Glorior Belli - Meet Vs At The Sovthern Sign
Chronique
Glorior Belli Meet Vs At The Sovthern Sign
Certains trouvent la chaleur plutôt chouette.
On se dore la pilule tranquillement sur la plage en tartinant sa grosse avec de l'auto-bronzant, on joue aux raquettes de plage, au Jokary ou au Beach-volley. On a tous cette scène dans nos têtes, celle du père de famille traînant ses gosses qui galèrent à marcher tout en conservant l'équilibre précaire de leurs cornets de glace vanille-fraise. On a tous cette scène de notre famille voisine très sympathique qui allume le barbecue et sort le pack de 33 export au premier rayon de soleil dans nos têtes. Dans nos têtes, on a tous cette scène incluant ce type un peu égaré, toujours brun à cause du soleil qui exhibe son chapeau, torse-nu, assis dans l'herbe et mâchonnant nonchalamment un brin d'herbe. Ces comportements, en partie liés à la présence d'une température plus que positive, Glorior Belli sait les faire figurer en musique.
« Meet Vs At The Sovthern Sign », c'est un peu de tout ça. C'est presque un cow-boy post-apocalyptique déguisé comme s'il allait à la dernière nuit des ambassadeurs, faisant valdinguer son Jerrycan d'essence vide au travers d'un désert urbain à la Mad Max. On l'imagine facilement, ce pauvre type écorché par la vie grattouillant le riff de « Once in a blood red moon » adossé contre sa Cadillac de 56 rouillée. De temps en temps, il laisserait tomber pour s'envoyer un bourbon, désosser un quidam passant par là ou se griller une Marlboro. C'est cette ambiance estivale écrasante, désespérée et violente qu'a réussi à produire la troupe Parisienne menée par Infestvvs. Un Black Metal dans la veine orthodoxe sur lequel aurait dégouliné une grosse tâche d'huile de moteur. Une lenteur pleine de groove qui découperaient les blasts pour leur offrir une touche de Louisiane (« Swamp The Shame ») hurlante, pleine de suie et de transpiration. Pleines de saturations, pleines de cambouis sont ces guitares sudistes qui savent aussi bien chanter les pionniers chercheurs d'or que les vents froids des déserts.
Oui, elle pue la douleur, la soif et la dureté cette voix qui susurre à l'auditeur qu'il n'y a qu'une Lumière, (« There is but One Light ») certainement celle du soleil couchant inondant de ses reflets rosé les routes aussi droites qu'interminables. Ces types en capuches sont les héros oubliés d'un diable qui crache son feu sur les crânes dénudés des hommes qui creusent la terre. Entre deux os et trois vautours, on sentirait presque leur tristesse, à eux, qui vivent dans et pour la chaleur (« Fire of the Sitra Ahra »). Dense, rude et étouffant, comme si les étendues n'étaient qu'un décor vide de sens ou raisonne les chansons de l'ancien temps (« My True Essence »). Un foutu théâtre à chapeaux de paille où les vastes plantations côtoient les marécages et les plaines remplies de cailloux dans lequel on joue la musique qui sort du cœur des hommes qui y vivent. Le chant de l'espoir en quelque sorte (« In Every Grief-Sticken Blues ») mais aussi celui de la Foi qui guide les âmes.
Si l'on tend l'oreille, on pourrait presque entendre le vent chaud qui balaie la peau à l'aide de trémolos acérés et aux grains chaleureux. On peut aussi sentir la poussière qui se loge dans les yeux, le déglutissement qui prévient de la rareté de la salive et la ruisselante goutte qui tombe du front. Comme un rituel autour du feu, pour contempler la froideur du ciel dégagé ou pour rendre hommage aux ancêtres décédés, Glorior Belli propose une œuvre qui n'est rien d'autre qu'une énorme ambiance. Un film Black Metal à la fois proche du 18ème siècle, tout autant que d'un Néo-Western à la cruauté prédominante. Une ode à l'homme seul, à sa croyance et à son cœur. Un Sirocco Texan, un Mississippi Norvégien ou tout simplement un Nord-Sud, voilà ce qu'ont réussi à faire les français avec ce « Meet Vs At The Sovthern Sign » aussi décalé qu'un disque de Down enregistré au Grieghallen Studio. Formidable cocktail géographique qui a le mérite d'être plus qu'un disque puisqu'il combine également une ambiance si visuelle que notre bon Ray Charles Robinson l'aurait distinguée depuis ses marais floridiens. Et à coup sûr, il l'aurait adorée tant elle rend hommage à ses compères travailleurs du sud des États-Unis.
Idéalisme fantasmé des U.S.A. façon Stoner/Sludge et utopie d'un Black Metal du désert. Rencontrez vous aussi ceux qui prêchent Sa Gloire dans la Sun Belt, partez à l'aventure et ne vous trompez pas de direction, au risque de finir desséchés.
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