Valuatir - Exobnos
Chronique
Valuatir Exobnos
La France a prouvé depuis longtemps qu’elle avait une scène particulièrement variée. Au sein même du black, tous les sous-genres sont bien représentés et reconnus à l’étranger. Même en pagan folk celtique piou piou oyé oyé, le monde entier nous envie AES DANA ou BRAN BARR. Ces deux groupes, tout le monde doit encore les avoir en mémoire tant ils ont été soit adulés, soit moqués. « Moqués », oui, cela dépend en fait de la sensibilité de chacun, qui définit les frontières entre le plaisant et le ridicule. Dans ce style, il suffit effectivement d’une guimbarde mal placée, d’un biniou mis trop en avant ou d’un accordéon au son trop clair pour que la musique sombre définitivement dans le kitch, le risible ou le festif guignolo. Du coup le clichesque lourdingue n’est jamais bien loin et pour certains les deux groupes suscités dépassaient les limites et se retrouvaient sur l’étagère des albums de KORPIKLAANI, voire des quelques albums de FINNTROLL qui ont égaré l’une de leurs couilles...
Ces déçus, exigeants sur le difficile équilibre entre la violence et les ambiances folk mais tout de même demandeurs de telles expériences, pourraient alors trouver leur bonheur avec VALUATIR. Le groupe du Poitou-Charentes est de retour avec un deuxième album de 70 minutes et l’attente de 5 ans après un I prometteur valait bien le coup ! Cet Exobnos correspond exactement à ce qu’on espérait puisque la formation a gardé tous ses bons côtés tout en corrigeant les petites erreurs du passé. Fini les quelques passages à vide sur ces 11 nouvelles compositions. Le niveau est plus homogène et plus convaincant, s’approchant de l’anthologique « Les Yeux du Marais », à écouter d'urgence pour devenir fan du groupe.
Mais pour les retardataires, rappelons que VALUATIR est un groupe de « Pictavian Black Metal » qui a la spécificité de parvenir à intégrer avec maturité divers instruments traditionnels à un black rageur et combatif. C’est avant tout une chabrette qui est mise à l’honneur, une cornemuse (du Poitou) employée avec parcimonie et bon goût, ajoutant un élan émotionnel aux moments les plus opportuns. Elle offre un équilibre parfait avec la violence ambiante et le fait de ne pas rendre son utilisation systématique est la vraie réussite du groupe. Elle n’est pas la seule à s’inviter dans ces compositions et l’on trouve ainsi des bombardes, hautbois, cloches ou autres gongs, tous devenant indispensables tant ils sont utilisés avec raison.
Bien entendu, il faut avoir à la base un petit intérêt pour la musique traditionnel si l’on veut plonger dans le monde de VALUATIR, mais si c’est le cas il est très facile de se prendre au jeu tant les ambiances sont excellentes. Elles ne se perdent pas dans le festif en partie grâce aux vocaux qui restent très sobres, dans un français audible qui donne envie de hurler à notre tour « Avant que les corbeaux ne me rendent aveugle à nouveau » ! Cependant, s’ils collent parfaitement aux ambiances, on aurait aimé un tout petit peu de variations dans leurs textures, à l’image de la musique variée qui sait, elle, éviter la monotonie. Le travail de fond afin de garder l’attention de l’auditeur est réel et l’on trouve toute une palette d’influences, allant jusqu’à l’introduction d’un solo heavy sur « Le Gouffre du Soubis » et de nombreux intermèdes reprenant fidèlement des morceaux traditionnels, sans apport metal, et permettant à l’auditeur de souffler.
Le souci de la perfection se retrouve jusque dans le livret qui en plus des paroles de chaque titre propose des annotations en anglais afin de mieux comprendre les concepts et messages. On apprend ainsi que « Neuville » tire son nom d’un ville proche de Poitiers et qu’il cache une lecture au sens anti-chrétien, que le titre « Exobnos » vient du gaulois et signifie « Sans peur », que « Grand Goule » est le nom d’un dragon picton, ou bien encore que « Adatai » veut dire « Possédé par le démon » en mongol et que l’instrument utilisé est un morin khuur, un instrument à corde également appelé « viole à tête de cheval » car il rappellerait le hennissement d’une monture sauvage mongole.
Revenons à la musique pour préciser que le morceau le plus marquant de ce deuxième opus est « Transfiguration », un titre fleuve de 14 minutes qui mèle toutes les qualités de VALUATIR. Cela commence par un sample ambiancé black dépressif et par un long passage instrumental invitant aux voyages de l’âme, continue avec une explosion de hargne, se poursuit avec l’apparition providentielle et émotionnelle des instruments traditionnels pour enfin se terminer dans la douceur avec une guitare sèche accompagnée du bruit des vagues et du vent. Il y a tout sur ce titre : breaks, accélérations, mélodies, bourrinage, introspection, crachats... jouissance !!!
Que dire de plus ? VALUATIR a bien enfoncé le clou et la concurrence avec ! HIMINBJORG où es-tu ? CATUVOLCUS où es-tu ? Bien loin on dirait. L’envie de réécouter l’album persiste tant il est maîtrisé de bout en bout et je suis persuadé qu’il reviendra encore me souffler dans les oreilles, plus encore que son prédécesseur !
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