Atriarch, Alaric, Pinkish Black, Beastmilk, Cold Cave, Have A Nice Life, Blue Cross... On ne compte plus les groupes mêlant musiques gothiques et esthétique metal ou hardcore. Si ce mariage n'est pas si récent qu'on peut le croire (il faudra bien s'armer de courage et parler de The Gault, à la fin !), il est courant aujourd'hui de voir des groupes de deathrock, post-punk ou cold wave partager l'affiche avec d'autres aux atours plus habituels. Parmi ces nouveaux venus, Hateful Abandon pourrait presque faire figure d'ancien, lui qui a mélangé post-punk et black metal dès son premier album paru en 2008,
Famine (Or Into The Bellies Of Worms). Moins connu que d'autres, le duo composé de Vice Martyr et Swine a su pourtant se faire remarquer par des longue-durées sortis sur le label Todestrieb – Ghast, Sorror Dolorosa ou encore Peste Noire –, ceci expliquant pourquoi son dernier essai en date se trouve réédité par Candlelight la même année que sa première édition sur son autre maison, avec une pochette différente.
Des Anglais pour qui j'ai un profond attachement car ils ont signé à l'époque ma découverte des musiques gothiques. Si Hateful Abandon n'a cessé de diluer ses influences metal au fur et à mesure de ses sorties, passant d'un mix entre black metal et post-punk sur
Famine à un rock gothique sur
Move pour terminer sa mue sur
Liars / Bastards, l'amateur retrouvera au détour de quelques mélodies une dureté qui ne peut venir que de la scène qui nous réunit tous. Cela est décelable d'entrée avec « Maze Of Bastards », premier morceau rageur où sur une batterie échappée de Joy Division se greffent des hurlements naturels paraissant provenir de Neurosis. Un sens de la tension que le duo aime utiliser le long des quarante-deux minutes que dure le disque. Malgré des compositions dépouillées, c'est toujours sur la brèche que jouent les instruments, ici par des claviers entêtants (« Culprit »), là par une guitare brouillonne ne cessant jamais de cracher (« The Walker »).
C'est bien cette interprétation à la fois musclée et classieuse du post-punk qui départage Hateful Abandon d'autres plus sages dans leurs rappels aux premiers Killing Joke, PiL ou Joy Division. Si le chant de Vice Martyr offre une fois de plus une imitation confondante du timbre grave de Ian Curtis, les rappels multiples montrent que les Anglais n'hésitent pas à se nourrir à droite et à gauche (cf. la fin de « December » évoquant Wongraven dans ses moments les plus ambiancés) pour donner leur version d'une musique remise au goût du jour mais conservant ce fatalisme accrocheur qui fait son attrait (impossible de ne pas baisser le dos de tristesse à l'écoute de « The Test »). Bien que
Liars / Bastards soit sans doute l'album le plus atmosphérique de la discographie du duo, la paranoïa et le désespoir qui ont marqué cette scène sont toujours présents.
Je regrette cependant que ces derniers ne soient pas plus forts. Certes, il y a de quoi se prendre la tête dans les mains sur
Liars / Bastards, ne serait-ce que durant ces tuants deux premiers titres débutant l'album dans la colère mais Hateful Abandon paraît ici trop décousu pour donner cette impression de bout de route que transmettait
Famine. On frôle sur certains passages le devoir maison du bon élève trop scolaire, un sentiment que même le plus classiquement gothique
Move ne donnait pas. Les écoutes laissent parfois mitigé, entre titres convaincants et autres semblant insérés arbitrairement (« High Rise », dénotant de ce qui le précède et suit par son chant oriental).
Ce manque d'homogénéité mis à part,
Liars / Bastards me rappelle pourquoi, au sein de cette vague post-punk actuelle, les Anglais font partie de ceux que je suis avec le plus d'attention. Cet album ne sera pas une claque pour qui lui accordera de son temps mais accompagnera parfaitement les trajets d'hiver vers son travail, quand l'envie ne suit pas, dans ces moments de déprime quotidienne où l'on se lève sans trop savoir pourquoi et plonge dans la grisaille matinale pour aller au turbin. Ce qui, finalement, est ce qu'on peut demander de mieux à un disque comme celui-là.
Pochette de la réédition par Candlelight
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