Kartikeya - Samudra
Chronique
Kartikeya Samudra
Depuis ses débuts le combo protéiforme venu de Russie n’a cessé d’évoluer musicalement et conceptuellement, car aujourd’hui du Death/Black folklorique des débuts il ne reste plus grand-chose même si la culture et l’influence hindouiste sont toujours présents (son nom vient d’ailleurs d’une divinité de la guerre). Evoluant désormais dans un Ethnic Metal hallucinatoire (qui n’a rien heureusement rien à voir avec les piteux ILL NINO et SOULFLY) le sextet mené depuis ses débuts par le multi-instrumentiste Roman "Arsafes" Iskorostenskiy aura mis six ans pour donner une suite à l’excellent « Mahayuga », qui voyait sa formation prendre un nouveau virage. Entre-temps celui-ci n’a pas chômé sortant deux albums avec ARSAFES et un autre avec ABOVE THE HEART, qui font partie de ses innombrables projets parallèles, mais en n’oubliant pas de faire patienter les fans de son groupe principal qui depuis 2012 a sorti un single par an. On retrouve d’ailleurs ces derniers sur ce nouvel opus qui permettaient ainsi de montrer une ligne directrice où persiste le côté barré de leurs débuts (via le très Meshuggesque « Durja Puja ») mais aussi plus accessible et mélodieux (« The Horrors Of Home » - qui n’en oublie pas la brutalité pour autant, et le joyeux et festif « The Golden Blades »), tout en mélangeant habilement les deux extrêmes (comme sur « Tunnels Of Naraka » qui mixe blasts déchaînés et solo tout en douceur).
Du coup il n’y a rien d’étonnant à ce que les nouvelles compositions soient plus accessibles qu’auparavant, ce qui ne manquera pas d’ailleurs de diviser les puristes, mais heureusement le style du combo reste facilement identifiable. D’ailleurs « Dharma pt. 1 – Into The Sacred Waves » qui ouvre les débats, contient toute la palette d’influences habituelles de celui-ci où se mélangent pêle-mêle rythmiques à la MESHUGGAH, influences hindouistes et orientales à la ORPHANED LAND, parties remuantes pour donner plus de puissance, et ambiances planantes et apaisantes. Sans trop en faire les moscovites réussissent leur démarrage, en évitant un trop-plein bourratif et dur à digérer, comme le confirme ensuite « Tandava » qui malgré sa durée de plus de huit minutes réussit à nous faire voyager au sein du sous-continent indien tout en faisant le grand écart de vitesse et d’agressivité, où l’on passe sans soucis des blasts énervés à des percussions qui aèrent l’espace disponible et augmentent ainsi la sensation de voyage. Ce sentiment hypnotique est encore présent sur l’excellent et direct « Mask Of The Blind » qui démarre et finit fort tout en vitesse, mais au milieu de ces déferlantes on trouve du violon bien senti sur une rythmique toujours mathématique digne de la paire Thordendal/Hagström, et aussi du calme (avant la tempête) où une voix douce et des notes aériennes retentissent pour mieux relancer la machine ensuite. Le sextet pousse plus loin l’expérience avec le très court et direct « Kannada – Munjaaneddu Kumbaaranna » où Sai Shankar vient chanter dans sa langue traditionnelle, le tout mélangé à des gros riffs et à un solo mélodieux signé Karl Sanders de NILE (une des grosses influences des russes), où le résultat est simple et agréable, à l’instar de « We Shall Never Die ». Au contraire de ce morceau cité précédemment ici on est en présence de quelquechose à la brutalité exacerbée et sans concessions, vu qu’ici ça tabasse sec quasiment en continu et que ça n’a rien à envier à la bande à George Kollias, tant ici la violence est de mise. Totalement différent de ce que le combo nous a proposé jusqu’à présent il montre qu’il est toujours capable de rivaliser dans les passages les plus extrêmes et qu’il conserve quelques restes du son de ses origines.
Si jusqu’à présent il n’y avait pas grand-chose à reprocher à cette galette, la fin va en revanche être moins convaincante la faute à des titres trop longs qui finissent par se répéter inéluctablement, tout d’abord avec « The Crimson Age » qui ne fait que reprendre les mêmes choses entendues auparavant, et de manière moins mémorable. Enfin « Dharma pt. 2 - Into The Tranquil Skies » et son quasi quart d’heure traîne beaucoup trop en longueur pour captiver totalement sur la durée, tout en ne proposant rien de neuf car il se contente de recycler ce qui a déjà été entendu jusqu’à présent, mais de façon moins homogène. Du coup il est dommage que cela finisse de manière plus anecdotique et ennuyeuse car la densité est présente pendant les trois-quarts de l’album, tout comme sa qualité générale qui ne faiblit pratiquement jamais. En réussissant à montrer comment on peut faire quelquechose de cohérent et de moins barré (tout en étant plus facile d’accès), et surtout sans jamais tomber dans le mielleux la bande confirme tout son talent et le don incroyable de composition de son leader, qui est mis en exergue par une production puissante mais pas ronflante, qui laisse la part belle à la basse qui remplit l’espace quand c’est nécessaire. Alors certes ça n’égalera pas leur énorme précédente livraison mais il serait dommage de se priver de cette nouveauté qui contient suffisamment d’éléments intéressants pour captiver l’auditeur un bon bout de temps, tant la musicalité de celle-ci se déguste et se découvre sur la durée, et autant dire qu’il y’a de quoi s’occuper un moment.
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