Il y a des morts dont on parle plus que d’autres. Celle de Marco de Rosa à 43 ans, fin 2017, n’a pas vraiment fait l’actualité. Le bonhomme était pourtant dans le black metal depuis 1993. Tout d’abord avec son projet
HUGINN, dans lequel il officiait seul mais n’a sorti que des démos. Puis plus activement avec
SKOLL dès 1996 pour 20 ans de collaboration. Et au début des années 2000 il intègre d’autres groupes dont
A FOREST,
OPERA IX,
THE TRUE ENDLESS et
DARKNESS. Guitare, basse, chant, il posait son talent et l’adaptait aux ambiances de ces différents projets. Il avait rejoint
PROFEZIA vers 2012, d’abord en tant que chanteur session, et en tant que membre permanent peu après
Oracolo suicida (2013). C’était le dernier album en date, il y a déjà 5 ans.
Sa disparition est une énorme perte, mais
PROFEZIA poursuivra sans aucun doute, car la véritable tête pensante de la formation est Kvasir, qu’il faut aussi vénérer pour son talent au sein d’
ABHOR et de
MOURNING MIST. Il s’occupe de tout ce qui concerne la musique, ou presque, laissant la batterie à un autre grand nom du black metal, mais danois : Ynleborgaz ! Oui, le génie d’
ANGANTYR et de
MAKE A CHANGE...KILL YOURSELF fait partie de
PROFEZIA depuis peu. Il avait posé sa voix et son piano sur le deuxième album du groupe, en 2012. Il a mis le temps, mais il est maintenant membre à part entière.
Kvasir, Marco de Rosa, Ynleborgaz. Auxquels il faut ajouter Domine Saevum Graven, lui aussi d’
ABHOR, mais uniquement chargé des paroles. Et auxquels il va aussi falloir ajouter quelques invités, plus ou moins de prestige. « Plus » pour la légende Ravenlord, de
WOODS OF INFINITY, qui aime décidément participer aux projets des autres puisqu’on le retrouve ne serait-ce qu’en 2017 et 2018 chez
LICHO,
OFDRYKKJA,
FÖRGJORD et
ARYAN KAMPF 88 (hum hum...). Et « moins » pour Nequam (ancien
MORTUARY DRAPE, actuel
THE MAGIK WAY) et Leonardo Lonnerbach (lui aussi
ABHOR).
Et à quoi joue tout ce beau monde ? Eh bien
PROFEZIA a toujours gardé ses mêmes envies et objectifs et c’est à nouveau du black metal très occulte qui nous attend, avec des incantations agressives, des ambiances sombres et rugueuses, et surtout l’élément le plus personnel à chaque sortie : un violon qui fait des apparitions ponctuelles. Et à chacune des ces apparitions il marque fortement les atmosphères. Il a le bon goût de ne pas apporter à chaque fois la même saveur, et s’il peut se faire mélancolique, il arrive aussi à prendre une odeur de mystère, de malaise. Ce qui convient parfaitement au côté ritualiste du groupe.
Les titres sont ainsi bien variés, et bien équilibrés. « Zecharia », « Malachi » et « Amos » sont les plus accessibles, avec une guitare aux mélodies envolées, le fameux violon qui ajoute de la poésie, le zeste d’agressivité propre au black, et des durées « normales », entre 5 et 9 minutes (tout de même). Une piste, « Jonah », est très ritualiste, avec une déclamation de 3 minutes sur une guitare grésillante. Et puis il y a deux pistes qui expérimentent plus, et qui là vont dépasser les 10 minutes. 12 pour « Nahum » et 18 pour « Zephaniah ». Le premier travaille longuement sur une même mélodie, qui s’installe progressivement. Le titre contient également un piano, une guitare acoustique sur sa fin accompagnée de chœurs d’église, et le chanteur parvient à sortir une voix qui susurre tou en étant rugueuse ! Il est bon ! Le second est la fameuse piste sur laquelle intervient Ravenlord. Elle est un peu plus ambitieuse, et développe plus lentement les compétences du groupe. Mais surtout quelle entrée en matière du chanteur de
WOODS OF INFINITY, après 2 minutes piège de calme, violon et chœurs obligent, on reconnaît immédiatement le timbre de l’homme torturé. Et sa voix est doublée avec celle du défunt Marco de Rosa.
PROFEZIA est un groupe atypique, avec des ambiances qu’il faut absolument tester au préalable. Tout en utilisant des éléments somme toute fréquent dans le black metal, il en sort quelque chose de personnel, qui tache et qui touche à la fois. J’incite à essayer le titre en écoute à droite, qui est en plus le seul dont je n’ai pas parlé : « Obadiah ». il a l’avantage de fournir un bon exemple de ce que fait le groupe, mais en 3 minutes. Une sorte de mini invitation à l’album...
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