Energumen - Void Spiritualism

Etrange parcours que celui d’Energumen. Formé à Genève en 2010 par un duo d’illustre inconnu, le groupe se terre dans un mutisme assourdissant pendant quatre longues années avant de sortir à ses frais une première démo intitulée Void Spiritualism. Une sortie ultra confidentielle qui réussira néanmoins à trouver le chemin du label suédois Blood Harvest. Emballé par ce qu’il entend, Rodrigo décide de sortir quelques mois plus tard une version vinyle de cette fameuse cassette afin d’en faire profiter un peu plus de monde que les 50 pelés ayant réussi à faire l’acquisition de cette tape.

Une suite logique à presque n’importe quelle démo autoproduite digne d’intérêt ainsi qu’un bon moyen pour Energumen de faire davantage parler de lui dans une scène déjà bien saturée en la matière. Au programme de Void Spiritualism, trois titres d’un Black/Death intense et étouffant qui, s’il n’a strictement rien de neuf à proposer, saura néanmoins satisfaire la soif de violence auditive des plus insatiables d’entre vous.

Trois titres c’est court. Ils sont ici torchés en moins de treize minutes. Pas le temps de rester jouer et ces deux Energumen nous le font bien comprendre. Cependant, la première chose que l’on remarque à l’écoute de Void Spiritualism c’est le choix de la production. Extrêmement compacte, chaque instrument donne ici l’impression d’être compressé à mort, gommant au passage toute sensation de relief. Un choix qui pourra laisser circonspect mais pas forcément inintéressant puisqu’il vient renforcer le côté brut et intense de ces trois compositions tout en offrant au groupe suisse un brin de personnalité supplémentaire.

Pour le reste, il s’agit donc d’un Black/Death bestial relativement classique (bien que dénué de ce côté primitif souvent lié à la production et/ou à la qualité d’exécution) qui, comme le veut la tradition, se contente principalement de bourrer le plus clair du temps. On retrouve ainsi à l’écoute de Void Spiritualism pas ou très peu de variations à l’exception cependant de quelques breaks salvateurs ("Self Abortion Ritual" à 0:58 et 2:26, "Invisible Spears Of Abomination" à 1:30, "Ekliptik Manifestation Of Dominance" à 2:18 et 3:45) venus rompre avec cette déferlante de blasts punitifs, de riffs tordus et abrasifs et de soli bordéliques. Mais soyons clair, ne vous attendez pas à pouvoir relever la tête plus de quelques secondes. Energumen préfère foncer dans le tas tête baissée avec la ferme intention de tout détruire sur son passage.
Une intensité servie par un très bon batteur pas avare en blasts et qui sait se servir de ses cymbales pour apporter une sacré dynamique à ces compositions en forme de trois violents coups de poing. Ça cogne dur et l’auditeur en prend vraiment plein la tronche pendant presque un quart d’heure. Même constat au sujet des riffs qui semblent fuser dans tous les sens. A la manière d’un Knelt Rot ou d’un Revenge, la musique d’Energumen possède ce petit côté noise et dissonant qui vient vous chatouiller le fond des tympans rendant n’importe quel auditeur absolument hystérique.
Enfin pour compléter ce tableau de l’apocalypse, il y a bien entendu le chant. Un growl bien haineux et schizophrène (quelques cris de déglingos ici et là) légèrement en retrait dans le mix et bien entendu saupoudré d’un soupçon de réverb’ histoire d’épaissir encore un peu davantage l’atmosphère. Efficace jusqu’à l’os.

Passé quelque peu inaperçu depuis sa sortie, ce premier EP d’Energumen mérite pourtant que l’on s’y intéresse si l’on apprécie un tant soit peu le Black/Death bestial sans concession. Les Suisses n’inventent rien mais produisent néanmoins une musique de qualité qui a le mérite de mettre la violence au cœur de son propos. Du coup, une suite serait particulièrement bienvenue, notamment en CD. Merciiiiiiiiiiii.

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