Motörhead - Ace Of Spades
Chronique
Motörhead Ace Of Spades
En cette fin d’année 1980 le troisième album du trio en à peine un an et demi est attendu comme le messie, il faut dire que celui-ci n’a pas chômé et déjà offert à ses fans une grosse louche de titres ravageurs aussi bien en studio qu’en concert où ils prennent toute leur ampleur, cependant si nombre de disques ont marqué les esprits durant les mois précédents personne ne se doutait de l’impact qu’allait avoir le nouveau bébé de Lemmy et ses pistoleros. Car avec sa pochette inspirée par les western-spaghetti et Sergio Leone (et réalisée dans une carrière du nord de Londres – bien loin de la Sierra Nevada et de l’ouest américain) le bon, la brute et le truand n’allaient pas faire de quartier aux oreilles de ses détracteurs, tout en forgeant un peu plus sa légende d’Attila scénique.
Cependant après deux réussites on sait bien que la passe de trois est toujours délicate, mais si on la franchit correctement c’est en général la confirmation d’une longue carrière en prévision (IRON MAIDEN, SLAYER et METALLICA peuvent en témoigner), et c’est logiquement le cas pour les Britanniques qui ont mis toutes les chances de leur côté. Si Jimmy Miller avait fait correctement le boulot auparavant il ne pouvait plus assurer décemment la production, du coup c’est Vic Maile (qui a aussi bossé avec GIRLSCHOOL) qui s’en est chargé et leur a enfin offert un son de studio à la hauteur de leurs espérances tant il sonne naturel et surtout puissant, et d’autre part en signant à nouveau des classiques à la pelle la bande nous montre qu’elle est à son sommet créatif et artistique. Il faut dire que cet opus s’ouvre sur un des morceaux les plus célèbres de l’histoire du Hard et du Metal, avec ce début martelé à la basse puis ensuite ce rythme élevé qui ne s’arrête que quelques secondes afin de mieux repartir et montrer que les cowboys n’ont jamais été si redoutables. Pourtant limiter cette galette à ce seul monument serait une erreur car la suite se révèle remplie d’hymnes incontournables et encore régulièrement présents pendant les innombrables tournées qui suivront jusqu’à la fin.
Basés sur un tempo majoritairement rapide on retrouve en premier lieu « Love Me Like a Reptile » dont le riff principal est un des meilleur composé par « Fast » Eddie Clarke et qui se trouve être aussi un des titres les plus dansants jamais écrit par le trio, s’ensuit l’écrasant « Shoot You In The Back » qui a écumé durant longtemps les concerts de la bande, à l’instar du fameux « We Are The Road Crew » bien puissant (et dont le loupé de son guitariste sur le solo de fin a été conservé pour plus d’authenticité) et qui fait partie de la longue liste de morceaux racontant la vie sur la route et en tournée. Légèrement plus lent « Jailbait » possède lui aussi cette touche imparable du groupe et ce son brut si bien restitué tout comme le magnifique « The Chase Is Better Than The Catch » dont la lourdeur en mid-tempo et tout en feeling a fait le bonheur des fans jusqu’à leur ultime tournée. Avec une des meilleures parties de basse du disque ce petit bijou aux cassures et au rythme très inspirées par AC/DC prouve à nouveau à ses opposants que la bande n’est pas uniquement bruitiste et fonçant aux amphétamines, mais qu’elle sait également faire preuve de plus de musicalité avec un « Philthy » qui sait jouer plus finement tout en gardant sa force de frappe et son côté brut de décoffrage (notamment via le fulgurant « The Hammer »), le tout avec des paroles toujours aussi bien écrites.
Avec cet opus le plus complet et le plus abouti depuis ses débuts les Britanniques explosent totalement les compteurs puisque celui-ci sortira directement à la quatrième place des charts locaux et prouvera définitivement aux râleurs que la conquête du monde voulue par Lemmy est bel et bien en marche. Il suffira de voir l’énorme succès de la tournée qui suivra pour le confirmer et qui sera immortalisée par l’énormissime « No Sleep’ Til Hammersmith » qui sera l’apothéose de ces premières années et qui placera pour très longtemps le combo sur orbite via un disque qui plus de trois décennies après sa sortie fait encore figure de monument tout comme « Back In Black » sorti pratiquement au même moment.
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