Disembowel - Plagues And Ancient Rites
Chronique
Disembowel Plagues And Ancient Rites
Vous connaissez mon amour pour le Chili. Alors quand on me propose de chroniquer un groupe de death metal venant de cette contrée lointaine, je refuse rarement. C'est donc tout excité à l'idée de découvrir un nouveau combo chilien que j'entreprends l'écoute de ce premier full-length Plagues And Ancient Rites édité début mars en vinyle chez Iron Bonehead (CD disponible depuis fin novembre 2017 via Mushantufe Productions). Et après plusieurs semaines à me le mettre dans les oreilles, j'en arrive à la conclusion qu'il n'y a finalement pas que des génies au Chili.
Attention, cet opus n'est pas du tout mauvais. Disembowel nous propose un death metal old-school sombre, caverneux et evil avec des riffs en tremolo aux mélodies dark discernables et plutôt sympathiques pour un rendu assez efficace qui passe tout seul, d'autant que les morceaux s'avèrent courts et directs tout en instaurant un minimum d'ambiance ténébreuse indispensable. Les influences thrashies ne sont pas dégueux non plus, tout comme les solos chaotico-mélodiques qui parsèment les huit compos plus une introduction samplée occulte, incantatoire et menaçante ("Innsmouth Evocation"). Sans oublier les thématiques lovecraftiennes annoncées par la pochette qui illustre bien la musique de Disembowel.
Tellement bien que l'on peut déjà y trouver les défauts de l'album, ce qui fait que l'on n'ira pas plus haut dans la note. L'artwork fait un peu trop cartoon malgré le bon esprit demo tape du début des années 1990. Pareil pour le logo bleu en dépit d'une tentative d'occultisme. Franchement, qui a peur en regardant ça? Est-ce que ça vous donne envie d'invoquer les Grands Ancients ou de vous dévouer corps et âme à Satan? Pas vraiment hein!? Ce sera mon gros reproche envers Disembowel. Son death metal s'avère bien trop inoffensif, malgré quelques blastouilles ici ou là de toute façon jamais très fulgurantes à part quelques vrais blasts véhéments trop rares. Ça manque clairement de brutalité. La production assez faiblarde n'aide pas non plus à pimenter les choses. Même grief envers l'ambiance sombre. Même s'il y a peu de lumière, on reste loin du noir absolu. Ça sonne trop léger, trop petit bras, surtout mis à côté des grosses claques chiliennes récentes comme Praise The Flame, Exanimatvm, Magnanimvs, Son In Curse, Totten Korps, Cenotafio ou Diabolical Messiah. Et même si l'on compare à des groupes de compatriotes plus old-school comme Atomic Aggressor, Sadistic, Oraculum ou Invincible Force, Disembowel fait pâle figure. Ce n'est pas mal foutu mais les riffs ne sont pas assez marquants, les morceaux ne décollent jamais vraiment et malgré une diversité rythmique satisfaisante, le tout se montre vite répétitif. Du coup, difficile d'être transcendé par ce death metal un peu trop plan-plan qui manque de mordant et de malfaisance. Disembowel ne creuse pas assez profond!
Pour une fois, un groupe chilien de death metal ne m'a pas convaincu plus que ça. Plagues And Ancient Rites s'écoute sans déplaisir. Ça reste plutôt efficace et des morceaux comme "Lord Of Shadows" ou "En El Abismo" passent même très bien. Mais on ne retrouve pas cette étincelle qui fait que l'on voudra y retourner au plus vite. On le fera tourner quatre-cinq fois tout au plus puis on finira par le ranger parmi toutes ces sorties bien mais pas top. L'opus est marqué par trop de déficits: brutalité, noirceur, agressivité, mémorabilité... Le manque d'originalité et de personnalité ainsi que le trop grand classicisme, qui ne me gênent pas quand l'œuvre offre suffisamment d'autres gourmandises auditives, se font dès lors sentir davantage. Avec tous ses bons groupes qui ont sorti des tueries ces dernières années, le Chili a placé la barre à une hauteur que tout le monde ne peut pas atteindre. J'attends désormais beaucoup d'un combo originaire de ce pays d'Amérique du Sud. Et clairement, Disembowel se montre ici trop limité pour qu'on les retienne. À réserver à ceux qui, comme moi, éprouvent une fascination morbide pour tout ce qui sort de là-bas et ne manquent jamais une occasion de poser les oreilles sur une nouvelle sortie. Pour les autres, on les dirigera plutôt vers les formations citées plus haut. Celles qui hantent le haut du chaudron infernal, là où Disembowel a encore pas mal de travail s'il veut y trouver une place.
| Keyser 9 Avril 2018 - 553 lectures |
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