Pensées Nocturnes - À boire et à manger
Chronique
Pensées Nocturnes À boire et à manger
Quand on parle de PENSEES NOCTURNES, les réactions sont assez violentes. C’est que la tournure prise par le bonhomme derrière la musique n’a pas été celle prévue. Le premier album avait lâché de fortes odeurs dépressives et torturées accompagnées d’ajouts originaux tel du blues. La suite était devenu un chaos organisé, une musique et un monde « difficile d’accès » pour les plus polis, une « merde pas croyable » pour les autres. Le maestro n’a pas changé, assumant même au contraire de plus en plus ses choix, sa différence, son décalage. Il n’avait d’ailleurs pas hésité à intervenir lui-même dans les commentaires de chroniques ou sur les forums pour venir contre attaquer et marteler sa position pour protéger ses petits rejetons musicaux.
Cet homme, c’est Vaerohn. Vous pouvez aussi l’appeler « le clown de service ». Non seulement il est habitué, mais c’est lui qui reprend cette expression pour se présenter dans le livret de ce cinquième album. « Vaerohn, le clown du spectacle » n’est donc plus une insulte, mais un fait. Et c’est une description juste. Pertinente même. Car A boire et à manger n’est pas un album de musique. C’est un spectacle de cirque. Et si notre musicien est le clown, ne riez pas trop fort, car vous faites également partie du spectacle. C’est de vous tous que parle ce spectacle ! Les morceaux sont inspirés par notre société et en propose une représentation déformée, avec des gros traits, des gros nez, des grosses chaussures. Ce spectacle est musical, certes. Mais il va vous faire tiquer. Ne serait-ce que le timbre de voix, toujours aussi horrible, agressif par son manque de justesse et qui donne envie de pleurer tant il fait souffrir. Le mal de crâne ne s’arrête qu’à deux moments, lorsque les vocaux sont absents : « Interlude Satierienne » et « Morceau en moins », qui nous prouvent que la musique peut se faire douce si elle n’est pas accompagnée du chant. Quoique celle-ci aussi arrive à nous malmener. Elle nous tiraille dans tous les sens et mêle tout à n’importe quoi, n’hésitant pas à abuser de l’accordéon, du piano ou de la trompette. Ces ingrédients engendrent un résultat étrange, dérangeant, laid ou encore ridicule. Comme la vie !
J’en suis persuadé, si cet album est un cirque, c’est parce que notre monde en est un. Et nous en faisons tous partie. Haïr cet album, c’est haïr le monde. Ce qui n’est pas si difficile finalement... Sauf que le spectacle n’est pas assuré que par un clown. Nous découvrons des numéros divers. De la peur, des sursauts, du WTF, mais aussi des moments où l’on retient son souffle et d’autres où l’on découvre de la poésie (« La Java Niaise »).
Vaerohn est donc le clown. Accompagné de funambules, de jongleurs, de dompteurs, d’équilibristes, de conteurs, de gros messieurs qui rient grassement. Vaerohn est derrière la plupart des instruments et des vocaux. Accompagné de Hazard (WAY TO END) et de Vestal (ANUS MUNDI, MERRIMACK) au chant pour un titre chacun, respectivement sur « L’Hélicon » et « L’Aphone et la Flore ». Accompagné de GG la pédale à la batterie, de Ginette à l’accordéon, de Monsieur Erik S. Et Jelly Roll Morton au piano, de Marcel A. à la trompette. Accompagné de nous tous pour l’inspiration. Nous avons sans doute notre responsabilité avec nos actes grotesques, nos plaisirs fades et risibles, nos espoirs touchants, nos manies désagréables.
Dans cette chronique vous n’aurez pas plus d’informations sur les 9 pistes qui vous attendent. Il faut juste savoir que l’objectif de cet album n’est pas esthétique. Bien sûr, il y a quelques plaisirs à le découvrir, mais il a plus pour mission un travail artistique. C’est un projet autour d’un concept fort, et d’une identité qui l’est encore plus. Vos yeux vont se plisser, s’écarquiller, se fermer, piquer un peu. Votre cervelle va bouillir, cramer, implorer, planter un peu. C’est une expérience à la fois douce et amère. Mais sûrement pas une expérience qu’on a envie de réitérer trop souvent. On écoutera cet album avec modération, comme on ne va pas au cirque tous les jours. On ne le mettra pas en fond sonore quand on a des amis à la maison. On aura la curiosité de le ressortir quand on se sentira en phase avec lui, lorsqu’on aura envie d’observer notre monde avec les oreilles. Ou alors on continuera de dire que c’est de la merde.
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