Motörhead - Another Perfect Day
Chronique
Motörhead Another Perfect Day
L’année 1983 se révèle être charnière pour le monde du Hard-Rock et du Metal car entre l’explosion d’IRON MAIDEN et l’arrivée remarqué des jeunes membres de METALLICA et SLAYER, Lemmy et Philthy doivent remettre les pendules à l’heure suite au décevant
« Iron Fist », et au départ de « Fast » Eddie Clarke qui vient de fonder FASTWAY. Le binôme a surpris tout son monde en recrutant en catastrophe l’ancien THIN LIZZY Brian Robertson dont le talent n’est plus à prouver, mais dont on se demande comment va se passer l’assimilation avec les deux fous furieux. Certes le public s’est rendu compte du niveau du bonhomme sur la fin de la tournée américaine, mais il lui restait à capter en studio sa touche personnelle sur les nouvelles compositions et le résultat va en surprendre plus d’un.
Dès la première écoute de ce nouvel album on est vraiment étonné de la nouvelle orientation du trio, car leur son n’a jamais été si mélodique, en plus la production très sèche laisse beaucoup de place à la reverb’ et surtout les nombreux solos de son nouveau membre allongent les morceaux pour leur donner une durée inédite jusqu’à présent. Autant dire que tout cela déconcerte au départ, pourtant quand on s’y penche un peu plus en détail on se rend compte du boulot de titan accomplit par ses géniteurs qui ont réussi à complexifier leur musique tout en la rendant plus abordable, sans que celle-ci ne perde en puissance et en accroche. Car malgré ses nouveaux éléments on reste quand même en terrain connu et balisé, en effet l’intro de basse de « Back at the Funny Farm » qui ouvre les hostilités (comme sur leurs deux précédents disques) nous montre qu’on ne risque pas d’être totalement décontenancés, puisqu’on retrouve la patte typique du trio agrémenté d’un groove plus important et d’un jeu de batterie plus compact et varié.
On sent que le binôme originel s’éclate totalement avec son nouveau gratteux car les gars n’ont jamais autant varié les tempos, alternant à leur aise les morceaux mid-tempo et les autres plus rapides et remuants avec aisance, notamment via Philthy qui n’a jamais été aussi précis et dont on sent qu’il prend son pied à l’instar de ses comparses. « Shine » est un de ces exemples où l’on retrouve tous les ingrédients classiques des précédents disques, le tout avec plus un groove plus affirmé et un chant plus posé qui réussit à garder son agressivité. Si ce dernier est une vraie réussite, que dire de plus sur les monstrueux « One Track Mind » « Dancing on Your Grave » et « I Got Mine » ? Si le premier est un petit bijou de lourdeur, il est sublimé par son introduction ravageuse et surtout les solos de folie qui pendant presque six minutes au total ne nous font pas décrocher un seul instant. Avec les deux autres on est là aussi en pleine nouveauté mais sans dénaturer la base du groupe, on s’en apercevra quand Phil Campbell et Mikkey Dee les reprendront sur scène deux décennies plus tard, car si leur son sera moins personnel ils se fondent impeccablement dans le moule du bombardier. Cependant la collaboration avec Brian Robertson s’arrêtera là car le bonhomme n’a rien fait pour arranger les choses et se faire accepter à la fois par le groupe et les fans. En effet outre ne pas vouloir jouer les anciens morceaux de ses partenaires, son look improbable et coloré en fera la tête de turc du public, avant d’avoir la mauvaise idée de vouloir tenir tête à Lemmy et le concurrencer en matière d’alcools et autres stupéfiants (ce qui est absolument impossible).
Si en 1974 Claude François chantait qu’il était « Mal-Aimé », on pourrait finalement presque en dire autant de ce nouveau bébé qui a été particulièrement mal reçu lors de sa sortie, malgré ses qualités indéniables. Du coup il faudra attendre vingt ans pour qu’il soit enfin remis à l’honneur en concert, où l’on finira par s’apercevoir de ses immenses qualités et qu’il soit redécouvert, d’ailleurs il est dorénavant considéré comme un des tout meilleur disques de la bande toutes périodes confondues, ce que son leader reconnaîtra avec le recul tout comme de nombreux fans. Il n’y a effectivement quasiment rien à jeter et il faut voir l’ensemble comme un aparté dans leur carrière (qui aurait probablement fait exploser le groupe si son nouveau-venu était resté) mais qui est parfaitement en raccord avec ce qui a été fait avant et ce qui fera après, et qui sera le début d’une nouvelle histoire avec les grandes manœuvres qui vont arriver sous peu.
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