Eh bien le voilà enfin l’album tant attendu de cette année, celui de ce groupe si original qui crée toujours la polémique et divise les fans de black metal. Mesdames et Messieurs, voici donc PN. PN pour
PESTE NOIRE bien entendu ! Pardon ? Ah, ce n’est pas
PESTE NOIRE mais
PENSEES NOCTURNES... Ah oui, j’ai confondu ! C’est à cause des initiales qui sont les mêmes bien sûr mais aussi parce qu’ils sont tous les deux français et ont la même manie de malmener le black pour y intégrer tout et n’importe quoi ! Alors je dois reprendre ma présentation car pour
PENSEES NOCTURNES ce serait plutôt : « Eh bien, le voilà enfin le nouvel album de ce groupe que certains suivent fidèlement. ». Effectivement, on est un grade en-dessous, mais que voulez-vous, c’est un fait,
PENSEES NOCTURNES fait moins parler que
PESTE NOIRE... Et pourtant ce n’est pas faute d’être tout autant sujet à polémique, comme la suite de la chro va le rappeler ! Alors pourquoi parle-t-on moins de ce groupe porté par l’unique Vaerohn ? Peut-être parce qu’il se met moins en avant ou parce qu’il a fait des choix surprenants comme celui de sortir son album précédent, le troisième, de manière plus confidentielle.
Ceci est de la musique était ainsi sorti en version ultra limitée pour « manifester contre le téléchargement abusif » selon les rumeurs. Qu’elle soit vraie ou non, le fait est que moi-même n’avais pu avoir un exemplaire, et fait donc partie de ceux qui retrouvent le groupe après 3 ans, après un
Grotesque riche et ambitieux, et donc avec les ingrédients idéaux pour en faire un album controversé.
Nom d’une pipe !, qui signe le retour chez Les Acteurs de L’Ombre, en est la continuité et prouve que rien n’a vraiment changé. Les 9 titres qui le composent et totalisent 50 minutes d’une curiosité rare seront alors tout aussi haïs ou adulés que ceux des anciens albums. La rareté, elle vient de la capacité du groupe à retranscrire en musique notre société et à en faire ressentir tous les aspects, positifs ou négatifs. Ici, nous en retrouvons aussi bien le génie, que son ridicule, sa beauté, sa suffisance, sa fragilité et ses incohérences et contradictions. La musique est un reflet de notre monde humain et des désillusions qu'il peut inspirer. Pour ce faire, elle fait appel à un black metal mêlé à toutes sortes d’autres styles, principalement du modern jazz (soutenu au saxophone) et du classique (piano et cordes) mais aussi à quelques gouttes de reggae. Tout du long le rythme varie sans cesse, la furie laisse la place à une acalmie qui installe souvent la mélancolie ou le mal-être avant de réinstaller un apparent chaos. De plus, de nombreux samples sont utilisés pour conforter les ambiances et donner du propos. On trouve ainsi Coluche parlant de la famine, Raymond Devos se rappelant l’accordéoniste Léon, mais aussi Mireille Mathieu qui veut interpréter la Marseillaise « en l’honneur de notre (ancien) président, Nicolas Sarkozy »...
Tous ces éléments – mélanges de style, variations de rythmes et samples - font la particularité de
PENSEES NOCTURNES et créent un univers extrèmement caustique et laid. L'intérêt n'est pas dans la beauté mélodieuse, et effectivement c'est souvent désagréable à l'ouie, mais c'est volontaire puisque c'est le concept ! Vaerohn appelle à la réflexion et chaque détail peut vouloir dire quelque chose. Or, comme toute référence, il y a des dangers. Celui de ne pas être compris d’abord, et celui que le message prenne le pas sur le plaisir auditif ensuite. Je me souviens d’ailleurs d’un commentaire de Vaerohn suite à ma chronique de
Grotesque. Il m’expliquait que si l’auditeur critiquait sa musique c’était en grande partie parce qu’il lui manquait certains éléments pour la comprendre réellement. Je n’étais pas d’accord car il me semble que la musique doit pouvoir se savourer même si les références ne sont pas saisies. Et cela ne peut en aucun cas être la faute de l’auditeur s’il n’a pas les clés permettant de comprendre un concept car chacun a des expériences et un vécu différents. Alors si les « Olés » qui apparaissent en plein milieu d’un titre déplaisent à l’un d’entre nous, pouvons-nous lui dire qu’il se trompe parce qu’il n’a pas compris le but de la présence de ces « Olés » à tel instant ? Il en va de même avec le sketch de Coluche, c’est vrai que le texte sert parfaitement le concept décrivant l’absurdité de notre monde mais si cette référence échappe aux étrangers, perdent-ils le droit de dire que ce passage est longuet ? Ma réponse est évidente, la musique (ou musicalité) prime sur le contenu. Il faut allier la forme et le fond en quelque sorte, sinon la frustration sera évidente, presque légitime. C’est pour cela que même si j’imagine que chaque passage a été savamment pensé et orchestré dans un but précis, je ne peux pas tous les savourer. J’ai du mal par exemple avec les cris féminins au début du « Berger » et d’autres apports un peu trop lourds.
Ce qui est sûr c’est que comme
PESTE NOIRE,
PENSEES NOCTURNES innove et voit loin. Il joue le mélange des styles avec sincérité et propose un regard désabusé sur notre société. Mais contrairement à Famine, et c’est peut-être cela qui différencie finalement les deux groupes, il ne donne que l'impression de
constater là où l’autre semble plutôt
contester ! Entendu de loin, cette musique en rebutera beaucoup et fera sourire ceux qui ont peur de l’inconnu, mais si l’effort de plonger dans l’album est fait, ce sera une réelle expérience, intéressante à défaut d’être plaisante du début à la fin... Le livret est bien entendu du même acabit avec des textes loufoques qui ne sont pas ceux chantés. Ce sont plutôt des scénettes de bons mots qui viennent soutenir chaque morceau. Exemples :
« Ni homme, ni Dieu et pas si bête je m’éloigne... »
« Savais-tu (...) qu’une horloge arrêtée donne, durant un instant infiniment court, deux fois la bonne heure par jour ? »
« J’aimerais avoir la peau lisse. Une sirène à la peau lisse, ça peut éviter des accidents de la route »
« Faut pas faire rire les œufs qu’on veut faire frire, faut pas que ta poêlée se poile »
Et comme pour la musique, chacun interprètera les textes à son gré, et détiendra sa propre vérité, même si elle est différente de celle de son auteur, car c’est bien encore l’une des qualités de l’art que de pouvoir s’adapter au bon vouloir de celui qui en profite. Il se peut donc que Vaerohn ait tout simplement réellement voulu parler de "sirène", d'"hommes à la moustache" ou de "valseurs", mais cette chronique présente mon sentiment, celui que la musique n'a cessé de faire naître en moi au fil des écoutes... Alors finissons avec les paroles qui ferment l’album : « Il est minuit, tout est tranquille, dormez braves gens », un message que je vous laisse libre de comprendre comme vous le voulez et que vous pourrez commenter ci-dessous si vous êtes inspirés.
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