle-gueule en vacances me faisant me sentir plus sexy qu’à l’accoutumée et d’autres choses contenant les mots « patate » et « énergie ». Et il est difficile de trouver mieux que la musique de ces quatre gars pour satisfaire ces envies ! Bien sûr, Black Moth Cult ne possède rien de particulièrement personnel ou original, se positionnant un peu comme les précieux Red Fang sur le créneau d’un stoner joué comme meilleure Bible à lire sur les plages. La différence entre les Français et les Ricains est tout de même notable, les Toulonnais créant leurs compositions à l’aide d’un b.a.-ba plus focalisé sur l’aspect rock et pop que metal.
The Fountain of Tantric Worship vénère le fuzz, le son motorisé et l’accroche facile portés par Josh Homme (impossible de ne pas penser à Queens of The Stone Age durant « Six Love Godesses » par exemple) et d’autres trucs dont je ne vais pas handicaper cette chronique, l’essentiel étant que ce premier album arrive à les faire oublier rapidement à coup de morceaux ayant le bon goût de ne pas tant jouer les guides du routard (pas d’ambiance de camionneurs, un bonheur) qu’un rock à la fois sucré, direct et plein de « soul ».
Par ses guitares toujours enlevées (même les titres les plus posés gardent une place à un passage up-tempo dansant, cf. « Mezkalkings ») et son leadeur incroyablement pris par ce qu’il chante (clairement l’atout-maître de la formation), Black Moth Cult donne l’impression d’avoir déjà plusieurs essais à son actif, le tout sonnant assuré et expérimenté malgré un début placé sous le signe de la débrouille. Même si certaines inégalités sont présentes, notamment dans ce final acoustique qu’est « Vintage Wings » (assez convenu), les Français réussissent constamment à rattraper l’attention par des compositions abrutissantes de groove (« Rain in Savannah » ; « Redwitch » ; « Scum Sculpture »…) ainsi qu’une passion, un plaisir à interpréter leur stoner, cassant rapidement toutes mauvaises intentions à leur encontre, tant ils paraissent adorer ce qu’ils jouent.
Aller ! Éteins ce cerveau qui ne te sert à rien, lance l’album, écoute tranquillement un premier titre un peu passe-partout (tu peux en profiter pour te dégoupiller une bière si tu veux), laisse ta tête gentiment se dandiner sur « Sheer Dropping Suns » et tes épaules se faire malaxer par l’interlude « The Whale Road », puis prend une raclée catchy comme du Torche avec le coup de soleil nommé « Redwitch », véritable commencement de la machine à tubes
The Fountain of Tantric Worship. Voilà, tu y es, dans leur Savannah imaginaire et ses paysages généreux où l’été a loué sa résidence à l’année. C’est pas mal hein ?
Pour l’instant, The Fountain of Tantric Worship
n’est disponible qu’en digitale sur le Bandcamp de Black Moth Cult. Avec cette vente, le groupe cherche à réunir des fonds pour produire les versions CD et vinyle de son album, proposant aux acheteurs de l’exemplaire en téléchargement d’avoir une réduction équivalente au prix payé sur les copies physiques, une fois celles-ci parues. Tu sais quoi faire.
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