« Ah, sa mère la pute, comment je m’y attendais pas à cette pénétration bien profonde ! »
C’est à peu près ce que je vous aurais dit si je n’avais pas la belle éducation qui est la mienne et si j’étais capable de jurer comme un charretier. Parce que voilà, j’avais chroniqué le 1er album de ces Ecossais en 2013, et s’il m’avait convaincu, il ne m’avait pas non plus impressionné. Et je dois avouer qu’avec les années, je l’avais même laissé dans un coin sans y revenir véritablement. L’annonce de la sortie du deuxième opus ne m’avait donc pas plus enthousiasmé que cela, mais c’est une évidence, le groupe est parvenu à garder ses qualités, à gommer ses défauts et à sortir ainsi un album de tueur qui en met plein les oreilles pendant 47 minutes.
Quand j’ai parlé de
CNOC AN TURSA la première fois, avec
The Giants of Auld, je ne pouvais pas encore faire de rapprochement avec
SAOR, qui s’appelait encore
ÀRSAIDH et s’apprêtait à sortir
Roots. Et bien les deux groupes ont des similitudes tout en étant très différents. Déjà, les deux groupes ont la même envie : faire un metal très inspiré par leurs contrées, leur histoire, leur culture. Mais alors qu’Andy Marshall joue à fond la carte de l’introspection et de la carte postale aux magnifiques décors, le quatuor n’en fait qu’une de ses facettes, se concentrant plus sur l’énergie, le dynamisme et la force épique. Alors que le premier nous emporte dans la nature,
CNOC AN TURSA utilise le même décor mais se concentre sur l’humain. On voit très bien un guerrier foncer dans la bataille, se débattre, frapper, prendre des coups aussi.
L’album commence par une introduction de deux minutes. Le seul bémol de l’album, qui ne sert à rien puisque la piste suivante, « The Yellow Locks of Charlie » débute aussi par deux minutes d’intro qui nous emporte dans les Highlands de
SAOR. Instruments traditionnels, chœurs célestes, envolée, et puis l’orientation change subitement pour faire apparaître un mélodeath pagan épique d’une force surprenante.
Il se peut que les vocaux déplaisent à certains, mais j’ai apprécié le fait que ces hurlements core restent toujours égaux. Le fait qu’ils varient peu, n’aillent ni dans les aigus ni dans l’expérimental, tranche bien avec la quantité de nuances musicales. Parce que là je vais ressortir ma liste d’influences, mais on navigue de parties tirées de
MOONSORROW à d’autres que ne renierait pas
VARG. Et les ambiances
SAOR qui reviennent sporadiquement. Il y a des flûtes, des pianos, des chœurs qui se promènent et viennent nous piquer droit au cœur entre deux accélérations survoltées. Chaque piste est ultra catchy. A tel point que ça m’a énervé aux premières écoutes. Je cherchais les faiblesses, et à chaque piste je me disais : « Sur celle-ci la mélodie est bien trouvée, la tension est au max, le break enfonce le clou... La suivante ne pourra pas être au même niveau ». Et ça l’était ! Pourtant ce n’est pas mon genre de prédilection... Je n’ai pas pu résister au boulot monstre qui a été abattu et à cette efficacité continue.
Et c’est le souci du détail, l’envie de se surpasser qui explique aussi que la durée moyenne des pistes a explosé. Sur
The Giants of Auld, une seule sur dix dépassait les 5 minutes. Cette fois-ci il y a 8 morceaux, 5 dépassent ou avoisinent les 7 minutes. Un seul est court avec 4:27 (« The Standard on the Braes o’Mar »), mais remplit suffisamment l’estomac par la fougue de ses riffs . Les deux autres sont l’intro et un intermède de 2 minutes au piano.
Ah là là, sincèrement, j’ai été bluffé. Je ne m’attendais pas à une telle qualité, et à moins d’être à la base désintéressé par le style, il faudrait être blasé ou devenu fou pour ne pas trouver du plaisir dans
The Forty Five. Peut-être pas sur la durée, il est trop direct pour cela, mais pas non plus sur le court terme comme son prédécesseur. Et si j'y reviens encore dans 6 mois, je lèverai la note actuellement de 8.5.
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