Motörhead - Sacrifice
Chronique
Motörhead Sacrifice
Alors qu’on arrive en plein milieu des années 90 l’heure est aux grands chamboulements dans la sphère metallique, d’un côté on a l’explosion de la scène Grunge et du Black Scandinave, conjuguée à l’arrivée du Néo-Metal via les premiers albums de DEFTONES, KORN ou LIMP BIZKIT. A l’inverse pour les leaders du Heavy et Hard traditionnel c’est la soupe à la grimace car outre une perte d’intérêt du public et des disques franchement moyens (comme « The X-Factor » d’IRON MAIDEN et « Jugulator » de JUDAS PRIEST), ceux-ci sont également frappés par une lourde restructuration interne (comme chez les deux géants Britanniques), et le quatuor le plus bruyant du monde n’y échappe pas également.
Car bien qu’il fête ses vingt ans d’existence et que
« Bastards » ait reçu de bons échos, il se retrouve une nouvelle fois plongé dans le doute car après le peu d’entrain de ZYX pour mettre en valeur son précédent opus il a cette fois-ci atterri chez SPV pour une collaboration qui s’avèrera fructueuse dans l’avenir. D’autre part dès le début de l’enregistrement de son dernier bébé Würzel se distingue par son manque d’implication, outre le fait qu’il n’a quasiment pas contribué à l’écriture des morceaux il n’a joué que quelques parties au final, donnant l’impression d’une cassure et d’une lassitude. D’ailleurs si son départ officiel dès la fin de l’enregistrement n’a surpris personne (mettant ainsi fin à une aventure de douze ans et six albums), on sent bien qu’il y’a une ambiance de fin de règne et une déception générale car l’ensemble de ces nouvelles compositions sont parmi les plus sombres qui n’ont jamais été composées par la bande.
Car outre la production très étouffée d’Howard Benson (qui rempile après son excellent boulot sur son prédécesseur) et la pochette sublime de Joe Petagno (qui n’est pas sans rappeler « L’enfer » de Dante) ce qui marque d’entrée c’est ce morceau-titre écrasant et suffocant via des rythmiques d’une lourdeur totale et mis en avant par le jeu tout en groove et en double de Mikkey Dee qui va là-encore réaliser une prestation de haute volée, et donner le ton général pour la suite à venir. Celle-ci donne encore dans la qualité avec le rapide et punk « Sex & Death » qui aurait très bien pu être écrit au début de l’histoire du groupe, et aussi le massif et écrasant « Over Your Shoulder » digne d’un semi-remorque remplit de son chargement. Cependant ce début en fanfare va un petit peu se calmer par la suite pour n’offrir que des morceaux « corrects » comparés à ceux-ci (mais cependant bien au-dessus de la majorité de la concurrence) car « Dog-Face Boy » et « All Gone To Hell » sont moins monumentaux que les précédents, cela n’enlève rien à leur qualité. D’ailleurs ceci est de courte durée car le très rock’n rollesque « Don’t Waste Your Time » (qui n’est pas sans rapeller « Angel City » paru sur
« 1916 ») remet les pendules à l’heure avec son piano et saxophone, afin de nous replonger dans une ambiance volontairement rétro, pour un rendu imparable et réussi qui permet d’entrevoir une éclaircie lumineuse dans la noirceur générale. Enfin « In Another Time » de très bonne facture et le surprenant et mélodique « Out Of The Sun » finissent de nous convaincre de la réussite et du brio du boulot réalisé par les sacrificateurs.
Bien qu’il soit un peu à part dans leur déjà longue discographie cet album est une vraie réussite qui demande néanmoins le temps de l’assimilation, car rarement une de leurs créations n’a demandé autant de temps et d’écoutes afin d’en saisir toutes les subtilités et la rage contenue de manière plus ou moins directe et claire. Un disque qui porte très bien son nom tant son accouchement a été délicat, et qui encore aujourd’hui par son côté atypique résume parfaitement la période transitoire traversée par le combo, qui décidait de rester en trio pour la tournée à venir. Car désormais seul gratteux à bord Phil Campbell annonçait à Lemmy qu’il se sentait dorénavant capable d’assurer lui-même toutes les parties musicales, ce qui ravissait ce dernier qui souhaitait depuis quelques temps retrouver cette forme originelle où il pouvait se permettre plus de fantaisies au niveau de son jeu de basse. Libéré d’un poids c’est un tout nouveau guitariste qui apparaissait lors des concerts, plus mobile et n’hésitant à faire du jeu de scène il permit également à ses acolytes de gagner du temps en n’ayant pas besoin de recruter un nouveau membre. Désormais soudés comme un roc dans leur forme définitive pour les vingt prochaines années, leur avenir s’annonçait radieux, chose qu’ils ne tarderont pas à confirmer d’ailleurs …
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