J'ai entendu que certains avaient été déçus par ce nouvel album, et se plaignaient de la fausse joie de retrouver le groupe des débuts. La comparaison aurait été fatale. D'accord, alors s'il faut comparer avec les anciennes sorties, on ne va pas se priver, on va reparler des débuts, de la suite, de la pause, et du retour. Mais on va aussi essayer d’être juste et de reconnaître les qualités évidentes qui font de
Where Shadows Forever Reign une sortie intéressante.
Déjà 23 ans depuis la formation de
DARK FUNERAL, et seulement le 6ème album en 2016. Il faut dire qu’il a toujours espacé de plus en plus les opus. 1996, 1998, 2001, 2005, 2009, 2016... 23 ans à représenter le black metal le plus excité, le plus rapide, le plus terrifiant mais aussi le plus clichesque possible. C’est l’un des traits de personnalité de la formation, elle n’a jamais réellement fait peur. Ses membres en font tellement pour se montrer extrêmes qu’ils apportent plus le sourire que le malaise. Ou alors c’est une peur à comparer avec celle à Space Mountain de Disney. Une frayeur pour de rire. Et cela se sent aussi bien dans leur musique que dans leur accoutrement, leur univers visuel, leurs paroles...
DARK FUNERAL a toujours été le roi pour assurer le spectacle du black metal à fond la caisse. Et je vais vous faire un aveu, j’ai toujours aimé avoir ma dose. Et finalement, je n’ai jamais été réellement déçu, même pas par les sorties plus récentes. Beaucoup critiquent
Attera Totus Sanctus, voire
Angelus Exuro pro Eternus, mais leurs morceaux étaient toujours habités par Satan. Ils bottaient toujours les culs et poussaient toute la fosse dans les flammes infernales.
23 ans donc, j’y reviens. Mais un seul survivant des débuts, Lord Ahriman, guitariste et désormais bassiste à l’origine des méfaits du groupe. 44 ans en 2016, toujours la foi dans les Arts Noirs. Il partage toujours les grattes avec Chaq Mol, pas beaucoup plus jeune (43), et que certains maudissent car son arrivée dans le groupe correspond auprétendu « déclin » du fameux
Attera Totus Sanctus dont je parlais plus haut. Le batteur est à nouveau Dominator (35), le bon ami de Samoth (oui, oui, celui d’
EMPEROR,
ZYKLON,
ARCTURUS,
GORGOROTH,
SATYRICON, bref tous les groupes cultes norvégien !) avec qui il joue plutôt death (THE WRETCHED END que Mitch n’a pas trop apprécié figurez-vous !). Et enfin... Et surtout ! Un nouveau membre s’empare du micro ! Je l’avais annoncé lors de la chro de
Ending de
GRÁ, c’est Heljarmadr qui prend la place de Emperor Magus Caligula, hurleur en règle depuis 1998 et Vobiscum Satanas. Les déçus devront attendre le nouvel album de
WITCHERY puisqu’il en fait partie désormais... Heljarmadr, c’est un très bon choix car le bonhomme était extrêmement convaincant dans ses autres groupes. Bienvenue à lui, et dommage pour Nachtgarm, qui aura assuré la transition. Ce chanteur de
NEGATOR ne sera resté au micro de
DARK FUNERAL que deux ans, le temps de donner quelques concerts, mais n’aura participé à aucun morceau original.
23 ans d’existence... Le groupe aurait bien pu jeter l’éponge ou changer de style, mais il est encore là. Il nous a tout de même fait attendre longtemps, poursuivant les tournées mais tardant à sortir la suite de
Angelus Exuro pro Eternus. C’est enfin chose faite avec un
Where Shadows Forever Reign qui a alimenté de nombreuses conversations. Avant même sa sortie en fait. En décembre 2014 sortait un clip pour soutenir le titre « Nail them to the Cross ». On découvrait les 5 hommes maquillés, grimaçant pour le chanteur, impassibles pour les musiciens. Le morceau annonçait du lourd, avec une patate irrésistible. On allait en reprendre à nouveau plein la gueule, il fallait vite aller ressortir nos jeans en cuir, nos clous, nos colliers de sados lubriques. Et le 31 mai 2016, c’était un autre morceau de puissance qui était dévoilé en images : « Unchain my Soul », titre qui allait ouvrir l’album sortant dans le jours à venir. On y trouvait des mélodies plus claires, mais toujours sur le même rythme. Certains y trouvaient déjà à redire, pourtant c’était bien dans la veine de ce que le groupe savait faire depuis longtemps. Très bon mattraquage. Mais comme je l’ai dit en début de chronique,
DARK FUNERAL est une marque de fabrique qui peut agacer. Le côté clichesque aussi, mais il n’y a aucune trahison du groupe, au contraire, c’est toujours le même entrain, la même ambiance, le même esprit qui veut nous faire trembler devant « tant de haine incontrolaaaable ».
Autre sujet de discussion avant la sortie de l’album, l’artwork, réalisé par Necrolord. Il reprend ses feutres bleus, si connus pour les pochettes de
DISSECTION, et repond une cover proche de celle réalisée pour
The Secrets of the Black Arts en 1996. La couleur froide qui en résulte apporte une véritable cassure avec la couleur rouge qui dominait chez
DARK FUNERAL depuis 2001 et
Diabolis Interium. Ce choix voulait-il dire que le groupe revenait à ses débuts musicalement aussi ?
C’est le 3 juin 2016 que la réponse est arrivée. Ou bien le 1er juin pour les Japonais qui bénéficiaient encore de titres bonus, pourtant inutiles cette fois-ci puisqu’il s’agit des versions demo de « The Eternal Eclipse » et de « Where Shadows Forever Reign ». La version normale propose au total 9 titres. Et les deux morceaux dévoilés en avance étaient les plus extrêmes. Parmi les sept restants, cinq sont speed, dans la veine de ce qu’on attend du groupe, mais avec des riffs assez mélodiques et un côté dramatique renforcé. Mais
DARK FUNERAL n’a jamais été non plus un adepte de la vitesse d’exécution pour la vitesse. Et même si l’on parlait du « groupe de black le plus rapide du monde » à une époque, c’était déjà galvaudé. C’était sans doute le plus rapide, mais parmi ceux qui restaient audibles et accessibles. Il y a toujours eu une construction assez « facile » chez lui. C’est ce côté-là qui est encore accentué. Et très bien mis en avant sur « The Eternel Eclipse » ou encore « As One We Shall Conquer ». Oui, c’est accessible, non cela ne révolutionne rien. Et alors ? C’est efficace et j’arrive à écouter en boucle, ça me suffit pour penser que c’est du bon !
Deux titres se démarquent.
DARK FUNERAL montre qu’il aime les nuances, et sur « As I Ascend » ainsi que « Temple of Ahriman » il lève considérablement le pied. Les ambiances sont plus rituelles, mais agrippent tout autant l’oreille. Ce n’est pas la première fois que
DARK FUNERAL mise plus sur les ambiances au tempo moins acharné, et l’on repense à « In my Dreams » de l’album Angelus Exuro Pro Eternus. Le seul problème que je reprocherai ici est d’avoir mis ces pistes à la suite. Leur enchainement peut couper le rythme de l’album. L’un aurait dû se retrouver en fin d’album pour moins perturber la logique générale…
Finalement, cet album nous permet de retrouver le
DARK FUNERAL qui tabasse, qui fracasse, qui joue vite et court dans les allées des Enfers, tout en glissant de la nuance, du tragique, et du ritualiste. Comme si l’âge semblait donner des envies de variations. Vous demanderez à
WATAIN,
BEHEMOTH et
SATYRICON, ils devraient partager l’opinion…
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