Les étiquettes ne sont pas faites que pour gratter le dos. Non, elles sont aussi là pour jouer avec, voire les inventer. Et il y en a une que j’aime utiliser quand des disques de metal me démontent avec fureur, tout en cachant derrière leur caractère premier d’œuvre jouissive une certaine essence, une certaine définition du metal dans ce qu’il a de plus autoritaire, acrimonieux, acharné et déchainé.
« Ultrametal » que je les nomme. Dans cette case, je mets des formations aussi différentes que Horn of the Rhino, High On Fire, Darkthrone, Abscess… et, depuis peu, Oozing Wound et son premier jet
Retrash. Ho, il est clair que le groupe originaire de Chicago parait au départ se démarquer du tout-venant thrash metal avec ses membres provenant de la scène noise-rock (issus de Bad Drugs ou encore Unmanned Ship), la parution de son longue-durée sur le label Thrill Jockey – Liturgy, The Body, Barn Owl et autres bizarreries éloignées du genre – et surtout une réappropriation particulière des codes du thrash, mêlés à une exécution punk et parsemés de sonorités noise. Mais une fois l’impression d’avoir affaire au Liturgy du thrash dépassée – ce qu’il est en partie hein, la transe qu’est « Spirit Manimal » n’aurait pas dépareillée sur
Renihilation entre autres –, Oozing Wound m’apporte avant tout la satisfaction des Warlords se battant jusque dans leur tête, méthode
Snakes For The Divine.
Après tout, on voit mieux les choses de loin, non ? Oozing Wound, avec son passif pas metal pour un sou et son allure d’exutoire, compile ce qui fait le genre jusqu’à plus soif, rend halluciné de shorts en jeans, fanzines passés à la photocopieuse noir et blanc, sans lésiner sur les illustrations de Science-fiction dessinées au crayon de papier et ayant fait rêver des après-midis durant passés au Games Workshop du coin, en écoutant Voivod et Vektor. La pochette dit ce qu’il faut savoir :
Retrash éviscère par une production stridente et des guitares on-ne-peut-plus débridées dans leurs taillades, menées par un chef d’armée acide, sentencieux (comme Mille Petrozza me susurre un collègue), le tout sans arrêt des hostilités au pit stop des passages mélos ou solos inutiles. Ce qui, pour quelqu’un ayant souvent rencontré des déceptions quand il a cherché à trouver ailleurs ce qu’ont d’inarrêtables
Kill’Em All et
Reign In Blood, sonne comme du pain béni.
Mais un album commençant par un titre comme « Everyone I Hate Should Be Killed » et comprenant des paroles comme celles de « New York Bands » (…qui prennent cher) ne pouvait pas être uniquement « fun ».
Retrash latte, butte, avoine mais reste un disque de thrash par lequel des noiseux règlent leurs comptes en martyrisant leur auditoire de riffs aussi crispants que transcendés, à la manière de cette basse tortueuse faisant mériter à l’essai son image de scolopendre ricanant. Une dernière chose – que j’aimerais plus présente mais on ne peut pas tout avoir… – appuyant que Oozing Wound n’est pas qu’une sensation passagère du thrash mais bien un de ses futurs gardiens, certes légèrement différent des grands noms traditionalistes qu’on pourra trouver, mais bel et bien fervent et assoiffé de conquêtes.
Welcome to the Spaceship, Motherfucker !
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02/12/2013 17:58
02/12/2013 17:16
17/11/2013 17:18
17/11/2013 17:09
17/11/2013 15:51