Dark Funeral - The Secrets Of The Black Arts
Chronique
Dark Funeral The Secrets Of The Black Arts
Bien avant d'être des guignols amusant la galerie métalleuse par leurs costumes même pas assez inquiétants pour figurer dans un Freak Show, Dark Funeral était un bon groupe. Oui, ça peut en étonner certains qui ne voient en eux qu'un étalage de maquillages et des hits pour adolescents déprimés (Oh si quand même... Écoutez « My Funeral » et vous verrez...). Fortifiés par la sortie d'un premier E.P éponyme bien accueilli en 1994, le groupe rempilait alors avec un premier album dantesque deux ans plus tard. Avec du recul, on ne peut que noter la classe qui accompagne cet opus à chacune de ces sorties publiques : un titre mi-occulte, mi-sobre inspirant une grande dose de mystère (« The Secrets of the Black Arts »), une pochette bleu-nuit ornée de pèlerins encapuchonnés signée Necrolord du plus bel effet – et bien loin des démons rouge absolument dégueulasses qui les hantent depuis plus de dix ans maintenant - et une qualité musicale et sonore à te coller au plafond.
Signés chez l'emblématique No Fashion Records, le quatuor de l'époque mené par feu Blackmoon et Lord Arhiman (seul rescapé de cette époque actuellement...) livre onze titres de pure folie alliant avec talent des mélodies finement choisies et une brutalité très suédoise. Il faut dire qu'à cette époque, Dark Funeral semble plus pré-occupé par la violence du propos que par leur look... La brutalité, parlons-en puisque qu'elle est le premier vecteur qui s'impose à l'auditeur : Des blasts en rafales envoyés comme autant de coup de poings en plein tronche par un Equimanthorn en forme olympique et une reprise du « Satanic Blood » de Von comme pour afficher leur appartenance au Black Metal sans concessions. Il faut dire que « The Secrets Of The Black Arts » est bien aidé par la production. Là où bon nombre de groupes de l'époque avaient du mal à allier puissance et agressivité, Dark Funeral fait le carton plein sous la houlette d'un Peter Tägtren qui n'aura jamais fait des choix plus judicieux... La puissance clinique du mix, l'accentuation sur certains détails (cette cymbale Ride mise en avant de bien belle manière), le tout couplé à de légers grésillements donnant au tout une saveur « Raw » est un des meilleurs rendus sonores des années quatre-vingt-dix en ce qui concerne le genre. Le groupe avait d'ailleurs enregistré l'album aux fameux Unisound Studios de Dan Swanö (cet enregistrement est disponible en bonus, sur la réédition de 2007) avant de se rétracter et de changer d'avis. Au vu du résultat on ne peut que comprendre ce choix...
Themgoroth est également un vocaliste convaincant et convaincu : le brave homme livre ses plus beaux hurlements à chaque début de chanson (celui de « Satan's Mayhem » à titre d'exemple) et fait grimper le potentiel sincérité de l'album d'un cran. Mais le travail le plus abouti est celui des deux guitaristes dégainant rythmiques rapides et mélodies des grands jours. Une complémentarité exemplaire qui nous saisit dès le titre éponyme, véritable démonstration de la frappe aérienne qui va se dérouler. M'est avis que si Obama envoyait « The Secrets Of The Black Arts » sur la Syrie, on aurait d'excellents résultats. L'incroyable capacité qu'a cet album à ne jamais perdre de vue son objectif primaire et émouvant ainsi qu'à ne jamais laisser l'auditeur sur le bord de la route est digne des plus grands disques du genre.
Bien souvent boudé pour une raison principale (à savoir, le fait que c'est écrit Dark Funeral sur la pochette) par une partie du public Black, ce premier jet des Suédois mérite justice. Certains lui reprocheront son côté linéaire peut-être un peu handicapant lors des premières écoutes mais on passera sans conteste au dessus lorsqu'on écoutera les mélodies travaillées de Blackmoon et Arhiman (« Shadows Of Transilvania » est un très bon exemple de ce style propre aux deux hommes). Il n'y a pas d'accalmie dans cette première livraison des scandinaves : de la première mesure du premier titre à la fin de « Dark Are The Path Of Eternity » nous sommes constamment oppressés par le groupe. Même si quelque fois on observe quelques ralentissements (justement ce dernier titre, se fendant d'un passage en mid-tempo avec une voix modifiée plutôt réussie), la teneur de l'album est au tabassage pure et dur mais pas si crétin qu'on voudrait bien le croire.
Classique incontestable de la fin des années quatre-vingt-dix et annonciateur (avec Marduk) d'un pan entier du genre (le fameux Black Brutal à la suédoise) « The Secrets Of The Dark Arts » ne laisse aucune place à l'hésitation ou à l'ennui. On ne peut qu'admirer la production exemplaire, le subtil dosage entre terreur et émotions et la sincérité brute qui suinte par tout les pores du disque. Loin de ce qu'ils deviendront par la suite, Dark Funeral confirme ici l'adage du mont Tallac : « Et c'est bandant d'être indépendant ».
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène