Hellsodomy - Morbid Cult
Chronique
Hellsodomy Morbid Cult
Cela fait un moment que l'on n'a pas évoqué la scène metal extrême turque, en particulier celle de Kadıköy à Istanbul. Et encore plus longtemps que je dois chroniquer du Hellsodomy. Depuis la première démo prometteuse Masochistic Molestation (2014), en fait, achetée en tape dans une version limitée spéciale Metal Magic Festival où le groupe donnait son premier concert en Europe grâce à son label danois de l'époque, Deadbangers. Un super souvenir, je passais mon temps à beugler "Hellsodomy" chaque fois que je croisais les musiciens sur le site. Il faut dire que les happy hours "une pinte achetée une pinte offerte" de 11h à 13h n'aidait pas à la sobriété ! Les Turcs avaient ensuite signé chez Barbarian Wrath pour son premier EP Sodomy is Nigh (2015) qui comportait la démo et quatre nouveaux titres, récupéré lui au NRW Deathfest, autre petit festival européen incontournable. Pas non plus de chronique malgré une qualité toujours au rendez-vous. Puis le premier album Chaostorm en 2016 sur un autre label allemand, Go Fuck Yourself Productions. Il m'avait un peu déçu celui-ci, le trouvant moins inspiré malgré la reprise de trois anciennes compos. Du coup, toujours pas de chronique. Trois ans et demi d'attente et quelques modifications de line-up (changement de batteur et d'un guitariste) pour voir arriver fin 2019 le deuxième long-format Morbid Cult, cette fois via les Finlandais de Saturnal Records. Et enfin la voilà cette foutue chronique de Hellsodomy, chez qui on retrouve des membres et ex-membres de Engulfed, Sarinvomit et Persecutory. Miam !
Finalement, le timing pour évoquer le quatuor stambouliote n'est pas si mauvais car celui-ci fait un retour en force sur ce Morbid Cult. On sent un groupe qui a mûri et pris du temps pour composer un album qui s'avère à la fois le plus varié de sa discographie, le plus abouti, le mieux produit, le plus mélodique et aussi le plus brutal. Ce, tout en gardant l'état d'esprit qui anime la formation depuis sa création. Pas de changement de style à l'horizon, plutôt un développement et une meilleure exploitation du potentiel. Hellsodomy, comme son nom l'indique, ne fait pas dans le romantisme, quoiqu'il n'est pas le groupe le plus bruyant de son quartier. Sorte de mélange entre du thrash (surtout), du death (pas mal) et du black (un peu), du blackened thrash/death en gros, la musique des Ottomans se veut simple, directe, efficace et old-school, avec toutefois un peu plus de "subtilités mélodiques" et un caractère un peu moins primitif qu'avant. Le tout, malgré aussi une production plus propre, conserve tout de même un côté bestial et sauvage qui rappelle les groupes sud-américains d'hier et aujourd'hui (Mutilator, Vulcano, Sarcófago, Atomic Aggressor, Anal Vomit, Grave Desecrator, Invincible Force ...), notamment au niveau de la voix râpeuse. On pense aussi à des trucs teutons comme Poison et Nocturnal, des machins australiens à la Hobbs Angel of Death, Nocturnal Graves ou Destruktor, du norvégien à la Aura Noir ainsi que du Ricain genre Gravehill et bien sûr Possessed. Pour un rendu qui sonne deuxième moitié des années 1980 avec une production plus moderne. Niveau rythmique tout est dans l'efficacité par le biais de tchouka-tchouka, de blast-beats et de mid-tempo headbangants et groovy, sur des morceaux courts entre trois et quatre minutes. Le riffing, quoique pas des plus originaux, se montre assez inspiré, entre attaques thrashies et tremolos sombres death ou un peu black aux mélodies plus ou moins accentuées. Quelques solo chaotico-mélodiques et autres leads en tremolo plutôt bien ficelés viennent enrichir la panoplie. Le résultat se veut très efficace, on accroche tout de suite et cela reste suffisamment intéressant pour passer le cap des écoutes sans lassitude. De l'intro instrumentale "Into Perversion" à "Souls Devoured", Hellsodomy arrive en effet à rester à peu près constant dans la qualité avec toutefois une préférence personnelle pour l'excellent "Pestilence of Black Blood", belle démonstration de l'étendue des possibilités des Turcs, ainsi que ce "Furious Chants" jubilatoire avec dans l'ordre du blast, du thrashy groovy, un peu de d-beat punky, du thrash qui bourre, un riff mortuaire à la Grave Miasma et des touches black/thrash à la Nifelheim. À l'inverse, "From the Seed to the Grave", en dépit d'un refrain à beugler sous la douche et d'un bon solo, et "Dazed Victims", un peu trop thrash de base, se placent comme les deux morceaux les moins passionnants.
C'est que la Sodomie de l'Enfer (ça sonne vachement moins bien en français !) n'a pas encore trouvé la recette parfaite. Les riffs sont bons dans l'ensemble mais certains, les plus typiques thrash, tombent dans le générique sans trop d'intérêt, ce qui plombait déjà Chaostorm à plus grande échelle. Les séquences mid-tempos sautillantes, ce n'est pas non plus ce que je préfère même si elles apportent du groove et de la variété à des rythmiques souvent rapides, là où Hellsodomy se montre le plus convaincant. Il faut bien qu'il y ait encore de la marge de progression ! En tout cas progression il y a bien eu depuis le dernier album et pas qu'un peu. Les Stambouliotes ont affiné leur style sans trop faire de compromis, ils sonnent même encore plus violents et sombres qu'avant (plus de blasts !), juste moins primitifs. Morbid Cult s'impose ainsi comme la meilleure sortie des Turcs même si je garde un penchant pervers pour la première démo, valeur sentimentale oblige ("Heeellsodooomyyy" !). Les aficionados de son old-school thrash, death et même black devraient y trouver de quoi se faire plaisir. Alors ne vous fiez pas aux apparences, vous ne l'aurez pas dans le cul !
| Keyser 17 Mai 2020 - 783 lectures |
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