Motörhead - Bastards
Chronique
Motörhead Bastards
Après un
« March Ör Die » de transition, le quartet désormais épaulé à plein temps par Mikkey Dee décide de rapidement retourner en studio afin de lui donner un successeur digne de ce nom, tout en étant motivé comme jamais. Car l’arrivée du blondinet frappeur a redonné un coup de fouet au trio restant qui se sent pousser des ailes grâce aux nouvelles possibilités offertes par la palette technique du nouveau venu, ce dernier en plus d’être un vraie métronome est capable de diversifier à outrance son jeu sans aucun problème, et cela va se voir dès cette première livraison commune. Outre son titre qui montre un combo très énervé, l’ensemble des compositions est d’une grande noirceur et Lemmy n’a jamais semblé si enragé car il critique toujours autant la société, tout en dénonçant la guerre et ses absurdités ainsi que la pédophilie. Si le combo est dans une forme olympique, il faut également saluer le boulot effectué par Howard Benson qui pour sa première participation avec la bande signe un boulot remarquable, car de tous les albums de leur période à quatre il est celui qui a le meilleur rendu grâce à un son cristallin et d’une pureté impeccable, l’ensemble étant mis en exergue par un équilibre parfait.
Du coup quand la production et la qualité sont au rendez-vous cela signe un très grand disque, et cela saute aux yeux dès le départ car le combo démarre pied au plancher avec « On Your Feet Or On Your Knees » et « Burner » joués à cent à l’heure et qui ne sont pas sans rappeler l’époque avec Eddie Clarke. Si ces deux premiers titres nous montrent que les gars n’ont pas oublié leur passé et qu’ils sont encore capable de cavalcades guerrières et furieuses tout en sonnant plus actuel, la suite va confirmer le potentiel entrevu précédemment par ce line-up en évoluant vers quelquechose de plus lourd et technique, tout en conservant sa patte et son style. « I Am The Sword » lui nous montre un côté plus lourd et remuant avec son riff principal mais aussi avec son tempo typique et reconnaissable, avant que n’arrive le classique « Born To Raise Hell » devenu avec le temps un classique incontournable (et repris par nombre de formations depuis). Il faut dire qu’il est difficile de résister à son mid-tempo au groove contagieux, et à ses arrangements de guitares où la paire Phil Campbell/Würzel n’a jamais si bien sonné, et au refrain qui une fois rentré dans la tête n’en sort que difficilement. D’ailleurs pour revenir aux deux guitaristes ceux-ci sont pour beaucoup pour la réussite artistique de cet opus, tant leur complémentarité est ici à son sommet et cela s’entend tout du long.
Si cette première moitié du disque était plutôt énergique et puissante, la seconde sera quant à elle plus posée tout en n’oubliant pas les fondamentaux, car sous ses airs de balade « Don’t Let Daddy Kiss Me » est une charge contre les prédateurs sexuels infantiles, et se révèle beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît, tout comme « Lost In The Ozone » qui mêle parties calmes et harmonieuses à des riffs plus énervés. D’ailleurs Lemmy n’hésite pas à poser sa voix pour donner pour de volume et diversifier au maximum son propos, avant de clôturer les débats avec brio avec « I’m Your Man » et « We Bring The Shake » classiques et efficaces dans leur construction, puis surtout avec le tentaculaire « Devils » qui pendant six minutes bien lourdes et d’une grande réussite nous démontre que le quartet a signé sa meilleure œuvre sous cette forme.
Néanmoins encore actuellement cet opus manque d’une véritable reconnaissance, la faute au label ZYX qui l’a très mal distribué et n’a absolument pas fait son boulot à l’époque, malgré des critiques excellentes un peu partout dans la presse et de la part des fans. Ce qui est vraiment dommage tant le boulot effectué sur celui-ci est à saluer car il montre une nouvelle facette de la bande à cheval entre son passé et son futur, via une écriture plus pointue et une plus grande place donnée au mid-tempo (qui n’oublie heureusement pas la vitesse), qui représente la quintessence de cette période à quatre. Malheureusement cela ne va hélas pas durer, car les choses vont une nouvelle fois se gâter par la suite, au risque de mettre en péril toute la structure et la bonne ambiance générale.
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