Vintergeist - Nemossos
Chronique
Vintergeist Nemossos (Démo)
Je fais partie de ceux qui pensent que de cultiver un respect et un attachement profond à ses racines est quelque chose d'important, voire d'essentiel, à l'heure ou la société de consommation nous dépossède de tout ce qui, autrefois, nous tenait à cœur. Arvernian, le clermontois derrière Vintergeist (tenant également le micro et la gratte chez Lyrside, et anciennement bassiste chez Rein) , ne sera certainement pas celui qui me soutiendra le contraire. Véritable groupe avant de splitter, puis de renaître sous la forme d'un one-man band, le projet signe ici sa première démo, "Nemossos", sous la forme d'un pro-CDr d'excellente facture, limité à 200 copies - moi qui avais l'habitude des disques gravés dégueulasses et de l'impression sur papier Xerox, je n'ai pu qu'être agréablement surpris. Surpris également par la qualité de ce qui ne devait être qu'une démo, mais qui reste bien supérieure à certains full-lengths, tant au niveau de la composition que de la production.
Le Monument de Gergovie ( qui comportait autrefois la mention "En ce lieu, le chef des arvernes Vercingétorix a infligé une défaite à l’envahisseur César") qui orne la pochette de ce "Nemossos" vient solidement soutenir le concept tissé par Arvenian : celui de retracer en musique les différentes étapes de la vie du grand Vercingétorix, de la fédération du peuple arverne jusqu'à sa mort. Un artwork sobre et relativement efficace, même si je regrette personnellement le choix de la typographie utilisée pour la tracklist et les remerciements, trop "classique" à mon goût, ainsi que le "classicisme" de l'ensemble. Mais passons, car le contenu de ce "Nemossos" compense très largement le choix de l'esthétique générale du disque.
Neuf titres pour 45 minutes, durée gonflée par le dernier titre, proposant un "morceau caché" en fin de disque. Plus qu'honorable pour une simple démo. La production de l'ensemble est d'excellente facture, les guitares, épine dorsale des compositions, sont très correctement mixées : la rythmique forme un mur assez compact quand la mélodique le perce sans aucun problème, à grand renfort de tremolo-picking et d'arpèges poignants. Ne vous attendez pas à une voix typée gargouille cependant, Arvernian possède du coffre et le montre, en restant dans une gamme caverneuse, plus proche du Death Metal qu'autre chose (quand il ne donne pas dans les textes déclamés, comme sur "S.P.Q.R."). Ne reste qu'un regret récurrent chez moi, celui du son de la boîte à rythme d'EZ Drummer, entendu des dizaines de fois chez d'autres groupes, un son froid, mécanique, très limité en somme. Les rythmiques n'étant pas impossibles à tenir, "Nemossos" aurait, à mon sens, gagné en qualité et en profondeur avec un set acoustique correctement intégré à l'ensemble.
Le schéma des compositions reste assez classique, mais ne dénature en rien le travail d'Arvernian. On pense très fort à Windir la plupart du temps (une influence revendiquée, d'ailleurs), même si certaines lignes de guitares déchirantes, comme celles de l'excellent "Il Sombra dans l'Oubli", rappellent un peu plus des groupes comme Lutomysl. Les rythmes alternent entre lenteur et quelques accélérations en blasts, même si le mid-tempo prédomine sur l'ensemble. Ce qui, selon moi, contribue grandement à l'atmosphère épique véhiculée par ce "Nemossos". On constatera malgré tout une certaine redondance dans les structures, assez flagrant sur "Un Signe de Missio" (dont les chœurs guerriers écrasent tout sur leur passage) dont le riff d'ouverture ressemble vraiment à "Il Sombra dans l'Oubli". "Nemossos" est un peu répétitif, certes, mais on pardonne - après tout, ce n'est qu'une démo.
Malgré ces quelques écueils, Vintergeist réussit le défi de brasser des influences évidentes en évitant de sombrer dans le copier/coller primaire. Et surtout, voila enfin quelqu'un pour traiter du patrimoine auvergnat avec talent - non pas que ça manquait, mais les rares tentatives ayant été faites ne cassaient pas des briques (*hum* Gergovia *hum*). La comparaison avec Catuvolcus est assez inévitable, même si les deux groupes n'ont en commun que les relents épiques dont suintent leurs compositions. Balançant entre hargne pure ("Dévotion") et passages plus contemplatifs ("Le Barde Solitaire"), "Nemossos" reste une démo d'excellente facture, et prometteuse quant à l'avenir de Vintergeist.
| Sagamore 29 Janvier 2014 - 1763 lectures |
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