Motörhead - Motörizer
Chronique
Motörhead Motörizer
Depuis qu’il est revenu en 1996 sous forme de trio le bombardier est d’une régularité digne d’une horlogerie Suisse, car tous les deux ans quasiment à la même période on a droit à un nouvel album, une tournée qui s’ensuit et un passage quasi-annuel au mois de novembre au Zénith de Paris. On a également l’impression qu’il se bonifie avec l’âge tant
« Inferno » et
« Kiss Of Death » ont été des vraies réussites leur permettant un retour au premier plan presque inattendu, du coup on attend beaucoup de ce « Motörizer » qui reprend les choses où elles en étaient restées, notamment en continuant à bosser avec Cameron Webb. Si à ce moment-là Lemmy était suivi par Greg Olliver et Wes Orshoski pour mettre en boîte les images du documentaire qui lui est consacré (qui sera un très bel hommage et une réussite incontestable), ceci n’aura aucun impact ou compromis sur cette galette qui mélange habilement leur son actuel et plus ancien. Car même si le groupe a sorti quelques disques différents des autres il n’a jamais véritablement changé sa formule et son style, hors si la doublette précédente le montrait avec son temps ce nouvel opus laisse plus de place à son âge d’or, via des titres relativement courts où la majorité oscille plus ou moins aux alentours des trois minutes, et aussi par le terrible « Rock Out » dont le rythme, le phrasé et l’intro à la basse rappelle instantanément le furieux
« Iron Fist », et au résultat tout aussi accrocheur (qui deviendra d’ailleurs la chanson officielle du WWE Unforgiven de Cleveland en 2008).
Cependant résumer cette galette à ce seul titre serait une erreur, car elle en contient d’autres à la grande diversité comme l’excellent et rapide « Time Is Right » que l’on croirait sorti des sessions de ces deux prédécesseurs, et aussi « One Short Life » légèrement plus posé et dans l’esprit de ce qu’écrit Lemmy dans ce millénaire inspiré pour lui. Et puis forcément comme d’habitude on a droit à un morceau d’ouverture mené sur les chapeaux roues, à la fois expéditif et remuant, comme c’est le cas ici avec « Runaround Man » qui ouvre les hostilités de la meilleure des manières, sans chercher le renouvellement ni la prise de risques mais ça le fait et c’est bien le principal. Plus on avance dans l’écoute et plus on remarque (et confirme) la personnalité de chacune de compositions où l’on trouve le très bluesy « Teach You How To Sing The Blues » dont le nom ne laisse pas de place au doute, ou encore les très Heavy et accrocheurs « English Rose » et « Heroes ». Pour le premier on est presque en présence d’un hymne, tant son refrain est fédérateur et le riff principal se montre inspiré, il est juste dommage qu’il n’ait pas eu droit aux honneurs scéniques, comme pour le suivant (qui n’a rien à voir avec le classique de David Bowie) très lourd et au solo de grande qualité, malgré une durée globale un peu longue. Car bien qu’allant à l’essentiel la plupart du temps il faut reconnaître que tous ces bons passages se voient légèrement diminués par d’autres plus neutres comme « Buried Alive » et « Back On The Chain », loin d’être mauvais mais plus passe-partout et à l’intérêt moindre. Heureusement la fin est excellente avec le mid-tempo « The Thousand Names Of God » où Lemmy comme souvent dénonce l’influence des religions et les mensonges qu’elles propagent. Avec sa partie de guitare tout en slide (très inspirée par ROSE TATTOO) et ses riffs entraînants elle est parfaite pour en terminer, et a d’ailleurs eu une belle carrière lors des dernières tournées.
Bien que n’ayant pas l’homogénéité de ses deux grands-frères il n’en reste pas moins que le groupe confirme ses bonnes dispositions entrevues avec le passage au XXIème siècle, à l’instar de Joe Petagno qui signe une de ses plus belles œuvres avec cette pochette qui regroupe les armoiries de chacune des trois nationalités de ses membres : les armes royales d’Angleterre, le "Y Ddraig Goch" du Pays de Galles et le "Tre Kronor" de Suède, tout en n’oubliant pas le lien qui les unit à travers le célèbre Snaggletooth. Bref encore un disque de choix dans un catalogue désormais pléthorique, qui a plus de qualités que de défauts et qui contient son lot de classiques, ce qui sera encore le cas par la suite qui ne cessera pas de décevoir.
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