Scanner - The Judgement

Comme Stormwitch dont je vous chroniquais le nouvel album la semaine dernière, Scanner est une vieille gloire de la scène heavy metal allemande dont je ne possède que les premiers albums. N'ayant pas connu les années 1980, du moins pas en tant que métalleux, je revis cette période dorée en la découvrant par ses classiques. Cela me prend déjà assez de temps alors s'il faut récupérer toutes les œuvres de tous les groupes, une vie ne suffirait pas! C'est ça d'être né trop tard! Du coup, je me concentre sur les classiques, plus ou moins reconnus. En ce qui concerne Scanner, ses deux premiers disques Hypertrace (1988) et Terminal Earth (1989) sont deux bijoux de power/speed aux thématiques de science fiction très influencés par Helloween époque Kai Hansen (la meilleure donc). Des "Canon" du genre! La suite, Mental Reservation (1995), Ball Of The Damned (1996) et Scantropolis (2002), je ne l'ai jamais écoutée. Tout juste sais-je que les Allemands avaient recruté une femme au chant pour leur dernier opus sorti il y a plus de 10 ans. Voilà un autre point commun avec Stormwitch que cette longue absence. J'allais donc être à nouveau confronté à la musique d'un groupe dont je n'avais rien entendu de neuf depuis plus de 25 ans. Et dans ce genre de situation, on est toujours partagé entre l'excitation de revoir une vieille connaissance et la crainte qu'elle n'ait plus grand chose à voir avec celle que l'on a connue. Season Of The Witch m'avait ainsi laissé une impression mitigée, quoique j'avais fini par m'y habituer. Qu'en allait-il être de Scanner et de ce The Judgement sorti fin janvier sur Massacre Records?

La réponse n'a pas traîné. Le combo de Gelsenkirchen n'a en effet pas énormément changé, plutôt mûri en toute logique. Le plus gros bouleversement auquel se faire sera ainsi le nouveau chanteur Efthimios Ioannidis, au timbre assez différent de Michael Knoblich et de S.L. Coe (ex-Angel Dust) tout en évoluant dans un registre power metal classique. Pas trop dur donc! D'autant que le bonhomme, sans atteindre le talent de ses prédécesseurs, s'en sort très bien grâce à un chant clair puissant et varié aux mélodies et rythmiques agréables qui passent très bien, notamment des refrains fort sympathiques qui s'impriment facilement dans la tête, typiques du style. Quant à la musique en elle-même, on reste dans le power metal européen tout aussi classique. Et si The Judgement n'arrive jamais à la cheville des excellents Hypertrace et Terminal Earth, la qualité est bel et bien là. Ça commence d'ailleurs très fort avec "F.T.B." (Fuck The Bastards), qui, après une courte introduction mêlant belle lead mélodique, touches symphoniques et notes de piano sans en faire trop, envoie sacrément! Un titre d'ouverture thrashy énergique ultra efficace aux riffs, mélodies et solos inspirés qui donne la pêche. Seul problème, il s'agit du meilleur morceau, les autres, quoique très bons, en pâtissent un peu. Rien de grave cela dit car on prend tout de même beaucoup de plaisir à l'écoute de ce The Judgement. Un album qui dure pourtant près de 55 minutes mais qui ne souffre pas de gros défaut ni même de piste ou passage faible. Impressionnant de voir ce groupe de vétérans arriver à conserver une telle qualité, un niveau de jeu quasi constant tout du long. Bravo surtout au guitariste Axel Julius, seul membre originel de la formation, qui nous sort un paquet de bons riffs aux mélodies intéressantes et ne lésine pas non plus sur les solos, bien branlés. Il est aussi rassurant de voir que Scanner n'a pas ramolli, jouant souvent sur des rythmiques enlevés. Et quand le quintette ralentit sur tout un tas de mid-tempos, le résultat se révèle toujours convaincant, énergique, dynamique. Même "Known Better", la piste qui se traîne le plus, n'ennuie pas.

Difficile dès lors de ne pas se satisfaire de ce nouveau full-length, le sixième des Teutons. Bon, si vous vous attendez à un nouveau classique power/speed de la trempe de Hypertrace et Terminal Earth, vous risquez sans doute d'être déçus. The Judgement n'a pas du tout l'envergure de ces tueries. Il n'y a rien ici de méga transcendant, de mémorable ou d'innovant. Tout s'avère très classique, jusqu'au côté parfois un peu cheesy du europower sur certains chœurs ("Eutopia", "Battle of Poseidon", "Pirates") ou nappes de claviers, heureusement rares ("Known Better", "The Legionary"). Mais, en qualité pure, sans essayer de toujours comparer au passé, ce nouvel album de Scanner s'avère une très bonne surprise. Je ne savais pas où en était le groupe vu que je n'avais rien écouté de la formation d'outre-Rhin depuis belle lurette, je dois dire que j'ai été tout à fait convaincu par ce retour, douze ans après son dernier opus. Beaucoup de vieux groupes feraient bien de s'en inspirer car Scanner montre ici qu'il a encore des choses à dire et que la passion brûle encore en lui. Le combo a en effet encore de l'inspiration à revendre, preuve en sont le riffing exemplaire, les bonnes mélodies à foison et le chant impeccable. The Judgement dégage en plus une sacrée pêche, joué souvent pied au plancher. Non, franchement, des titres comme "F.T.B.", grosse claque d'entrée, "Warlord" et son intro bien thrash, l'épique "Battle Of Poseidon", la catchie "The Judgement", "Known Better" plus tranquille que les autres ou le duo final "The Race", aux belles envolées mélodiques, et "The Legionary", très prenant, possèdent de sérieux atouts à faire valoir. Alors si ça peut donner envie aux amateurs de heavy metal de découvrir le groupe, je dis oui! Après c'est sûr, on a vu plus accrocheur comme nom que Scanner. Mais c'est toujours mieux que tomodensitomètre!

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