Palms - Palms
Chronique
Palms Palms
Beh oui, ce n'est un secret pour personne, Isis est bel et bien mort en enterré. Et ça pour beaucoup d'amateurs c'est un peu un problème (il n'y a qu'à regarder le nombre de « Please, come back » présents sur leurs vidéos, leurs pages internet...). Il y a de quoi en effet regretter la disparition de ceux qui nous ont offerts « Celestial », « Oceanic » et surtout « Panopticon ». Aaron Turner est bien occupé avec ses projets parallèles et son excellent label Hydra Head Records et pendant ce temps là, les ex-Isis s'ennuient un peu. Mais donc, histoire de combler ce qui semble être une sorte de vide dans leurs vies, les voici s'acoquinant sans complexes avec un Chino Moreno de Deftones visiblement emballé par le groupe culte et par une rencontre avec Aaron Harris lors d'une tournée. Naît donc de cette union – qui aurait cependant plus caractère d'adultère envers Turner...- Palms, sorte de super-monstre Post-Metal étiqueté Ipecac Recordings, qui se doit d'envoyer un minimum. On notera la superbe pochette, très californienne au crépuscule, de toute beauté avec ses teintes épurées et orangées. Des palmiers, du soleil et un des membres qui boit une bouteille d'eau dans le digipack: voilà qui augure donc une sympathique randonnée en compagnie de nos américains. Mets tes baskets et prends ton sac, en route.
Ceux qui voyaient en Palms un retour éventuel d'Isis peuvent oublier tout de suite. S'il fallait gravir des montages et finir essoufflé à la fin d'un « Panopticon », la ballade de ce premier opus éponyme du all-star-band est nettement plus proche de la promenade du Dimanche ou d'un parcours de santé, avec spa et cure thermale inclus : la faute notamment à ces accents post-rock bien présents. Si les compères en charge de l'instrumentale gardent leurs réflexes Isissiens, la production s'arrange pour rendre les explosions plus gentilles et les gros riffs un peu plus spongieux. De plus, Chino poussera sa voix dans les aigus, ce qui tranchera bien évidemment avec le chant d'Aaron Turner qui se complaisait dans des hurlements plutôt couillus. Voilà, pour ce qui est de la comparaison et de la succession éventuelle, vous êtes fixés.
Maintenant, rentrons un peu plus dans ce disque qui en fin de compte peut se voir comme une lecture apaisée du Post-Hardcore, se concentrant bien plus sur l'aspect planant et mélancolique du genre que sur ses décharges de puissance. Certes, c'est un choix qui se respecte, surtout que le trio Harris / Meyer / Caxide se débrouille franchement pas mal en ce qui concerne les expérimentations, les passages en clair et les ambiances très contemplatives. Et si certains passages sont diablement réussis (« Future Warrior », ouverture de toute beauté et également « Shortwave Radio » véritable montée subtile et recherchée), on ne peut hélas parfois pas faire semblant. Ces montées trop gentilles, trop contrôlée et trop anesthésiées par une production un peu basique et douceâtre ne font pas forcément mouche... Dommage car le disque montre parfois un aspect un peu mollasson et un peu exécuté à la « vas-y-que-je-te-pousse ». On citera en exemple « Patagonia », qui manque d'un sérieux coup de punch.
De même un titre comme « Tropics » par exemple manque de quelques minutes qui pourraient le faire décoller et Dieu sait qu'il en aurait le potentiel mélodique avec ce sublime passage de fin où Chino se laisse embarquer dans un chant aérien subtil et très précis. C'est véritablement rageant quand le soufflé retombe à cette vitesse... À l'inverse, « Mission Sunset » aurait lui gagné à être raccourci de quelques mesures, puisque ce titre perd un peu l'auditeur tant il manque de variations et s'étire sur la longueur à la façon d'un long déroulement de notes peu convaincantes.
Malgré ce flot de critiques finalement plutôt sévères, « Palms » n'est pas un mauvais disque puisqu'il recèle de bons moments et se laisse écouter sur sa longueur avec un certain plaisir. Ce qu'on lui reprochera finalement c'est que ce disque ne capte pas assez l'esprit de celui qui l'écoute. Si l'auditeur est motivé, il s'accrochera et appréciera mais s'il se laisse distraire, il finira indubitablement par couper l'album. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai mis tant de temps à écrire cette chronique. Si l'album à l'avantage d'avoir un très bon titre d'ouverture ainsi qu'un final satisfaisant, tout le milieu du disque sent l'approximation, le tâtonnement et la recherche de l'alchimie entre Chino Moreno et les autres membres du groupe. En même temps, tout ceci est plutôt logique, le projet étant tout de même très récent.
Cette première livraison éponyme sent donc encore un peu trop la jeunesse, ce qui est tout de même un comble quand on regarde le line-up culte qui compose le disque. Comme quoi, l'expérience n'est pas forcément un point positif, si l'on en croit le manque de relief qui caractérise cette rencontre. Un départ encourageant bien que sérieusement poussif pour la formation qui ne demandera qu'à être affiné, poussé et mieux exploité sur un futur opus.
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