Si les formations venues de Suisse sont relativement peu nombreuses, celles-ci ont comme point commun une grande originalité au niveau de leurs styles respectifs et/ou une qualité musicale et technique reconnue par tous, il n’est donc pas étonnant que BLACK WILLOWS ne fasse pas exception à la règle. Après
« Haze » sorti en 2013 qui avait bénéficié d’excellents retours aussi bien de la part des auditeurs que de la presse et webzines spécialisées le combo toujours mené par le chanteur/guitariste Aleister Crowley (désormais en trio) remet le couvert et pousse l’expérience sonore et instrumentale encore plus loin, mais sans changer ses habitudes puisqu’à l’instar de son grand-frère « Samsara » a lui aussi été enregistré à Austin chez Erik Wofford, qui arrive une nouvelle fois à retranscrire parfaitement les ambiances psychédéliques et hallucinatoires, tout en nous faisant voyager dans les tréfonds de l’âme humaine et de ce que le cerveau peut nous offrir. Pendant plus d’une heure les Helvètes vont pousser l’expérience plus loin et plus fort que son prédécesseur, car les six titres se révèlent d’une richesse insoupçonnée où l’on se retrouve transporté et envoûté, comme cela est le cas avec le morceau-titre qui fait office d’introduction et qui déjà épate par sa qualité sonore remarquable. Celle-ci est d’une netteté et clarté magnifique, ce qui permet au bruit de fond de prendre rapidement aux tripes l’auditeur et de se laisser happer par cette ambiance entre mysticisme et envoûtement aborigène où règnent uniquement les notes de claviers, les autres instruments se préparant pour « Sin » qui va suivre et qui va s’enchaîner avec brio avec la précédente.
Car ici on est en pleine obscurité, l’ensemble démarre avec des notes de guitares froides et lentes qui se répètent de manière hypnotique, conjuguées à une batterie dont le tempo très Doom est totalement en raccord, avant que le chant presque religieux et en reverb’ n’arrive pour donner plus de mystère à tout cela. S’ensuit un break qui permet aux musiciens de pousser un peu plus fort l’expérience, avant que l’ensemble ne retrouve son rythme de sénateur et nous sorte un léger côté tribal avec des notes de guitares coupantes pour mieux apporter la noirceur jouissive voulue, pour un résultat final qui passe très bien et qui s’agglomère avec brio. Plus on va avancer et plus la suite va offrir un récital majestueux et limpide, en premier lieu avec « Rise » qui durant presque dix minutes va mettre en valeur les nombreuses idées du combo, car après une longue et lente boucle musicale où tous les instruments sont présents on s’aperçoit que le chant y est distillé avec parcimonie, afin de ne pas interrompre l’expérience extrasensorielle. Légèrement plus pêchue la suite est également plus électrique et saturée ouvrant de nouvelles perspectives de voyages et des portes de la perception. Le court « Mountain » joue les montagnes russes avec trois parties distinctes, et débute par quelquechose de lent où le chant est plus présent qu’auparavant, puis celui-ci s’estompe pour laisser la place à un passage instrumental plus massif durant quelques temps avant que celui-ci ne laisse place à ce qui se faisait au départ et ne voit le retour de la voix d’Aleister pour conclure un triptyque des plus réussis, qui sert de rampe de lancement aux deux pièces-maîtresses qui vont suivre et qui seront grandioses.
Durant un quart-d’heure incroyable « Jewel In The Lotus » va réussir à captiver de la première à la dernière seconde (notamment via ses paroles en Sanskrit), et commence par quelques notes douces avec juste la basse chaude et discrète pendant presque un bon tiers du morceau, avant que les notes se fassent plus affûtées et que le batteur sorte de son sommeil pour offrir un tempo encore une fois lent et massif. A ce moment-là nulle trace de voix, il faut attendre la seconde moitié pour qu’il vienne envoûter encore plus l’auditeur déjà parti très loin de son quotidien, en y ajoutant du son plus écrasant afin de diversifier au mieux son propos, et d’éviter la redondance que l’on ne trouve pas ici, car malgré sa durée globale aucun signe d’ennui ce qui est un vrai fait d’armes également. Et que dire enfin sur « Morning Star » nocturne à souhait et qui nous embarque pendant près de vingt-cinq minutes vers quelquechose dur à imaginer tant les influences diverses s’y mélangent. Après un début où les instruments à cordes prennent le temps de s’installer en se mélangeant avec douceur et volupté, les parties vocales et du frappeur arrivent bien plus tard afin d’accentuer cette sensation de plénitude, tout en alternant entre des parties plus douces et d’autres expérimentales et en lévitation, car on passe sans peine de parties vocales susurrées à des guitares plus saturées, le tout construit en plusieurs actes tel une pièce de théâtre, pour obtenir une composition incroyablement prenante malgré sa durée (même si la fin aurait pu être raccourcie sans problème).
Après cette heure d’expérience sensorielle qui a mis tous les sens de l’auditeur au travail, on ne peut que saluer ce projet ambitieux qui surpasse en tous points son prédécesseur, qui pourtant était déjà énorme. La qualité d’écriture est d’une grande légèreté malgré le genre pratiqué, et le tout est mis en exergue par une production parfaitement adaptée qui offre un écrin doré à l’ensemble, lui permettant d’être sublimé et d’emmener la conscience vers des chemins jamais explorés. Coup de chapeau donc à Aleister qui confirme son immense talent et ses acolytes, qui nous offrent un disque à part, complètement inclassable et où l’on ne s’ennuie jamais. Nul doute que celui-ci figurera sans peine dans les meilleures sorties de l’année, logique et totalement mérité !
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