Désolé pour le cliché mais le poncif journalistique du « cap du deuxième album » va bien à Oozing Wound. Le groupe de l'Illinois qui m'avait tant plu sur le strident
Retrash était attendu au tournant chez moi, la question de savoir si la fraîcheur et l'agression de son premier album allaient devenir une constante du trio m'étant restée en tête avant de m'envoyer ces nouvelles trente-six minutes.
Et si le fun qui marquait les clips de « Welcome To The Spaceship, Motherfucker » et « Call Your Guy » est de nouveau présent (cf. la vidéo réalisée pour « Going Through The Motions Til I Die », du grand n'importe quoi), Oozing Wound paraît l'avoir valorisé au détriment de son côté retors, vicieux, issu de la scène noise (dont les membres sont originaires, pour rappel). Cela se doit à la mise en place d'un fifty/fifty où les Ricains enchaînent titres jouant les grands écarts avec insolence (les relents de Daughters sur « When The Walls Fell » ; la Melvins-friendly « Going Through The Motions Til I Die ») et morceaux plus « traditionnels » renouant avec les longues plages où les guitares se prennent pour des perceuses. Un côté fourre-tout qui, s'il remplit bien son office d'Ovomaltine (parfait à écouter le matin en allant au travail), déçoit un peu quand vient le souvenir de l'acharnement jalonnant
Retrash.
Car il y a une fine limite entre le cool et le tuant, la nostalgie et l'essence, qu'Oozing Wound ne parvient pas tout à fait à franchir sur
Earth Suck. Si la formation éteint toutes critiques lors de ses délires les plus poussés (le black metal improbable de « Genuine Creeper », aussi con qu'efficace), « Bury Me With My Money » et ses riffs sans concessions ou la hargne de « Hippie Speedball » (clairement le meilleur titre ici) font regretter que les thrasheux de Thrill Jockey n'aient pas décidé de moins piocher dans la boîte à idée pour préférer offrir des compositions plus classiques en terme de style mais plus destructrices (un terrain sur lequel ils n'ont rien à prouver, souvenez-vous de la boucherie « Welcome To The Spaceship, Motherfucker »).
Ceci dit, impossible de ne pas adhérer à
Earth Suck, de sa production rugueuse à la voix de Zack Weil, toujours aussi acide et emportée. Oozing Wound offrant un disque où rigoler entre potes, la bière à la main, n'est pas tout à fait une chose à refuser, les mecs de Chicago le faisant si bien qu'on prend plaisir à déconner avec eux sur « Colonel's Kernel » ou « Genuine Creeper », probables futurs hits lors de leurs concerts. Une compilation de morceaux où la tête trouve à bouger et la bouche à sourire en somme, ce qui, finalement, remplit tout à fait l'objectif que la bande semble s'être donné. C'est déjà pas mal.
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11/11/2014 13:43