Mortifera - IV: Sanctii tristhess
Chronique
Mortifera IV: Sanctii tristhess
Quatrième album pour MORTIFERA, le groupe français qui restera pour beaucoup le groupe d’un seul album, son premier. Cela fait d’ailleurs déjà 10 ans qu’est sorti Vastiia tenebrd mortifera, qui marqua les esprits pour sa capacité à glisser dans son lac glacé des piques de mélancolie. Il faut dire qu’à l’époque, en 2004, on n’était pas encore gavé du style. On avait mis à mort le sympho et c’est le black dépressif qui explosait. C’est l’époque où l’on découvrait des FORGOTTEN TOMB et autre XASTHUR, mais aussi celle où l’on pleurait WINDIR et redécouvrait le black froid et vicieux à travers nos Français de NEHEMAH… MORTIFERA faisait un peu le pont entre tous ces styles, mettant en avant des riffs mélodiques sur une base plus rentre-dedans et sur des vocaux sans concessions, rugueux, raclés, désespérés. Mais le deuxième essai mit trop de temps à sortir et ce n’est que 6 ans plus tard, en 2010, que l’on découvrait enfin Maledictiih. C’était trop tard parce que beaucoup de groupes mélodiques étaient passés par là, et que les fans étaient pour la plupart passés par autre chose. Ceux qui avaient eu la force de patienter critiquaient aussi les compositions qui leur semblaient plus claires et par là même moins bien équilibrées que par le passé. Le mal-être n’était plus suffisamment représenté pour eux. Et c’est ensuite encore plus anecdotiquement que sont sortis en 2013 Bleüu de morte et en 2014 ce IV : Sanctii tristhess qui nous intéresse aujourd’hui.
Juste une petite information complémentaire pour ceux qui auraient réussi à passer au travers de MORTIFERA jusqu’à maintenant, le groupe est à la base celui de Noktu, figure de notre scène hexagonale puisqu’il est également à la tête de CELESTIA - qui a annoncé son split en 2015 d’ailleurs - et qu’il a participé comme membre, musicien de concert ou invité à des groupes aussi cultes que MUTIILATION, PESTE NOIRE et SATANIC WARMASTER… Enfin, il est accessoirement monsieur Drakkar Productions. Incontournable donc.
Alors pour parler de cette nouvelle sortie, elle poursuit très logiquement ce que fait le groupe depuis trois albums. C’est que MORTIFERA n’évolue plus des masses et se tient à la formule et au style qu’il s’est forgés. Le titre de l’opus d’abord est encore dans le même genre, avec ces mots légèrement déformés du français que nous connaissons. Il s’appelle donc Sanctii tristhess. Comme d’habitude ses morceaux ont soit des noms latins (« Pendulum mortis », « Hora laceratum ») soit français (« En milieu de nuit », « Poésie des oubliés »). Ils sont par contre tous interprétés dans notre langue et les paroles se retrouvent dans le livret, ce qui permet de vérifier si les mots entendus sont justes ou non. Car Noktu a beau user d’une voix très rugueuse, il fait des efforts pour être audible et compréhensible.Par contre son timbre risque de déplaire encore une fois car il n’est ni agréable, ni technique, ni même charismatique. Cela a toujours été un point faible pour beaucoup et si vous le faites écouter à un novice, il vous pouffera sans doute au nez : "C'est ça les vocaux de black metal ? Ahahaha ! ". On rétorquera que finalement cela donne une touche personnelle à Noktu et ses groupes et qu'on reconnaîtra tout de suite sa voix de hurleur désabusé.
Ces vocaux me font d’ailleurs penser à ceux de Stefan de MYSTIC FOREST, et ce n'est pas leur seul point commun car ils partagent aussi un côté poête maudit qui plane sur les compositions. Comme chez l’autre Français, on retrouve un amour flagrant pour la sensibilité et l’équilibre entre agressivité et douceur, plénitude et torture... MORTIFERA cherche la mélodie idéale, pas pour vous faire danser ou remuer du popotin, mais pour ajouter de la tension, comme le baiser sur la bouche du mourant. On peut lui reprocher d’en abuser parce qu'effectivement les mélodies sont nombreuses et les soli sont légions. Mais il y a tout de même un effort pour éviter de trop se répéter. Certaine mélodies sont presque pop comme sur l’intro de « Pendulum mortii », d’autres frôlent le progressif comme le morceau instrumental de conclusion (« Sanctii luminiih mortifera »), d'autres sont assagies, accompagnant des breaks malicieux.
Pour faire une description imagée, MORTIFERA vit toujours dans les ténèbres, mais il a ouvert les fenêtres en grand, faisant ainsi pénétrer beaucoup de lumière dans ses bas-fonds. Il n’en sort pas. Il n’a toujours pas de porte, mais voit de plus en plus ce qui se passe dehors. Voilà ce qu’inspirent à nouveau ces 11 titres, un de plus que le dernier, qui en avait déjà un de plus que son prédécesseur qui en avait déjà un de plus que son prédécesseur... Le prochain devrait donc avoir 12 pistes... Encore une fois MORTIFERA force le respect, mais ne se surpasse pas non plus, il sort encore un album digne de lui, mais donc aussi un peu trop prévisible...
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