Crimson Moon - Oneironaut
Chronique
Crimson Moon Oneironaut
Avec une formation datant de 1994, les Américains de CRIMSON MOON font tout de même figure de vétérans, à défaut d’être pionnier dans leur scène. Et pourtant ce ne sont pas à eux qu’on pensera en premier quand on citera le black d’Outre-Atlantique. La faute à une activité plutôt timide et un nombre d’albums limité. To Embrace the Vampyric Blood est sorti en 1997, Under the Serpentine Spell en 2005. Il y avait eu 8 années entre les deux. C’est cette fois-ci 11 ans qu’il aura fallu pour découvrir Oneironaut, presque autant que pour ANCIENT réapparu en 2016 avec Back to the Land of the Dead, 12 ans après Night Visit.
Scorpios Androctonus, seul membre d’origine encore présent, a d’ailleurs sévi auprès des Norvégiens, entre 1998 et 2001. Tout comme il a joué pour DETHRONED, DEMONCY, ou plus récemment MELECHESH, pour qui il a prêté sa basse et quelques vocaux. Il a toujours été actif et s’est créé un véritable réseau international, ayant même intégré les Grecs d’ACHERONTAS en 2012. Il a d’ailleurs quitté l’Amérique pour s’installer en Allemagne. Ce qui explique la présence dans CRIMSON MOON de Vual, alias Manuel Steitz, ancien batteur d’AGATHODAIMON et ANCIENT CEREMONY, d’Agreas, jeune guitariste de 20 ans repéré chez CARN DÛM et récemment embauché par NARVIK aussi et de Sabnoc, allemand lui également, guitariste mettant ses vocaux en soutien sur certains passages.
Voilà pour la présentation, qui finalement ne donne pas vraiment d’indice sur le contenu de ce nouvel essai. Composé de 6 pistes, il totalise tout de même près d’une heure de musique. Quatre pièces avoisinent les 8 minutes, une autre tombe à 5:30, et la dernière explose les compteurs avec 20 minutes ! Musicalement, le black metal de CRIMSON MOON est assez brutal, avec des ambiances occultes et maléfiques très en avant, mais avec également des éclairs lumineux de mélodies, de vocaux clairs ou de synthés crémeux. Pas dans le sens d’un groupe symphonique, mais plutôt dans le sens de « metal moderne ». Comparaison qui ne me satisfait pas totalement : CULT OF FIRE. On sent véritablement une approche similaire, dans le dosage de l’agressivité et des riffs qui viennent assaisonner l’ensemble. Le tournoiement des guitares sur « Molding of a Spell » est très réussi. On pense même beaucoup à Ascetic Meditation of Death et ses passages orientaux avec l’ajout récurrent d’un instrument à cordes. Cette espèce de cithare qui s’invite sur des intro, outro ou breaks apporte une spiritualité similaire à celle des Tchèques.
Ils n’en abusent pas et chaque piste s’écoute alors en tapant du pied. Par contre, la dernière piste, celle qui dure 20 minutes, en fait des tonnes. Elle devient d’ailleurs quasiment instrumentale à partir de 10 minutes, avec une succession de guitares, acoustiques, et de percussions tribales, tout juste soutenu par une voix invocatrice. Oui, j’ai pensé fortement à ORPHANED LAND.
Cet album est intéressant, avec des surprises qui marchent. Mais si la référence à CULT OF FIRE ne me satisfaisait pas, c’est parce que CRIMSON MOON ne tient pas la comparaison. Il fait bien le travail, il sait martyriser puis caresser les oreilles, mais il reste encore en retrait et ne pourra pas s’imposer de la même manière. Un album de black qui prend des risques sans non plus entrer dans le péteux, gardant la trve attitude en tête..
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