Si je voulais bien dorer ma réputation, soit je me retiendrais de faire des chroniques de
NARGAROTH, soit je mentirais sur les sensations que me procurent ses albums. Parce que la formation de Kanwulf a des ennemis. Parce qu’il est de bon ton de se moquer de l’Allemand. Parce qu’on passe vite pour un rigolo quand on l’apprécie.
Mais je m’en fous, j’assume. J’aime. Et en plus j’ai aimé tout, ou presque. Déjà
Herbstleyd, l’album frigorifique. Certains morceaux y sont totalement crus, incisifs et prenant à la gorge, et d’autres témoignent déjà du caractère ambigu de leur géniteur, amateur à ses heures de rythmes lents, de mélodies désespérées. Et Kanwulf a toujours été tiraillé entre ses différentes facettes. Il a par la suite tout essayé. Il les a conciliées sur
Black Metal ist Krieg, album où l’on retrouve aussi bien des morceaux qui défoncent (« The Day Burzum Killed Mayhem »), que d’autres qui font office de berceuses pour le mini-monstre qui se cache en nous (« Amarok – Zorn des Lammes III »). Il a essayé de diluer sa violence pour garder un esprit plus
BURZUMien sur
Geliebte des Regen, et au contraire il a voulu montrer qu’il pouvait retrouver un esprit combattif, raw et primaire en enregistrant
Semper Fidelis avec du matériel lo-fi. Il y était agressif comme on l’avait rarement vu.
C’était il y a déjà 10 ans, et depuis, il a remis de l’eau dans son vin, d’abord avec
Jahrenszeiten, cette ode aux 4 saisons qui en ont encore perturbé beaucoup qui ont surtout eu du mal à se remettre des premières minutes de « Fruhling ». Une entrée en matière volontairement archi-claire, un synthé de kermesse qui semble ouvrir le bal de la bière. Mais qui s’efface peu à peu et laisse place à un
NARGAROTH convaincant. Et il ne fallait pas oublier que c’était un concept. La première saison traitée était le printemps et il fallait qu’il y ait ces ambiances envolées pour le représenter. Et au fil des titres les saisons passaient et les ambiances se faisaient plus sombres. Non, c’est un très bon album, qui souffrait peut-être d’une batterie trop synthétique...
Et ensuite ? Peu de nouveautés si ce n’est un album collaboratif avec
NYCHTS en 2011, trèèèèès dispensable. Et il a fait ses tournées dans le monde entier. On retiendra surtout la fin de la collaboration historique avec No Colours Records, en 2013. Pourquoi ? Parce que Kanwulf, qu’il faut finalement appeler Ash depuis déjà quelques années, avait envie de reprendre en main sa discographie. Du coup on a pu retrouver en 2016 la quasi totalité de ses sorties sur Inter Arma Productions, le nom du label en question.
2017. Nouvel album. Et tu as vu la note ? 9/10. Bah oui, et le pire c’est qu’il le mérite.
Era of Threnody est une bombe. Pas si tu aimes le black metal sans concession, pur et dur, mais il est incontournable si tu as compris qu’on a le droit d’intégrer de tout dans ce style. Mais même sans ces « artifices », ce qui rend cet album si magistral c’est d’abord le talent de Ash pour trouver et ajouter des mélodies claires à son black metal agressif et surtout pour plaquer des lignes vocales monstrueuses. Il a le talent pour caler ses vocaux raclés idéalement. Leur rythme, leur phrasé, leur ton. Il ne prend pas la paroles constamment mais sait où mettre sa voix pour être efficace ! Il y a des moments où c’est divin, et pour s’en convaincre il faut écouter « Conjunction Underneath the Alpha Weel ». Rien que pour cette piste, achète l’album ! En triple même. Pas evil ? Là je suis d’accord, mais le
NARGAROTH 2017 s’en fout. Il créé plutôt des paysages immenses. Il ouvre des portes gigantesques. Ce titre m’enchante, et me fait pousser des petits cris de joie, Hihihi, hihihi. Et les 4 dernières minutes sont pfffffff ! Non, il n’y a pas de mot plus proche du résultat que pffffff ! « Folles » peut-être... On croit que c’est fini, les riffs divins repartent de plus belle, et finalement la jouissance va encore plus haut avec en dernière surprise les chœurs mis en avant. J’ai vu ce qu’il y avait au-dessus des nuages !
C’est sans doute la meilleure piste. Quoique... Il y a de la bravoure dans beaucoup d’autres, qui lui tiennent la dragée haute. Il y a par exemple des ambiances... flamenco ! Tu y crois toi ? Flamenco, c’est complètement débile et risible, mais non. C’est même au contraire totalement crédible et ça s’intègre le plus naturellement du monde à l’univers de cet opus ! C’est le morceau « Era of Threnody », au début. Cette piste est d’ailleurs un gros OVNI, avec un break à la cinquième minute sur lequel la pluie s’invite, accompagnée de coups de tonnerre et enchainée par deux minutes faussement épiques, avec des vocaux clairs qui caressent les oreilles...
Des breaks rêveurs, il y en a aussi sur « ...as Orphans Drifting in a Desert Night ». Très sous-marin comme ambiance. Il me met une tenue de plongée, m’emmène au fond des océans, et là, tout à coup, dans l’obscurité ambiante, des lumières mystérieuses s’allument et me font découvrir une citadelle oubliée, belle à couper le souffle. C’est tellement bon comme break que je ne peux qu’en faire des commentaires aussi débiles que la phrase précédente.
Un autre exemple encore, « My Eternal Grief, Anguish Neverending », un rythme lent. Presque un slow rahahahaa. Tu fermes les yeux, tu te revoies à 15 ans, le visage emboutonné à tenir les hanches de Célina. Et d’un coup PAF, les vocaux deviennent clairs sur la 5ème minute et le morceau prend des accents de
PARADISE LOST. La voix répète inlassablement « My Eternal Grief, Anguish Neverending ». C’est angoissant à quel point ça peut rester en tête ! Woaw !
Je te garde quelques surprises, mais sache juste que Ash ne voulait pas que tu penses qu’il s’est complètement castré. Il a certes réussi à mêler toutes ses influences, en incluant aussi du heavy metal, mais il sait encore montrer les dents. Deux pistes en attestent, très thrash-punk et du coup plus courtes, aux alentours des 3 minutes : un « Love is a Dog from Hell » très simple, très con, mais sur lequel on se retrouve à hurler aussi le refrain, et un « TXFO » à la mélodie là aussi entrainante.
J’adhère. Et c’est une joie. Comme j’ai été heureux en 2016 de retrouver
ANCIENT au meilleur de sa forme après 12 ans d’absence, je savoure cet album de
NARGAROTH qui ne ressemble pas à ce qu’il à fait jusqu’à maintenant tout en en reprenant les grandes lignes.
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