Scythian - Hubris In Excelsis
Chronique
Scythian Hubris In Excelsis
Ce n'est pas si mal en fait la guerre. Rien de tel pour relancer une économie ou pour contrôler la surpopulation galopante. Ça donne aussi des jours fériés une fois terminée. Et puis, sans ça, beaucoup de musiciens metal n'auraient pas trouvé l'inspiration pour monter un groupe. Scythian, dont le nom vient de tribus antiques originaires d'Asie Centrale qui ont élargi leur territoire grâce à de nombreuses conquêtes victorieuses, fait partie de ces formations aux thématiques bellicistes qui collent tellement bien à certains styles metal. Menés par S. Vrath de Craven Idol que l'on connait bien chez Thrasho, les Anglais refont enfin parler d'eux après un premier full-length prometteur, To Those Who Stand Against Us..., sorti en 2009. Seul un split en 2011 avec Kawir nous avait montré des signes de vie chez la formation. Pour son deuxième album Hubris In Excelsis qui verra le jour en fin de mois, le groupe s'est réfugié chez Hells Headbangers. Le visage du quatuor a entre-temps quelque peu changé puisque le chanteur S. Vrath est désormais bassiste au lieu de guitariste, les deux six-cordes étant tenues par le co-fondateur A. Von M/A. Satyrus (ancien élève de Leon Macey de Mithras si ça peut en exciter certains!) et un membre de session du nom de B. Iron (ex-Spearhead, autre groupe anglais guerroyeur plébiscité en ces pages) qui avait déjà été membre de 2011 à 2012. Le batteur J. C. Volgard (Craven Idol encore) reste lui en place pour l'enregistrement mais a depuis quitté la formation, réduite donc aujourd'hui au duo S. Vrath / A. Von M mais à un trio sur ce Hubris In Excelsis. Vous suivez?
Après un si long laps de temps entre deux albums, on a toujours quelques craintes quant à la qualité de la nouvelle œuvre. La pochette d'une laideur insondable et pas du tout adaptée au genre (on dirait un truc de deathcore ou de quelconque metal moderne) n'aidait pas à se rassurer. Il faudra attendre plusieurs écoutes pour s'assurer que le temps n'a pas eu d'effets négatifs sur Scythian. Mais il a quand même eu des effets. Car les Britanniques ont quelque peu évolué par rapport à To Those Who Stand Against Us.... Une évolution logique qui n'a rien d'un chamboulement mais une évolution tout de même. Les Londoniens pratiquent ainsi toujours un death/thrash guerrier aux atours black d'obédience old-school. La différence, c'est que leur musique se montre ici plus variée, plus atmosphérique et moins frontale. Plus épique, quoi! Scythian a en fait développé certains aspects de son opus précédent pour donner vie à une œuvre plus mature et travaillée. Une direction moins brutale qui m'a d'abord, en tant que gros bourrin, un poil déçu. On retrouvait certes déjà ces éléments sur To Those Who Stand Against Us... mais pas de façon aussi fouillée, laissant surtout la brutalité s'exprimer. Le combo incorpore ici davantage de chants atmosphériques, de spoken words (l'interlude "War Graves (Dulce et Decorum Est...)", ce n'est que ça!), n'hésite pas à prendre la guitare acoustique pour des introductions ou des breaks sur la majorités des compositions ("Beyond The Dust", "Apocalyptic Visions", "Penultimate Truth - Ultimate Deceit", "The Laws...", "War Graves (Dulce Et Decorum Est...), "Dystopia"), use plus de dissonances et diversifie ses rythmiques auparavant surtout centrées sur le tchouka-tchouka et la blastouille, couvrant désormais un panel plus large avec notamment pas mal de mid-tempos (le bathorien "Apocalyptic Visions" entre autres) voire de séquences lentes et calmes.
Passée la déception initiale d'un extrémisme réduit d'un cran, force est de constater que le travail accompli par Scythian se révèle payant. Les trois quarts d'heure pour neuf morceaux passent ainsi très vite quand on se retrouve pris dans l'ambiance épique grâce à une qualité de composition élevée rendant chaque titre unique et intéressant. Avec en première ligne un riffing supérieur des plus affûtés et incisifs entre cavalcades thrash, brutalité death et grandeur black. S'ajoute un feeling mélodique délectable qui prend tout son sens dans les nombreux solos savoureux qui parsèment les titres, démontrant un toucher et une technique très au point. La diversité de jeu, même s'il en résulte une moindre violence de prime abord, rend aussi l'album plus prenant, comme ce chant râpeux qui s'arrache et vit à fond ses paroles. Et puis, ce n'est pas comme si Scythian faisait dans le mollasson non plus. Si la vitesse moyenne a bien été réduite, Hubris In Excelsis bourre encore suffisamment pour satisfaire nos instincts bestiaux. Plein de tchouka-tchouka rageur ultra efficace encore au programme ainsi que quelques bons gros blasts jouissifs souvent placés en fin de parcours quand le groupe aime se lâcher (final du très agressif "Hubris In Excelsis", dernière partie de "Penultimate Truth - Ultimate Deceit", le passage très black metal de "Three Stigmata" avant le sample d'outro qui ne sert à rien, "Dystopia" pour une conclusion blackened entre dissonances et solo chaotico-mélodique, etc.).
Finalement, il y a tout ce qu'il faut sur ce Hubris In Excelsis. Tout n'est pas exceptionnel (le dernier morceau "Dystopia" de 8 minutes ennuie sur sa première partie moins inspirée avant de relever la tête pour un vrai bon final) mais dans l'ensemble, on ne peut que féliciter Scythian pour un retour réussi et un album très convaincant. On sent que le groupe a su mûrir son style pendant ses six ans d'absence, travaillant aussi bien le riffing que les mélodies et l'ambiance. Si je garde une petite préférence pour le plus radical To Those Who Stand Against Us... qui sortait de nulle part, Hubris In Excelsis dégage beaucoup plus de chose que son prédécesseur. À commencer par une classe certaine. Voilà un album plus abouti composé par des musiciens plus aguerris qui ont décidé, en accord avec le titre en latin, de faire un peu moins de brutalité pour plus d'épopée, entre death/thrash, thrash/death et black/thrash. On pense à Desaster, Deströyer 666, Bathory, Sodom, Destruction, ce genre de joyeusetés. Si ça ne vous a toujours pas donné envie de vous y mettre, je ne sais pas ce qu'il vous faut!
| Keyser 5 Août 2015 - 1036 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
1 COMMENTAIRE(S)
citer | Ça m'a tellement donné envie que je viens de le recevoir ! De temps en temps, ça fait du bien de se replonger dans cette bonne ambiance thrash death ! |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
1 COMMENTAIRE(S)
31/10/2017 17:47
De temps en temps, ça fait du bien de se replonger dans cette bonne ambiance thrash death !