Motörhead - Kiss Of Death
Chronique
Motörhead Kiss Of Death
Continuant sur son rythme infernal de tournées et de sorties d’albums de façon métronomique, car après un
« Inferno » unanimement acclamé par la critique et les fans le trio revient en ce mois d’août 2006 avec son successeur intitulé sobrement « Kiss Of Death ». Si pour les cinéphiles les plus avertis cela évoque le classique du film noir de 1947 signé Henry Hathaway, avec Victor Mature et Richard Widmark connu en France sous le titre « Le carrefour de la mort » (et qui fera l’objet en 1995 d’un remake nettement moins convaincant de Barbet Schroeder, avec notamment Nicolas Cage et Samuel L. Jackson), ici il n’est nullement question de cinéma ou de polar en noir et blanc, même si la pochette et certaines paroles pourraient faire penser qu’on navigue en plein dedans. Si Mikkey Dee n’a jamais aimé le nom donné à cet opus, il a en revanche toujours apprécié sa qualité et son contenu et on ne peut que lui donner raison, car bien que plus sombre que son prédécesseur il contient parmi les meilleurs textes de Lemmy, conjugué encore une fois à une production imparable de Cameron Webb toujours fidèle au poste.
Ce dernier montre encore une fois qu’il est l’homme de la situation, capable de sublimer le son et la puissance du groupe pour lui offrir un rendu qu’il est en droit d’attendre, surtout quand les nouvelles compos sont à la hauteur des espérances, et qu’elles offrent un panel de variété sans dénaturer la patte du bombardier. Débutant par un « Sucker » des plus classiques et efficaces, ce baiser de la mort s’alourdit et se montre hyper efficace avec l’excellent « One Night Stand » au riffing imparable et qui gagne d’office ses galons de classique, tout comme le très heavy « Be My Baby » à la construction simple mais au rendu imparable qui donne envie de secouer la tête. Au-delà de ces deux titres régulièrement joués sur scène par la suite on trouve également de très bonnes choses avec les lourd et très noirs « Under The Gun » et « Kingdom Of The Worms » (dont les paroles ont trait à la mort), ou le très Rock’N Roll « Christine » dont le refrain reste un bon moment dans la tête, bien aidé en cela par le sens du riff de Phil Campbell toujours impeccable et inspiré. En parlant d’inspiration comment ne pas évoquer le sublime « God Was Never On Your Side » totalement atypique avec ses parties acoustiques et ses nappes de clavier atmosphériques ? Si à la première écoute il peut surprendre on se laisse totalement absorber par la mélodie et la mélancolie qui s’en dégage, bien que le sujet soit très virulent puisqu’il s’agit d’une critique acerbe de la religion, des sectes et des faux prophètes baratineurs qui nous entourent. La musique quant à elle progresse au fur et à mesure de son avancement, tout en laissant faire le solo par C.C. DeVille de POISON qui lui donne une vraie saveur en raccord avec l’ensemble, et rejoint la longue liste d’invités prestigieux qui ont collaboré avec Lemmy et ses différents acolytes depuis ses débuts.
Confirmant son retour en forme entrevu auparavant MOTÖRHEAD signe avec cette nouvelle œuvre une continuité attendue, tout en osant essayer certaines nouvelles choses qui sont des réussites indéniables, que l’on retrouvera de manière éparse dans le futur. Si certaines plages de cet opus sont un peu en dessous des autres, il n’en reste pas moins que celui-ci a suffisamment d’atouts (à l’instar de son excellent prédécesseur) pour plaire au plus grand nombre, à la fois aux fans historiques comme à la nouvelle génération qui doucement mais sûrement est de plus en plus nombreuse sur les innombrables dates proposées sur chaque nouvelle tournée.
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