Zaum - Divination
Chronique
Zaum Divination
Habitué à être relativement productif depuis ses débuts le combo du New-Brunswick s’est fait ce coup-ci plutôt désirer, il faut dire qu’outre sa signature chez les nordistes de Listenable le duo est devenu trio depuis l’an dernier avec l’intégration de Nawal Doucette aux claviers, et dont le métier de professeur de yoga dans le civil va se faire entendre au sein de la musique du groupe. Car si la formule des deux acolytes originels reste présente et facilement reconnaissable, l’apport de la demoiselle de par son activité principale va emmener celui-ci vers des contrées encore plus planantes et apaisantes, où les volutes d’encens se mélangent aux éléments les plus perchés et colorés. En effet ce troisième album est probablement le plus varié de leur carrière et il fait peu de doute que la nouvelle venue y est pour quelquechose, vu que chacun des trois morceaux ici présents vont montrer une facette totalement différente, même si l’on retrouve les éléments typiques de la bande.
D’entrée « Relic » nous emmène dans un long voyage durant vingt minutes vers des contrées humides et primitives, où en guise d’introduction on entend les piaillements des oiseaux locaux conjugués aux notes de flûte de paon, et à des chants mystérieux en arrière-plan. Du coup on se retrouve embarqué vers l’inconnu et on se met sans peine dans la peau de Klaus Kinski et de ses compagnons dans « Aguirre, la colère de Dieu » (Werner Herzog – 1972), tant on se demande ce qui va se passer par la suite, car après l’arrivée de la batterie en mode escargot le chant religieux va retentir pendant un bon moment. Faisant ressusciter l’esprit et le culte de civilisations disparues et mystérieuses qui vécurent entre l’Amazonie et la Papouasie la formation rajoute quelques moments plus entraînants via un mid-tempo légèrement actif, qui peut faire penser à une traversée de remous sur un radeau avant le retour au calme suite au Doom qui se réinstalle en guise de conclusion. Magnifiquement exécuté et très propre au niveau des arrangements ce titre d’ouverture est une vraie invitation au voyage, moins mystique que d’habitude mais propice quand même au repos de l’âme et à l’imagination, chose qui va se poursuivre avec « Pantheon », où la religion revient au premier plan. Plus "court" et ramassé il démarre aussi de façon plus classique entre notes en reverb’, rythme lancinant et passages spirituels planants. Cependant si le psychédélique est toujours là on y perçoit aussi des relents bouddhistes, tant on se croit téléporté dans un temple au Tibet ou en Thaïlande en pleine cérémonie et méditation aux côtés des bonzes. Ce mélange sied à ravir car tout cela s’intègre avec une grande facilité et fluidité, sans les écueils du kitch ou du grand-guignolesque, et emmène toujours l’auditeur vers des contrées éloignées de tout, là où l’homme est absent (ou presque) et où la nature et le divin sont rois. Mais bel et bien décidé à surprendre leur auditoire les canadiens vont en terminer avec le bien-nommé « Procession » qui durant presque un quart d’heure va montrer une facette obscure et ténébreuse que l’on n’avait jamais soupçonné chez eux, où entre messe noire et incantations presque occultes le voyage proposé jusqu’à présent va brusquement s’assombrir. Oscillant entre le recueillement auprès du défunt et longues plages douces relativement éthérées propices aux souvenirs, et portées par une basse lourde et ronflante qui accentue la sensation de gravité de la situation vécue actuellement (le tout étant porté par ces voix possédées), avant la clôture ponctuée par les obsèques. Bien que différent de ce que proposent les nord-américains d’habitude le résultat s’intègre parfaitement dans leur délire cosmique, et ouvre peut-être de nouvelles possibilités pour eux dans le futur, vu la qualité du rendu et son homogénéité à toute épreuve.
Cependant même si la galette est plus accessible que d’habitude il est certain qu’il faudra néanmoins beaucoup de temps et de patience pour apprécier ce tentaculaire mélange d’expériences, qui se vit à travers les écoutes nombreuses, bien plus que par les mots. Cela montre ainsi que ses créateurs continuent de se bonifier avec l’âge sans jamais tomber dans le trop-plein, tout en osant sortir légèrement des clous mais sans dévier de leur route, ce qui confirme une sérénité et une maturité sans égal de la part d’une entité totalement à part et unique sur le marché. Si sa galaxie musicale semble encore loin d’avoir été complètement explorée, elle continuera en revanche de ne laisser personne indifférent mais toujours avec respect pour ce qu’elle a créée, signe de son statut acquis aujourd’hui et de sa renommée, qui même si elle reste confidentielle lui est bénéfique et ne peut que lui ouvrir de nouveaux horizons, qu’ils soient musicaux ou non.
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