Hexekration Rites - Desekration Manifesto
Chronique
Hexekration Rites Desekration Manifesto (EP)
Originaire de la capitale, Hexekration Rites se forme en 2018 sous l’impulsion de C.S. et H.R. (ex-Azziard). Très vite, le duo va se mettre à la tâche, sortant en septembre de la même année sa toute première démo avec l’aide du label Atavism Records (Absolvtion, Saltas, Goatslave...). Une sortie qui, je dois bien l’avouer, m’était complètement passée à côté... Un an et quelques semaines plus tard, toujours avec le soutien du petit label français, le groupe signe son retour via un premier EP intitulé Desekration Manifesto.
Proposé en cassette ainsi qu’en CD, ce EP se dévoile en premier lieu à travers un artwork épuré et tout en sobriété. Le rouge et le noir s’y marient ainsi avec classe grâce à l’utilisation d’un vernis sélectif apportant un peu plus de cachet à ce qui n’est qu’un modeste digipack constitué de deux volets. En matière de contenu, Hexekration Rites n’en fait également ni trop ni trop peu puisque du haut de ses cinq titres (dont une introduction proposée sous forme d’incantation inquiétante), Desekration Manifesto s’étale sur près de vingt-cinq minutes. Une durée qui n’a rien d’excessive mais qui permet néanmoins de se faire une bonne idée du sujet.
Si vous en doutiez malgré l’artwork, Hexekration Rites oeuvre dans le registre d’un Black/Death qui, sur le papier, pourrait sembler assez peu original et personnel. Pourtant, cela n’est pas tout à exact puisque même si le duo parisien n’a effectivement pas inventé la roue, sa formule possède un petit quelque chose en plus qui très vite lui permet de faire la différence. Cette nuance distinctive, c’est ce riffing bien particulier qui n’est pas sans faire écho à celui très typé des Colombiens d’Inquisition et dans une moindre mesure à celui des Finlandais d’Archgoat ou des Belges de Possession (notamment dans les leads et autres solos dispensés par le groupe parisien). Un parallèle évident qui s’entend dès les premières mesures de l’excellent "The Altar Of Madness" et qui va naturellement persister sur les trois autres morceaux de ce Desekration Manifesto marqué par ce jeu particulièrement atypique. Comme chez Inquisition, celui-ci se caractérise notamment par une certaine redondance (ces patterns de seulement quelques notes qui bouclent encore et encore) ainsi que des riffs obscures et malfaisants ayant pour trame de fond un motif principal sur lequel va venir se poser un second riff sinistre et descendant plongeant l’auditeur encore un peu plus profondément dans les entrailles infernales de la Terre. Certes, l’affiliation avec les Colombiens est tout ce qu’il y a de plus flagrant et pourtant c’est clairement ce qui permet aux Parisiens de se distinguer aujourd’hui.
A travers une production dense et relativement étouffée en dépit de sa lisibilité indiscutable, Hexekration Rites va délivrer un Black/Death assez surprenant d’un point de vue rythmique. En effet, si le groupe donne tout d’abord le sentiment de ronronner tranquillement sur la base de riff mid-tempo répétitifs aux atmosphères particulièrement épaisses, on s’aperçoit bien vite qu’il y a bien davantage à découvrir. Ainsi, on remarque que certains changements de rythmes n’ont aucune incidence particulière sur la cadence de ces riffs et que si effectivement le duo aime répéter ad nauseam certaines séquences à des rythmes bien souvent modérés, la batterie (programmée) placée légèrement en retrait dans le mixage se fait étonnamment bien plus véloce (c’est par exemple systématique sur les débuts de "The Altar Of Madness", "Necrotriumph" ou "Blazing Purification"). Au-delà de cette cohabitation qui parfois donne en effet l’impression erronée d’un groupe peu engagé rythmiquement parlant, on trouve également quelques accélérations bien moins dissimulées comme par exemple sur "The Altar Of Madness" à 1:11, "Necrotriumph" et son pilonnage quasi constant, "Blazing Purification" à 0:57 et 1:55 ou "Ascension" à 0:15. Bref, ne vous y tromper pas, Hexekration Rites à plus d’un tour dans son sac. Enfin, mentionnons également la belle performance de H.R. qui derrière son micro nous livre une belle prestation de sa voix écorchée. Un chant incantatoire, lui aussi légèrement en retrait dans le mix et dont on va déceler dans certaines intonations une dévotion hallucinée offrant au passages à ces atmosphères pesantes encore davantage de profondeur.
Si en ce qui me concerne Hexekration Rites était jusque-là passé inaperçu, le groupe a su ici capter mon attention avec beaucoup d’intérêt. Outre l’artwork plutôt sympathique qui invite à découverte, on retiendra surtout ce mélange de Black et de Death Metal empruntant beaucoup à Inquisition (mais pas que...) pour un résultat finalement plus personnel qu’il n’y paraît. En attendant, à l’heure où les groupes de Black/Death peinent en général à ne pas user systématiquement de la même formule, on appréciera volontiers le parti pris auquel les Parisiens ont décidé d’adhérer. Si la suite s’avère du même acabit, on risque bien d’en entendre parler encore davantage. Bien joué messieurs.
| AxGxB 17 Mars 2020 - 1014 lectures |
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