Motörhead - Bomber
Chronique
Motörhead Bomber
A peine le succès de
« Overkill » digéré le trio est de retour en studio seulement quelques mois après son dernier passage, il faut dire que leur label Bronze Records compte bien les rentabiliser au maximum et du coup pour ne pas prendre de risque on retrouve aux manettes Jimmy Miller tout auréolé par ce retour un peu inespéré. Cependant si leur première collaboration s’est faite sans trop d’accros ça ne sera hélas pas le cas cette fois-ci, en effet si le célèbre producteur a eu son heure de gloire avec la bande à Mick Jagger (s’occupant notamment du sublime « Exile on Main Street ») il n’est plus que l’ombre de lui-même ayant replongé dans les excès de drogue qui l’avaient mis sur la touche pendant plusieurs années.
Tous ces éléments font que ce « Bomber » est légèrement en dessous de son prédécesseur et n’a pas la notoriété qu’il est en mesure d’avoir, car effectivement on sent que derrière les manettes ça n’est pas optimal puisqu’on ne retrouve pas le son rocailleux et granuleux qui avait fait mouche peu de temps avant, et si la guitare a été mise plus en avant la basse et la batterie sont plus en retrait et sonnent même un peu faiblardes. Heureusement cela n’a pas d’importance majeure car la qualité des compos reste présente même si au niveau du tempo l’ensemble s’est plus alourdi pour gagner en densité ce qu’il a perdu en vitesse ce qui n’est pas rédhibitoire puisque cet opus contient comme chez son grand-frère (et ceux qui suivront par la suite) une liste de classiques absolus que l’on retrouvera très régulièrement lors des multiples tournées qu’ils enchaîneront par la suite. En premier lieu le morceau-titre est évidemment incontournable avec son riffing, son tempo imparable et son refrain mémorable repris à gorge déployée, avec aussi le court et redoutable « Dead Men Tell No Tales » (où le jeu brut et direct de Phil Taylor fait des merveilles) et surtout le magnifique « Stone Dead Forever » au tempo énergique et où chacun de ses membres se met au diapason, surtout Eddie Clarke qui parsème l’ensemble de solos tout plus réussis les uns que les autres. Ce dernier en pleine confiance se permet même de prendre le micro sur « Step Down » aux accents blues assumés et réussis (et dont le mixage lui rend justice) avant que Lemmy ne reprenne sa place sur le très bon « Lawman » plus posé mais qui n’en reste pas moins efficace, tout comme le lourd et mid-tempo « Sweet Revenge » au feeling indéniable.
Du coup même si elle reste moins souvent citée que son futur et grandiose successeur cette galette montre l’évolution rapide et brillante du combo qui est de plus en plus mature et offre des nouveaux titres dans la continuité des précédents tout en offrant un visage qui ne cessera de s’affirmer dans le futur où la vitesse ne sera pas seulement son credo car comme le disait souvent Lemmy MOTÖRHEAD était un groupe de rock n’roll joué à la fois plus fort, plus lourd et plus rapide, et de ce fait confirme qu’il n’est pas uniquement basé sur du tempo sous amphétamines mais qu’il vit aussi grâce à une multitude d’influences dont le son des 50’s qu’il ne cessera jamais de vénérer et d’incorporer au gré des pérégrinations de sa musique. Là on est en pleine continuité de ce qui a été fait de sa part peu de temps auparavant tout en servant de jonction à
« Ace of Spades » qui va débouler à peine un an plus tard chez les disquaires, le temps pour les trois compères de faire fureur sur scène avec leur mythique bombardier et leurs nouveaux morceaux avec un son plus incisif à la hauteur de leurs ambitions qui vont devenir de plus en plus internationales.
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