Impious Baptism - Wrath Of The Apex Predator
Chronique
Impious Baptism Wrath Of The Apex Predator
Le temps passe et pourtant l'Australie continue de nous servir les pires engeances que la terre ait porté. Né en 2010, Impious Baptism est le fruit malade d'un seul homme, un certain J. ayant déjà officié au sein de quelques entités locales (ou non) plus ou moins reconnues: ex-Trench Hell, ex-Cerekloth, ex-Deströyer 666 et actuel guitariste des excellents et fraîchement ressuscités Nocturnal Graves. Un pédigrée suffisamment évocateur qui, d'emblée, devrait pousser l'amateur éclairé à la découverte.
Après une démo et un premier EP, Impious Baptism signe sur le label américain Hells Headbangers sur lequel sortira un second EP en 2012 intitulé Path Of The Inverted Trinity. Plutôt prolifique, J. récidivera l'année suivante avec un premier album intitulé Wrath Of The Apex Predator.
Souvent, les projets solo ont tendance à me faire fuir, surtout dans le Black Metal où il n'est pas rare de tomber sur de pseudo multi-instrumentistes qui, loin d'être techniquement à la hauteur, se montrent en général beaucoup trop prolifiques et donc fatalement peu inspirés. sans doute un cliché dont j'ai aujourd'hui du mal à me débarrasser et qui, heureusement, ne m'a pas empêché de m'intéresser au cas de Impious Baptism dont la première des qualités est justement de ne rien laisser transparaître de son line-up quelque peu déséquilibré.
Un déséquilibre valable uniquement sur le papier car pour ce qui est de son Black Metal, Impious Baptism fait honneur à une certaine tradition de la violence australienne en délivrant une musique noire et intense ne faisant, comme toujours, que peu de compromis. En cela, la production aide d'ailleurs beaucoup à la construction de ce sentiment de mise à l'épreuve physique que procure l'écoute de Wrath Of The Apex Predator. Notamment en ce qui concerne les guitares dont le son brut et plutôt abrasif donne quelque chose d'assez cru et old school particulièrement bienvenue (et qui me rappelle un peu le son de ses compatriotes de Cemetery Urn ou de Denouncement Pyre). On regrettera toutefois l'usage d'une batterie synthétique qui, si elle ne nuit pas à l'ensemble, donne toujours quelque chose de peu naturel dès que l'on y prête un tant soit peu d'attention. Heureusement, J. à eu la bonne idée de ne pas trop la mettre en avant et surtout de faire un bon travail de programmation. Au final, le résultat est plutôt convaincant dans la mesure ou cette batterie ne vient pas gâcher l'écoute.
Pour ce qui est de la musique, pas de grands bouleversements à l'horizon puisque fidèle à ses origines australiennes, Impious Baptism propose un Black Metal tout ce qu'il y a de plus bestial teinté cependant de quelques réminiscences Thrash évidentes. Toutefois, entre le choix de production évoquée un peu plus haut (parfaitement taillée pour un groupe de Death Metal old school) et un goût prononcé pour les atmosphères opaques et faisandées, Impious Baptism réussit à tirer son épingle du jeu et à se distinguer de ses quelques camarades capables de lui faire de l'ombre. Car s'il n'a pas le côté épique d'un Deströyer 666 ni le côté foutraque et rock'n'roll d'un Nocturnal Graves, Impious Baptism propose tout de même un Black Metal particulièrement véhément et sans pitié. Et s'il ne fallait pas en douter, la qualité du riffing est évidemment au rendez-vous avec des enchaînements de trémolo hyper rapides, des riffs bien evil et donc particulièrement jouissifs ("Temple Of Necromancy" devrait par exemple en faire abdiquer plus d'un!) aidé bien entendu par quelques solos discrets mais toujours très efficaces.
Mais loin d'être un groupe bas du front qui bourre 100% du temps, Impious Baptism se plait à proposer une certaine variété rythmique. Les breaks mid-tempo sont donc nombreux sur ce premier album ("The Age Of Firelords" à 1:11, "Axis Of Lucifer" à 0:55, "Arcane Funeral Rites" à 0:24 et 3:29, "Release The Titans Pt I" à 1:25, "Release The Titans Pt II" à 3:04 etc...) et on ne s'en plaindra pas tant cela permet d'apporter du relief et ainsi mettre en avant une certaine dynamique dans des morceaux souvent assez longs (pas loin de cinq minutes en moyenne). Dans le même ordre d'idée, on note la présence de nombreux interludes, tous intégrés en conclusion des titres sur lesquels ils figurent. Si l'ambiance était déjà occulte de part les riffs et la voix diabolique de J., le bonhomme en rajoute une couche avec des sonorités souvent ritualistes et crépusculaires pour une ambiance horrifique et menaçante des plus saisissantes.
Rien de bien nouveau sous le soleil australien mais malgré tout un Black Metal bien sale et particulièrement mauvais (dans l'attitude évidemment). Travail d'un seul homme, Wrath Of The Apex Predator est un disque dont l'efficacité ne pourra être mise en défaut. Tout y est présent pour séduire l'amateur de Black thrashisant aux atmosphères malsaines et blasphématoires. Et puis si monsieur J. ne propose rien de bien nouveau, il réussit tout de même à offrir un disque assez personnel pour que cela soit apprécié à sa juste valeur. En tout les cas, on y revient avec plaisir c'est donc plutôt bon signe.
| AxGxB 22 Janvier 2014 - 3389 lectures |
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