Ahh, l'Afrique du Sud. La plupart d'entre-vous pensera, en évoquant ce pays, aux films de Neil Blomkamp, à Mandela, au Rugby ou – pourquoi pas – à Die Antwoord. Pas moi. Je vous avoue que la simple évocation de cette région m'évoque directement la culture Zoulou, y compris son chef emblématique, le bien nommé Chaka Zulu, icône au moins aussi forte que Mandela en ce qui concerne l'insoumission aux envahisseurs britanniques. Et même si cela n'a qu'un seul point commun avec ce qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir le pays d'origine, c'est toujours bon à rappeler dans ce climat merdique où les pays Européens ont la vilaine tendance à oublier un peu trop leurs passés colonialistes.
Bref, toujours est-il que Wildernessking, dernière signature des Acteurs de l'Ombre nous arrive directement de Cape Town, soit une des villes les plus violentes de tout le continent africain. Surprenant, d'autant plus que la musique du combo, qui m'était apparue via ce
clip à l'esthétisme tribal faisant la part-belle au discours que je tenais ci-dessus, n'est franchement pas la quintessence de la violence érigée en toute puissance créatrice. « Mystical Future » est presque tout l'inverse et se place en héritier de Deafheaven, Bosse-De-Nage ou autres Wolves In The Throne Room plutôt qu'en digne représentant du Black Metal bête et méchant. Un choix qui transparaît avec évidence dans la production signée de la main de Jack Shirley (Deafheaven, Bosse-de-Nage, comme on se retrouve...). Une main d'ailleurs franchement bien marquée puisqu'on reconnaît dans les dix secondes le savant mélange de modernité et de guitares tranchantes à la distorsion suraiguë et étouffée si chères au producteur californien.
Cinq titres donc, et une durée finalement assez courte pour un disque de Post-Black Metal qui, aussi Sud-Africain soit-il, semble sortir tout droit de l'école américaine. On retrouve des morceaux au format long (le dernier passera même la barre des treize minutes...) où s'enchaînent Blast-beats qui tapent dur, dérives Post-Rock et riffing ultra-sensible aux mélodies se voulant nostalgiques et émerveillées. Plus qu'un album, c'est un voyage en terres inconnues que nous propose Wildernessking, dans des paysages musicaux gorgés de nature verdoyante et de montagnes sculptées (qui a dit « Table Moutain »?), seulement, il faut bien avouer que la « terre inconnue » n'est malheureusement pas si inconnue que ça, mais j'y reviendrais... Nous avons clairement à faire avec un disque qui joue à fond le concept de l'ascenseur émotionnel et qui prend un malin plaisir à poser un climat apaisé, avant d'exploser en une kyrielle de notes empilées les unes sur les autres. Un schéma certes classique mais tout de même réalisé judicieusement, notamment grâce à une durée totale plutôt courte qui évite l'ennui et à des arrangements musicaux toujours fluides et riches en transitions musicales bien construites.
Cela dit, il manque tout de même quelque chose à ce « Mystical Future » pour en faire un album digne de tutoyer les sommets. On ne peut pas s'empêcher d'écouter ce disque en ayant à l'esprit une grosse dose de comparaisons sautant aux yeux. Ce qui empêche clairement la formation sud-africaine de se démarquer du flot de groupes Post-Black et d'accéder au rang supérieur de « formation à suivre ». Noyés dans la pléthore de groupes surfant sur ce créneau, Wildernessking n'a ni l'atmosphère personnelle d'un Déluge, ni la folie créatrice d'un Liturgy et encore moins la construction farfelue et imprévisible d'un Krallice. En résulte donc un côté conventionnel, virant parfois carrément au prévisible, ce qui m'empêche personnellement d'adhérer à cent pour cent au projet proposé par la formation. Ni la voix franchement anecdotique, ni le riffing ficelé avec talent mais parfois clairement basique, ni les parties de batterie se contentant du strict minimum ne permettent vraiment à ce disque de décoller et de proposer une ambiance à la hauteur.
Quant à la provenance et à l'esthétique légèrement africaine effleurée par le clip, elles ne sont aucunement significative de la musique du combo. Dommage, car je vous avoue que j'y ai cru et que l'idée d'avoir à faire à un mélange entre musique africaine type Fela Kuti ou Ali Farka Touré (oui, je sais, ils ne sont pas originaires d'Afrique du Sud, mais bon, l'espoir à ses raisons que la raison ignore...) et du Post-Black Metal m'a fait salivé à en perdre mes dents. Sauf que, non, on se croirait franchement face à un quelconque groupe allemand ou américain. On ne peut qu’espérer que Wildernessking trouve la voie pour ses prochaines sorties, quitte à jouer à fond la carte de son continent d'origine. Même si j'aurais vraiment aimé adorer ce disque, ce n'est pas le cas. Je ne saurais donc le conseiller qu'aux grands maniaques du Post-Black, prêts à se jeter sur la première sortie du style qui passe devant leurs yeux. Pour les autres, une écoute est à prévoir avant l'achat.
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