Antichrist - Sinful Birth
Chronique
Antichrist Sinful Birth
Depuis ses débuts en 2005 le quintet de Växjö (ville qui a vu naître les tennismen Mats Wilander et Jonas Björkman, ainsi que le footballeur Thomas Ravelli) n’a jamais été du genre pressé, car il lui a fallu six ans pour sortir son premier opus (le bien reçu « Forbidden World »), et tout autant pour que son successeur voit le jour (une attente seulement comblée par le single « Burned Beyond Recognition » sorti en 2013, et que l’on retrouve sur ce second album). Bien que la bande se soit faite particulièrement discrète ces dernières années elle n’est pas restée inactive pour autant, car entre les nombreux concerts donnés un peu partout et les projets annexes de chacun des membres il y’a eu de quoi s’occuper, sans compter un changement de label pour être signé désormais chez I Hate Records. En revanche aucune surprise n’est à attendre au niveau des influences et du style qui officient toujours dans le Thrash old-school des 80’s, où l’on trouve l’ombre des précurseurs venus d’Allemagne et des Etats-Unis, le tout avec une accroche toujours aussi immédiate et addictive.
Durant trois-quarts d’heure le combo va continuer à nous faire voyager dans le temps, certes sans DeLorean, mais avec une fougue et une énergie communicative, qui démarre avec l’introduction « Instrument Of Sadism » au son bien rétro via des synthétiseurs qui rappellent le boulot fourni par John Carpenter sur les thèmes de « New-York 1997 » et « Fog ». Après un roulement de toms en guise de conclusion la batterie continue seule durant le démarrage de « Savage Mutilations », avant ensuite de continuer pied au plancher pendant un bon moment une fois que les autres instruments se sont mis en marche. Après un léger ralentissement et de se faire un peu plus lourd et remuant l’ensemble retrouve son tempo élevé, avant d’en terminer comme il avait commencé pour obtenir un résultat d’un classicisme absolu mais d’une redoutable efficacité, où la vitesse est reine. Celle-ci se retrouve dès le titre suivant, « The Entity » où après des coups de grosse caisse et une longue introduction qui monte en température (inspirée visiblement par « Black Magic » de SLAYER) l’ensemble finit par se lâcher complètement pour continuer à toute allure jusqu’au bout, via une série de riffs simples, une voix légèrement enrouée mais puissante et un jeu rudimentaire du frappeur, mais toujours en réussissant à captiver l’auditeur sans perte d’attractivité. Si le morceau-titre reprend grosso-modo le même schéma, avec là-encore une qualité constante tout du long, le groupe montre aussi qu’il est tout aussi à l’aise quand il baisse de régime mais sans perdre de sa puissance, c’est le cas avec « Under The Crosse » qui conserve un régime en mid-tempo pépère sans jamais faire d’excès ou de tomber dans la redondance. En lui donnant un léger côté remuant qui donne envie de headbanguer, les Suédois ont la bonne idée d’aérer un peu leur musique pour lui permettre de conserver son homogénéité, comme avec le single sorti il y’a quatre ans qui mélange intelligemment les parties énergiques et plus posées avec des solos excellents (la paire de guitaristes effectue tout au long du disque des leads inspirés) et des moments entraînants qui donnent envie de remuer la tête, et permettent d’obtenir une compo imparable qui va faire le bonheur de leurs futurs concerts.
Car c’est qui se frappe instantanément, cette spontanéité et cette écriture taillées pour la scène où les compositions vont prendre encore plus d’ampleur, comme également « Fall Of The Temple Of Solomon » qui clôt les débats de manière encore plus débridée et radicale, et où un petit côté Punk se fait ressentir (notamment par le jeu à l’arrache et brut des gratteux) sur cette tuerie qui ne débande pas une seconde. Mais contre tout attente les mecs réussissent à surprendre avec l’instrumental « Chernobyl 1986 », un choix étonnant, osé, casse-gueule mais finalement réussi et déroutant, car pendant dix minutes ils réussissent à retranscrire les terribles évènements qui s’y sont déroulés. A la fois angoissant, et offrant de nombreux changements de rythmes, il réussit l’exploit malgré sa durée de ne pas être ennuyeux et l’on s’aperçoit que si on collait les images de la catastrophe sur la musique les deux iraient bien ensemble, d’ailleurs pour encore plus de réalisme on entend à la fin des voix et des crépitements radioactifs qui font réagir des compteurs Geiger et autres machines de ce genre.
Une fois l’écoute terminée on en ressort ravi et avec une pêche d’enfer, car outre la qualité d’écriture la production est elle aussi en totale adéquation. Celle-ci sonne très sèche et légèrement amateur, lui donnant un côté live très sympathique où la basse est bien audible ce qui lui permet de bien soutenir l’ossature rythmique présente à ces côtés. Avec ses titres simples et ses structures dépouillées cet album est une totale réussite tant les gars ont réussi leur coup et ont démontré que l’interminable attente et les espoirs placés en eux en valaient la peine. Ils ne révolutionneront pas le genre, ça n’est d’ailleurs pas leur but, mais dans la longue liste de jeunes loups qui souhaitent perpétuer l’héritage des pionniers nul doute qu’ils vont figurer désormais dans le haut du panier, et bénéficier de plus de visibilité tant cela est mérité.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | AxGxB 30/06/2017 14:52 | note: 8/10 | Rien de neuf mais tout en efficacité. Un disque particulièrement redoutable dans son genre avec le dernier Condor également. |
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1 COMMENTAIRE(S)
30/06/2017 14:52