J'en parlais encore il n'y a pas si longtemps avec un ami amateur de doom, entre deux pintes : « les Anglais, ils sont trop foooorts » (pour plus de réalisme, imaginez un petit homme chancelant hésitant entre continuer à boire et courir fissa aux toilettes). Même sobre, j'ai tendance à être d'accord avec mon moi pas très lucide, tant des formations du Royaume-Uni continuent de me mettre des calbotes sans crier gare. Perfide Albion.
Inutile de préciser que Ghold est Anglais, ce dernier commençant à être connu pour qui aime son metal lourd et lent (l'introduction, peu originale, l'aura de toute façon laissé deviner). Anglais comme Conan, Pombagira ou encore Palehorse, trois groupes auxquels les Londoniens me font penser tout en possédant une identité propre. À la manière de son grand-frère
Of Ruin (premier – et déjà bon – album de 2015),
PYR propose un doom metal moderne n'ayant pas peur de crisser au point de flirter avec le drone, voire la noise. Un style qui, sur le papier, peut faire croire que l'on tient là une entité de plus où se fendre le crâne. Et difficile de donner tort aux spéculateurs : « tellurique » n'est pas un vain mot ici, ces quatre morceaux (plus une piste fantôme pour les heureux possesseurs de la version CD) déchaînant les enfers à la moindre occasion. Dès « Collusion With Traitors », un son grésillant, lourd sans paraître excessif signé James Plotkin enrobe de sa puissance des riffs primitifs au possible, lorgnant même parfois vers le death metal le plus préhistorique (« Despert Thrang » par exemple). Et ce n'est pas cette voix caverneuse qui enlèvera cette impression d'entendre un massacre entre brutes pour le feu, loin de là ! Si, à ses débuts, Ghold pouvait de temps en temps faire penser qu'il valorisait le colossal au détriment de l'accroche, il monte le niveau d'un cran sur ce disque, devenant à la fois machine de terreur et endroit propice où vénérer le riff. À coup de marteau.
Mais
PYR n'est pas que ça. Jouissif en tout point, il finit par laisser découvrir sa part atmosphérique où les nombreuses pédales d'effets utilisées ne sont pas là que pour alimenter une force de frappe qui, de toute façon, se débrouille très bien toute seule. Non : des références qui parcourent sa rencontre avec lui, il finit par se voir comme frère de
Palehorse plus que de n'importe quel autre (plus gros) nom. Les deux groupes ont d'ailleurs effectué une tournée commune dans leur pays d'origine et ce n'est pas pour rien, tant Ghold s'assimile à une version barbare des créateurs de
Harm Starts Here, toute aussi indifférente et folle-à-lier (clairement psychédélique derrière son enrobage en peau de mammouth, cf. les montées répétées de « Blud »), mais à l'époque des haches et des batailles interminables, où l'émo-tion n'a pas sa place. On se moleste aussi bien avec son corps que dans sa tête ici, chaque membre usé pour décapiter cachant un incroyable désir de violence mentale.
La brutalité comme religion, faisant jaillir de lames scintillantes de sang une étrange lumière (les chœurs féminins arrivant abruptement sur la fin de « Despert Thrang ») : voilà ce qui meut
PYR. Dans le même temps plus maîtrisé et jusqu’au-boutiste que
Of Ruin, son intensité ne lâche son étreinte que pour mieux ensevelir, telle une œuvre en mouvement constant où il est difficile de ne pas se faire emporter. On notera tout de même quelques moments de latence, où se recherche le rythme enfiévré rencontré auparavant (morceau-bonus un peu dispensable). Mais ce n'est rien face à ce sentiment d'avoir affaire avec une entité monstrueuse, étrange et pourtant d'une simplicité crue qui pousse à la rejoindre. Une force si vitale, puissante et inaltérable qu'elle devient celle de la nature. En un mot : primordiale.
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