Malkavian - Annihilating The Shades
Chronique
Malkavian Annihilating The Shades
Depuis quelques années la scène Nantaise montre un potentiel très intéressant via des formations aux styles certes diamétralement opposés, mais à la qualité constante, qui font de plus en plus parler d’elles. Parmi celles-ci on peut facilement citer WAR INSIDE, INCIPIENT CHAOS et MALKAVIAN, ces derniers reviennent aujourd’hui après un premier album remarqué (l’agréable « The Worshipping Mass ») qui leur avait ouvert les portes du Metalcorner au Hellfest 2015. Désormais signé chez les Bretons de Finisterian Dead End le combo armé d’un nouveau guitariste remet le couvert et conserve son style si rentre-dedans avec ce « Annihilating The Shades » qui confirme tout son potentiel et le bien qu’on pensait de lui. Evoluant toujours dans un registre Thrash moderne saupoudré d’une grosse dose de Groove énergique qui sent bon les Etats-Unis (principalement WARBEAST, LAMB OF GOD et PANTERA) et mis en valeur par une production surpuissante qui donne une vraie dynamique pendant les trois-quarts d’heure de musique à venir.
Avec exactement quarante-sept minutes au compteur pour un total de neuf titres cela peut paraître beaucoup, et comme on s’en apercevra au fur et à mesure de l’écoute ce sentiment sera bel et bien fondé et apparaîtra à plusieurs reprises, même si cela n’enlèvera en rien à la qualité de cet opus. Car le bond en avant franchi par le quintet est impressionnant, on sent qu’il a pris de la bouteille et que les nombreux concerts donnés lui ont été bénéfiques, tant le niveau technique a progressé, en premier lieu celui du batteur bluffant de maîtrise et qui se montre autant à l’aise sur les parties extrêmement rapides que sur celles plus lourdes, où il arrive à conserver un jeu très dense et homogène. L’autre force de cette galette est sa grande variété car les gars n’hésitent jamais à ralentir et à s’alourdir, tout en favorisant sur certains passages des tempos ultra-rapides et riffs bien rentre-dedans. Ce dernier point se retrouve sur les morceaux les plus radicaux et à la durée la moins longue, comme « Altar Of The Damned » qui outre le fait d’être celui qui soit le plus court nous balance une brutalité imparable dans la tronche car ici point de chichis malgré quelques moments plus lourds mais qui ont la bonne idée de ne pas s’éterniser. Sans fioritures aucune celui-ci est la première excellente surprise de l’album, qui sera suivie par « Encryption Process » qui se montre à la fois remuant et rapide et reprend les idées antérieures du combo en les améliorant, tout comme « Kba » qui s’enchaine parfaitement avec la précédente. Ici on a droit en plus à quelques rythmiques légèrement syncopées, ponctuées par énormément de rapidité et un solo de très haut niveau et inspiré, avant que la fin plus massive ne donne envie de bouger la tête pour venir ponctuer un triptyque de haute volée.
Entre tout cela l’excellent morceau-titre n’a pas à rougir et se révèle de très bonne tenue également, et la variété de mise, car là on passe sans problème de tempos plus lents et massif à d’autres bien plus enragés, où l’on s’aperçoit de toute la palette technique de la bande qui a pris une vraie maturité et qui n’hésite pas à dérouter au besoin. Ce terme correspond assez bien à l’introduction de « The Great Overset » qui nous offre un son synthétique presque spatial avant ensuite de retourner à ses classiques et base de travail (même si une certaine répétition des idées s’entend sur la fin), tout comme avec « Ruins » un peu surprenant de prime abord. Car là encore le début va étonner car on est en présence d’une guitare dont les notes se font angoissantes avant une montée plus puissante mais au tempo toujours bridé, sans compter un break étonnant où la voix de Romaric lorgne du côté de Jonathan Davis de KORN, pour un résultat atypique et déroutant mais qui est réussi dans l’ensemble.
Autant dire qu’une fois écouté en intégralité on ne peut que saluer la qualité générale de ce disque qui fout une pêche d’enfer grâce à l’énergie incroyable amenée par ses créateurs qui n’arrêtent pratiquement pas du début à la fin. Entre un frappeur qui martyrise son kit en continu, la complémentarité des deux guitaristes et les nombreuses modulations du chant il n’y a rien à reprocher techniquement, et surtout pas le risque de trop-plein qui est ici absent et appréciable car tout se digère tout seul. Cependant comme expliqué au départ pour gagner encore plus en accroche il aurait sans doute été souhaitable (afin d’aller plus à l’essentiel), de raccourcir certains passages comme sur « Resurgence » et « Spit Away » qui sont répétés un peu trop inutilement et qui font perdre un peu d’intérêt et d’attention. Malgré ces quelques petits défauts on reste quand même en présence d’une réalisation qui se place dans le haut du panier, mais qui va demander un peu de temps pour être bien assimilée, tant le côté légèrement hermétique et moderne peut surprendre voire rebuter au départ.
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